Provence - 2019-08-06

(Dana P.) #1
LESCHEFS-D’ŒUVRE DU GUGGENHEIMÀL’HÔTEL DE CAUMONT
Ça fait partie des hits de l’été, la collection Thannhauser fait son
showàAix. Il faut braver la foule pour pouvoir apercevoir les grands
noms de l’impressionnisme et des avant-gardes du XX
e
siècle qui font
aussi les belles heuresdelaboutique pilotée par Culturespaces. L’ex-
position est comme un best-of, qu’onatendanceàarp enter un peu
trop rapidement pour éviter les bouchons devant des œuvres comme
cet étonnant "Moulin de la Galette" de Picassoqu’on croirait sorti de
l’imagination de Toulouse-Lautrec ou du "Bibémus"deCézanne qui
retrouve sa terre natale et encore des inspirantes montagnes de
Saint-Rémy-de-Provence de Van Gogh.
Hôtel de Caumont,3rue JosephCabassol, Aix. 04 42 20 70 01.
De 10hà19h. 13/14¤.

d e l ’ é t é L


’Op art, révélé en 1955 par l’expositionLe
Mouvement,voulait changer le monde.
Et c’est un peu de cette utopie et de ses
révolutions qu’on retrouveàAix au cœur de la
Fondation Vasarely. Car c’est icique Victor Va-
sarely (1906-1997),figure tutélaire du ciné-
tisme qui voulait dérouter notre regard,aima-
ginéàl’aube des années 70 un temple tout dé-
dié àses recherches plastiques. Salué par le
marché de l’art avant d’en être relégué au pur-
gatoire, l’art cinétique fascine ou déconcerte,
en hypnotisant avec ses œuvres aux vibrations
lumineuses. Il offre aux curieux, une halte pré-
cieuse dans l’offre muséale estivale. L’occa-
sion de faire une balade dans l’histoire de l’art
d’abord en se nourrissantdes expérimenta-
tions du père de l’Op art et puis en suivant par
ses héritiers.
L’exposition du moment,La révolution per-
manenteàvoir jusqu’au 20 octobre, signeàla
fois un partenariat avec le Centre Pompidou et
une plongée passionnante dans l’héritage lais-
sé parles pionniers de l’Op art. Donc pas la
peine d’alleràBilbao voir l’exposition Soto au
musée Guggenheim, de très belles pièces sont
àdécouvriràAix parmi une sélection d’une

quinzaine d’œuvres de la collection du Musée
national d’art moderne. Un parcours qui est
comme la suite logique de la première grande
rétrospective autour de l’artiste d’origine hon-
groise quiapris placeàBeaubourg de février à
mai (Le partage des formes).
Un voyage temporel, de 1921àaujourd’hui
qui partdupremier film abstrait de VikingEg-
geling jusqu’à la vidéo teintée de surréalisme
de Xavier Veilhan, en passant par Schöffer et la
peinture murale de Philippe Decrauzat. Des
œuvres qui habitent l’imaginaire collectif, tant
elles ont de ramifications dans tout le champ
de la création, depuis le cinéma jusqu’au futu-
risme. Mais l’expositionest aussiludique et

ménage l’expérimentation du visiteur, pour ce-
la une attentive équipe de médiateurs aiguille
la curiosité ou ranime l’attention. Et l’immer-
sion dans cette polychromie de petites archi-
tectures est véritablementunbol d’air, très
frais, truffé de surprises visuelles:onpeut se
laisser hypnotiser par les sculptures de Jesus
Rafael Soto, se perdre dans le flou de Wojciech
Fangor, suivre les évolutions du tableau chan-
geant de Giovanni Anceshi. De révolution per-
manente, il est question de boutenbout, à
coups de déstabilisation du regard et de proli-
fération de formessimples.Une visite qui ré-
pond donc plusqu’habilementàcedésirde
changement inscrit au cœur même du projet
de la fondation Vasarely, tout juste rénovée.
San savoir froid aux yeux, c’estaussi l’occa-
sion d’y flâneràl’ombre des grandes "intégra-
tions"monumentales (de6mètres de large
sur8dehaut) de Victor Vasarely. G.G.

Fondation Vasarely,1avenue Marcel Pagnol, Aix.
04 42 20 01 09. Ouvert de 10hà18h tous les jours, 12/15¤,
5 ¤pour les enfants. Visitesguidées et ateliers
pédagogiques pour les enfantsquotidiens sur réservation,
fondationvasarely.org.

Les expos du journal


ET AUSSIÀAIX


Avec l’expositionSainte(s)-Victoire(s)qui réunit, 30 ans aprèsl’incen-
die quiamarqué l’histoire du site, les prêts exceptionnels de la seule
toile de Cezanne surcethème dans les collectionspubliques fran-
çaises venue du Musée d’Orsay, de celledel’ancienne collection Gur-
litt et d’une autre de la collection Pearlman, ce sont trois Sainte-Vic-
toire d’époques différentes qui se répondent pour offrir un éclairage
puissant sur la révolution cezanienne. Autre éclairage, celui tout aussi
intense et poétique, de l’artiste Fabienne Verdier. L’artiste qui avoue
avoir été inspirée par Cezanne depuis longtemps dévoile son projet
dans les pas du maître. La peintreaquitté son atelier pour créer "sur le
motif", elleasucapter l’essence de Sainte-Victoire, le parcours est fas-
cinant. Dans le musée Granet (car l’exploration de Fabienne Verdier
sur les terres de Cezanne se déploie aussi au Pavillon Vendôme etàla
Cité du livre), une cinquantaine d’œuvres viennent plonger le visiteur
dans sa cartographie intime et curieuse, de la FranceàlaChine en pas-
sant par New York, celle d’une artiste qui s’est muée en "corps-pin-
ceau". Sa partition accompagne la déconstruction du signe qu’on ima-
gine dans le silence, s’affranchit des maîtres flamands pour mieux re-
penserlemouvement, épurer les couleurs, chercher la pureté polypho-
niquedutrait. C’est ainsi que Fabienne Verdier saisit l’esprit de la mon-
tagne et nous le transmet magnifiquement. G.G.

Musées Granet, place Saint-Jean de Malte, Aix. De 10hà19h, 6/8¤

"Tavola di possibilita liquide" de Giovanni Anceschi.
©CENTREPOMPIDOU, MNAM-CCI, DIST. RMN-GRANDPALAIS/PHILIPPEMIGEAT

"Révolution" àlafondation

Vasarely :les murs parlent

La rétrospective deFabienneVerdier éclate dans la rétine des
visiteurs du musée Granet. /PHOTO CYRIL SOLLIER

/PHOTOCYRIL SOLLIER

Une exposition conçue, dit


Bernard Blistène le directeur de


Pompidou, pour la "Chapelle


Sixtine de l’art optico-cinétique"


qu’estlafondation Vasarely.


RÉTROSPECTIVE


La magie Verdier opère au musée Granet


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http://www.laprovence.com

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