Echos - 2019-08-06

(Brent) #1

22 // Mardi 6 août 2019 Les Echos


// Budget de l’Etat 2019 : 39 0,8 milliards d’euros // PIB 2018 : 2.350 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale : 3.377 euros/mois à partir du 01-01-2019 // SMIC horaire : 10 ,03 euros à partir du 01-01-2019
// Capitalisation boursière de Paris : 1.653,35 milliards d’euros (au 16-05-2019)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 104 ,22 en avril 2019 // Taux de chômage (BIT) : 8,5 % au 4e trimestre 2018
// Dette publique : 2.322,3 milliards d’euros au 3e trimestre 2018

=
Les chiffres de l'économie

crible


Buffett dégarni


Berskhire Hathaway, de plus en plus vendeur
net d’actions, rechigne à racheter les siennes.

Warren Buffett aime rappeler que c’est lorsque la mer se retire que
l’on voit qui se baignait nu. Mais le patron de Berkshire Hathaway
a tendance à oublier que la maxime vaut aussi pour ceux qui font trempette
tout habillés. Les poches pleines de cash (122 milliards de dollars)
qui ne trouvent guère où se déverser, le vaillant septuagénaire fait en effet
partie de ce dernier groupe. Depuis le mois d’avril, le sage d’Omaha
a accru sa position de vendeur net d’actions à plus d’un milliard de dollars,
son plus fort désengagement du marché boursier depuis la fin de 2017,
alors que l’indice Standard & Poor’s 500 continuait de monter
(+3,8 % au second trimestre). Son holding n’a pas pour autant trouvé
d’autres éléphanteaux à afficher à son tableau de chasse
que l’investissement de 10 milliards de dollars à venir dans Occidental
Petroleum, probablement insuffisant pour assécher les flux de trésorerie
de l’exercice. Il n’a pas non plus pour autant accéléré les rachats
de ses propres actions, comme l’attendaient les investisseurs :
à seulement 3,4 milliards de dollars en un an, ce programme,
qui est une première pour Warren Buffett, arrive à peine à la cheville
de celui de JPMorgan Chase (environ 20 milliards dans l’intervalle).
Le milliardaire a donné plus de son patrimoine à des fondations caritatives
(3,6 milliards en actions Berkshire)! L’actionnaire, qui voit son placement
en retard sur le S & P 500 sur un an, cinq et dix ans, n’a plus qu’à attendre
la prochaine crise...

Shocked Banking


On ne change pas de monture au milieu du gué. Sauf apparemment
lorsqu’on s’appelle HSBC. L’habitude de la vénérable institution du delta
de la rivière des Perles à se tenir entre plusieurs continents lui confère
peut-être une bonne résistance aux secousses au moment où vacille l’assise
géopolitique de ses deux bastions historiques, Hong Kong et le Royaume-
Uni. Mais son conseil d’administration n’en choisit pas moins un bien
étrange moment pour se donner jusqu’à un an pour trouver un nouveau
directeur général. Il a déjà mis dix-neuf mois à se rendre compte que
la succession en douceur du nettoyeur des écuries d’A ugias, Stuart Gulliver,
avait abouti à une erreur de casting en se portant sur son discret
numéro deux, John Flint. Les annonces concomitantes de 4.000 suppres-
sions de poste et de l’abandon de l’objectif de rentabilité des capitaux
aux Etats-Unis (6 % en 2020) pointent implicitement vers un manque
de réactivité à couper les coûts. Mais le sujet n’est pas nouveau : sa taille
a toujours semblé handicaper la première banque européenne, quand
elle avantage clairement le leader américain, JPMorgan Chase, qui génère
plus du double de bénéfice net avec un bilan équivalent. Premier président
du conseil à ne pas venir du sérail de la Hongkong and Shanghai Banking
Corporation, Mark Tucker, l’ancien patron de l’assureur asiatique AIA,
prend aussi le risque de rouvrir la boîte de Pandore des luttes internes
qui n’avaient pas ajouté à la sérénité ambiante. Ses actionnaires n’ont
probablement guère envie de passer du « shocking banking »
au « shocked banking ».

