E

navrildernier,levillagedeLacostea

vécuunepetiterévolution:l’inaugu-

rationdunouveaucafédeSadeet

d’unenouvelleépicerie,quiserontouverts

toutel’année.Unévénementpourcette

communede 400 habitantsquinecomptait

qu’unseulcaféaucœurduvillage,lecafé

deFrance,quin’ouvrequ’unepartiedel’an-

née.

Cetteouverture,levillageladoitenpartie

àBrunoPitot,Lacostoisdenaissancequia

réussiàconvaincrePierreCardindelui

confierlesdeuxétablissements."Jetire

monchapeauàBruno",lanceColetteTru-

phémus,quivitdanslevillagedepuisplus

decinquanteans.Uneprouesse,donc,réali-

séeparBrunoPitot,tantlecœurdelacom-

muneapupâtirdel’arrivéedePierreCar-

dindanslevillageen 2001.

Initialementvenupourrénoverlechâ-

teaudumarquisdeSade,lecélèbrecoutu-

rieraparlasuiteacquisplusd’unetren-

tainedemaisonsdanslevillage,qu’ilalais-

séesvides.LarueBasse,artèreprincipale

deLacoste,estdorénavantcomposéed’ha-

bitationsachetéesparPierreCardin,quilui

serventdevitrinepoursonimmensecollec-

tiond’œuvresd’art,quelestouristes

peuventobserveravecétonnementàtra-

verslesvitresdesmaisons.

Ledéplacementdelaviedevillage

Parmilesderniersrésidentsducentrede

Lacoste,JackyetColetteTruphémus:

"NotremaisonestlapremièrequePierreCar-

dinavouluacheter,maisnousavonsrefusé.

Aujourd’hui,nousnesommesplusqueonze

habitantsdanslarueBasse",déploreJacky

Truphémus.Laconséquencedecettedéser-

tificationducœurdeLacosteestquelavie

devillages’estprogressivementdéplacée.

"Aujourd’hui,ellesesitueendehors,aux

alentours,expliqueunehabitantedelacom-

mune.Laplupartdesfamillessetrouvent

surleplateau,au-dessusdeLacoste."

Aveccephénomène,laviedevillageest

moinsvisible,maisellen’apaspourautant

disparu,commeentémoignelafêtevotive

quis’esttenueàlafindumoisdejuillet.

"OnnepeutpasconsidérerqueLacosteest

unvillagefantôme.Unvillagefantômene

faitpaslafête",souligneBrunoPitot.

Maislanostalgied’uneviedevillagehis-

toriquementdynamiqueàLacostes’estpro-

gressivementemparéedeshabitantsaprès

l’arrivéedePierreCardin."C’étaituneautre

vie,plusfamiliale,avecbeaucoupd’artistes

d’origineétrangèrequisesonttrèsbieninté-

grés",expliqueSylvaGauthier,Lacostoise

denaissance.

L’écoleaméricained’artSCAD,présente

danslevillagedepuislesannées 1970 ,parti-

cipaitégalementdecetteambianceparticu-

lièrementaniméedansLacoste."Sondirec-

teuretfondateurBernardPfriemsouhaitait

quelesétudiantss’intègrentetqu’ilssoient

aumaximumaucontactdesgensduvil-

lage",préciseCyrilMontana,auteurdufilm

CyrilcontreGoliath(voirencadré).

DesdésaccordsentreLacostois

"Maisdepuisquelquesannées,l’écolea

changédestyle,lescoursdefrançaisontété

supprimésetilyamoinsdecontacts",re-

gretteuneLacostoise.Entrelechangement

dementalitédel’écoleaméricaineetles

achatsdePierreCardin,lecentredeLa-

costearapidementperduendynamisme.

"Maisc’estlemêmeproblèmedansd’autres

villagesduLuberon,oùlenombrederési-

dencessecondairesévolueàtoutevitesse",ré-

torqueunjeunehabitantdelacommune.

Avecl’ouvertureducaféetdel’épicerie,

certainshabitantssontoptimistespourla

suite,commeBrunoPitot,quiabonespoir

qued’autresprojetsémergentdanslevil-

lage:"L’objectif,c’estdereconstruireunehis-

toire,etdemontreràPierreCardinqu’il

peutnousfaireconfianceetqu’onpeutréali-

serdebonneschosesensemble."

Maissilesvillageoissontunanimes

quandaubienfaitdecesouvertures,lesdivi-

sionsetlemalaisequisontapparusavec

l’arrivéedePierreCardinperdurent.Carcer-

tainspensentquelecélèbrecouturierpour-

raitfermerlesportesdesdeuxétablisse-

ments:"C’esttrèsaléatoire,ilpeutdécider

defermeràtoutmoment,regretteCyrilMon-

tana.Ilpeutsefâcheretsevenger,çanetient

pasàgrandchose."

