Sud Ouest Sud-Gironde - 2019-08-06

SUD OUESTMardi 6 août 2019

Un été Sud-Ouest

Carnets de route

sud ouest.fr

Le championnat de lancer de tong en

photos et vidéo sur notre site Internet.

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Valérie Deymes
[email protected]

D

imanche matin, au p’tit-déj’,
j’ai sorti la balance. Oui, celle
que je planque dans le pla-
card à chaussures pour éviter tout
choc frontal avec une réalité pon-
dérale qui me chagrinerait de trop.
En vacances estivales, l’objet anxio-
gène a peu de chance d’être dé-
poussiéré. Mais là, en ce 4 août, c’est
un cas de force majeure. D’autant
que ce n’est pas moi qui vais mon-
ter la marche mais ma tong.
160 grammes, soit bien en dessous
de la limite maximale des 225 g im-
posée par la compétition. Car en
cette journée ensoleillée, je mets le
cap sur Hourtin-Port (33) pour par-
ticiper au 17e championnat du
monde de lancer de tong. Mes JO à
moi, quoi.
Je me suis préparée comme une
dingue, le mois précédent : plage,
coucher tard, lever tôt dans l’après-
midi, apéro, petites marches et un
peu de pédalage, manière de se
maintenir... en forme(s). Bref, j’ai
évité le claquage pour le champion-
nat. Une compétition d’incidence
« mondiale », (oui, oui, il y a un Sué-
dois qui s’est engagé cette année),
organisée par l’association Lacha-
nau animation culture et qui se dé-

roule sur l’esplanade herbée de l’île

aux enfants, à Hourtin-Port, en bor-

dure du lac. Arrivée sur site à 14 heu-

res, pour l’inscription et le « con-

trôle technique » (sic).

Passage au contrôle technique

François, Christine, Philippe et leurs

collègues, pionniers de l’équipe or-

ganisatrice accueillent les compé-

titeurs qui vont concourir en tan-

dem. On commence par afficher

son âge – il y a un prix pour le duo le

plus âgé et il n’est pas exclu que,

mon conjoint et moi, nous reve-

nions avec cette coupe. Puis, on

passe à la pesée... de la tong. La san-

dale est tortillée dans tous les sens.

Pas question de tricher et de la

plomber histoire qu’elle fende l’air

plus facilement sur la longueur. Le

règlement en la matière est strict.

Et pour éviter qu’elle ne soit substi-

tuée au dernier moment, elle est

marquée à la bombe fluo jaune, sur

la semelle. On enfile les tee-shirts of-

ficiels avec son numéro de passage

et c’est le début d’une demi-heure

d’entraînement pour chaque lan-

ceur et son binôme à la réception.

François rappelle le règlement au

micro et lâche quelques conseils :

« Le lanceur doit se placer sous l’ar-

che gonflable, derrière la ligne rose.

Il aura droit à trois lancers dans un

premier temps et à deux supplé-

mentaires un peu plus tard. Le rat-

trapeur doit réceptionner la tong

avant qu’elle ne touche terre. Celui-

ci doit impérativement avoir les

deux pieds au sol et se bloquer

après réception afin que les juges

arbitres procèdent à la mesure du

lancer. Rappelez-vous, il vaut mieux,

un lancer plus court mais bien rat-

trapé, qu’un très long que votre rat-

trapeur n’arrivera pas à intercep-

ter... Il y aura deux mesures : le plus

long lancer et la distance cumulée

des cinq essais. »

Trente-deux équipes de deux

sont engagées. Des Varois, des Tou-

lousains, des Parisiens, des Nor-

mands, des vacanciers donc, le père

et la fille, les deux copains quadras

bien décidés à faire fonctionner

leurs jambes autant que leurs zygo-

matiques, les duos du camping des

Acacias, etc. Et puis, il y a Laurent,

49 ans, et son fils, Charlie, 13 ans. Les

locaux de l’étape. Sept titres de

champion au tableau pour le pre-

mier et un record junior à 34 mè-

tres pour le second. Sachant que le

record senior est actuellement à

39,77 m. Ça ne va pas être facile. C’est

pour moi et mon conjoint, peu ha-

bitués à la discipline, le risque de

s’envoyer à la figure, en plus des

tongs, de vilains noms d’oiseaux.

« La Marche des tongs »

15 heures. Le championnat dé-

marre. Les compétiteurs doivent au

préalable défiler devant la foule en

délire (une centaine de vacanciers

supporters). À la sono, Philippe ba-

lance « La Marche des tongs » :

« Ting, tang, tong. Tong, ainsi com-

mence la marche des tongs [...].

Ting, tang, tong. Tong, miracle des

tongs, tu peux voir tes ongles, à La-

canau comme à Honk Kong... »

Accessoirement, c’est la chanson of-

ficielle du film « Camping » et c’est

surtout l’hymne (fort à propos) de

ce mondial médocain. L’ambiance

est là avec un vrai parfum de vacan-

ces et de bonne humeur.

Les juniors ouvrent le bal. Des

bouts de chou de 6, 10 ou 13 ans

prennent leur élan. Des tongs roses

et fleuries planent. Je commence à

pâlir. Les mesures sont scandées au

micro : 7,27 m, 11,64 m jusqu’à

22,18 m! Les seniors s’échauffent. Le

duo numéro 16 se présente. Trois

essais. Les deux premiers sans ré-

sultat. Le troisième à 19,29 m. C’est à

nous : dossard 17. Mon partenaire

est au lancer. Je me place à une dis-

tance raisonnable, telle une tennis

woman sans raquette, prête à attra-

per l’objet volant qui sent le pied.

Au final, quatre loupés et une pau-

vre performance à 15,28 m. Pfff, c’est

la faute du vent...

« Monsieur, il a mis une basket »,

lâche Jean-Christophe, le quadra

plaisantin de Toulouse en pointant

du doigt un lanceur d’une équipe

concurrente. Les équipes se cham-

brent. Laurent s’élance et, du bout

des doigts de pied, fait vriller sa san-

dale telle un frisbee. Il fait encore

un carton à 34,66 m. On baisse le

nez et on regarde ses tongs... dés-

abusés.

Certains duos décident alors de

laisser de côté la perf’sportive et de

tout miser sur l’originalité de leur

lancer et le niveau sonore de leur

fan-club pour tenter de rapporter

une coupe. Car c’est la magie de ce

championnat du monde : il y a

presqu’autant de récompenses et

de raisons d’en gagner que d’équi-

pes. On repart le cœur léger, la tong

au pied et le tee-shirt officiel sur le

dos. Rendez-vous l’année pro-

chaine. Je vais m’entraîner et chan-

ger de projectile. J’ai lorgné sur ce-

lui du champion : il pèse 208 g. C’est

peut-être la clé... Je vais ressortir la

balance.

Le 17

e

mondial de lancer de tong a eu lieu,

dimanche, à Hourtin-Port. Les sandales ont fusé.

Les vacanciers et notre reporter ont pris leur pied

A Hourtin, les vacanciers

font voler les tongs

Laurine au lancer. Elle a remporté, lors de l’édition précédente, le record du cumul des cinq essais, à 102 mètres. Elle ne parviendra pas à le dépasser. PH. F. COTTEREAU/« SO »

« Il y aura

deux mesures : le plus

long lancer et

la distance cumulée

des cinq essais »

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