Les administrateurs de HSBC choisissent un bien étrange moment pour changer de patron.


CHAQUE MOIS,


CONNAISSANCE


DESARTS


FAIT DE VOUS


UN EXPERT


EN KIOSQUE DÈSAUJOURD’HUI

La chute du CAC 40 s’amplifie



  • La Bourse de Paris a poursuivi sa
    chute lundi, et clôturé en déclin de
    2,19 %, à 5.241,55 points. Le volume
    d’échanges élevé (4,7 milliards
    d’euros) témoigne de l’agitation des
    marchés. L’indice a ainsi perdu en
    deux jours tous les gains réalisés ces
    deux derniers mois.
    En cause, les rebondissements
    dans la guerre commerciale sino-
    américaine. En représailles aux
    nouvelles taxes imposées à la Chine
    par le président Donald Trump
    jeudi dernier, Xi Jinping a annoncé
    lundi cesser l’achat de produits
    agricoles américains. E t il a laissé sa
    devise se déprécier et passer la
    barre de 7 yuans pour un dollar, un
    plus bas depuis 2008.


Dans ce contexte, l’ensemble des
valeurs du CAC ont dévissé, à
l’exception de Renault. Le cons-
tructeur automobile a gagné 1,20 %,
le patron de Fiat Chrysler ayant
annoncé qu’une reprise des discus-
sions de fusion serait possible. Les
valeurs technologiques ont dégrin-
golé : Dassault Systèmes a perdu
4,34 % et STMicroelectronics
4,30 %. De même pour Carrefour,
qui a décliné de 4,02 %. La chute la
plus forte revient au sidérurgiste
ArcelorMittal, qui s’est enfoncé
de 4,43 %.
Les autres valeurs liées aux
matières premières ont également
souffert, CGG perdant 7,58 % et
Vallourec 6,78 %.

B


ob Iger, le PDG de Disney, se rêvait en Patrick Poivre
d’Arvor et termine sa carrière comme Nicolas de
Tavernost, le patron de M6. A peine vingtenaire, il vou-
lait devenir le nouveau Walter Cronkite, le présentateur des
informations du soir des années 1960 et 1970 sur le network
CBS qualifié d’« homme en qui les Américains ont le plus con-
fiance ». Et voici qu’aujourd’hui, âgé de 68 ans, son départ de la
tête de son entreprise a été repoussé pour la cinquième fois par
son conseil d’administration. « Je m’attends à ce que mon con-
trat expire en 2021, vient-il de dire en avril. J’allais vous dire
“c ette fois, je le pense vraiment”, mais je l’ai déjà dit auparavant. »
Si Abigail Disney, la petite-nièce de Walt, a trouvé « insen-
sée » sa rémunération de 66 millions de dollars pour 2018 en
disant que « Jésus-Christ lui-même ne valait pas 500 fois le
salaire médian », Wall Street est plutôt content. Depuis que
Robert A. Iger, qui a démarré dans le côté télé de l’empire (et
même comme monsieur météo à ses tout débuts), a pris les
rênes du studio roi d’Hollywood en 2005, le cours de Disney,
qui présente ce mardi des résultats attendus flamboyants
grâce à « Avengers », a été multiplié par cinq.
Les 15 milliards de dollars dépensés entre 2006 et 2012 pour
acheter Marvel (« Avengers ») et LucasFilm (« Star Wars ») en
plus de Pixar (« Toy Story 4 »), la société de son ami Steve Jobs
dont il a proposé l’acquisition à son conseil dès le deuxième
jour après sa promotion au poste de DG, resteront sans doute
comme les plus visionnaires de l’histoire de Corporate Ame-
rica. Elles ont rempli les caisses de l’oncle Picsou au point de
permettre l’acquisition de l’empire télé et cinéma de Rupert
Murdoch pour 71 milliards. Walt Disney, lui, se plaignait
d’avoir du mal à trouver quelques dizaines de millions pour
financer ses parcs à thèmes en Floride et en Californie!

Bob Iger


EN VUE

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