Malgréleursdésaccords,lessouvenirs

d’unecommuneanimée,auseindela-

quellesecôtoyaientartistesetpaysans,

sontdorénavantaucœurdesdiscussions

quelesLacostoispeuventpartageraucafé

deSade.Etce,toutaulongdel’année.

DenisMÉNÉTRIER

Sollicitéparnossoins,Jean-PascalHesse,directeurde

lacommunicationdePierreCardin,n’apassouhaité

répondreànosquestions.

Pourdéfendrelevillagedesonenfance,

luiadécidédes’engager.CyrilMontana,écri-

vainvivantaujourd’huiàParis,s’estlancéil

yacinqans,auxcôtésdeThomasBornot,

danslaproductiondufilmCyrilcontreGo-

liath."Àl’origine,ils’agissaitd’unprojetjour-

nalistique,cedevaitêtreundocumentaire,

maistrèsvite,j’aitrouvéintéressantdele

fairesousformedefilm",expliqueThomas

Bornot,réalisateurdeLoveMeTinderetGé-

nérationQuoi?.

Danscelong-métraged’uneheureetde-

mie,leréalisateursuitCyrilMontanadans

saréflexionsurl’arrivéeetlamainmisepro-

gressivedePierreCardinsurLacoste.L’écri-

vainrécoltelesnombreuxtémoignagesdes

habitantsd’unecommunequ’iljugediffé-

rentedesautres:"C’estunesortedevillage

gaulois,ilyaunecertaineidéeduvivre-en-

semblequ’onvoulaitprotéger."

Car,siCyrilMontanaestmontésurParis

danslecadredesavieprofessionnelle,il

resteviscéralementattachéàcevillagedans

lequelilagrandiauxcôtésdesesparentset

desagrand-mère.Sonadolescenceaainsi

étérythméeparlesrencontresavecdesen-

fantsd’artistesarrivésdanslesannées 1960

ouaveclesétudiantsdel’écoleaméricaine

SCADfondéeparBernardPfriemdanslesan-

nées 1970 :"Jeservaismêmedemodèleartis-

tiquepourlesétudiantsaméricains!",sourit

CyrilMontana

tage,CyrilMontanaamultipliélesallers-re-

toursentreParisetLacoste,auxcôtésdeTho-

masBornot,pourêtreauplusprèsdespre-

miersconcernésparl’arrivéedePierreCar-

din,àsavoirlesLacostois.Enrecueillant

leurstémoignages,ilréfléchitàlameilleure

solutionpossiblepourfaireentendreson

pointdevuesurlasituation."PierreCardin

n’ajamaiseudevolontédedévelopperuntis-

suéconomiqueàLacoste.Ilfaitcequ’ilveut

quandilveutdanslevillage,c’estlefaitdu

prince",regretteCyrilMontana.

Exploranttouteslesformesd’engagement

possibles,l’écrivainpassepardifférentes

étapes,d’unemarchedetrentejourspour

rallierLacostedepuisParis,àlaquêted’une

discussionavecPierreCardinousonneveu

RodrigoBasilicati,potentielhéritierducé-

lèbrecouturier."C’estunvéritablefilmsur

l’engagement,expliqueleréalisateurTho-

masBornot.OnpartducasprécisdeLacoste

pours’intéresserauplusglobal."

Lancéfin 2014 ,leprojetdefilmavaitété

financésurlaplateformeKisskissbankbank.

Laversionfinaledulong-métragedevraitsor-

tirdanslesprochainsmois."Onnesaitpas

encoreexactementquand,maislasortieest

programméepourcethiver",préciseCyril

Montana.L’objectifàlasortiedufilmest

clair:"Faireparlerdecettehistoirepourten-

terdechangerleschoses",expliquel’écrivain.

Parmitouslespotentielsspectateursunest

"Cyrilcontre Goliath":

le film engagé d’un enfantdu village

Le chapitre Pierre Cardin

continue de s’écrire

Depuisl’arrivéeducélèbrecouturieren 2001 ,lesLacostoistentent

demainteniruneviedanslacommune,entrenostalgieetrésilience

Dossier

Lacoste

11

Lenombred’habitants

restantsdanslarueBasse,

quePierreCardinainvestie.

"Lacosten’estpasunvillage

fantôme.Unvillagefantômene

faitpaslafête."

2 Mardi^6

http://www.lapro

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