Temps - 2019-08-06

(Jacob Rumans) #1
LE TEMPS MARDI 6 AOÛT 2019

14 Science


Bâle


Lausanne


Sion


Verbier


Locarno


Zurich Saint-Gall


Coire


Saint-Moritz


Genève


La Chaux-de-Fonds Berne


MÉTÉO

Situation générale
aujourd’hui à 13h


UN COURANT DE SUD-OUEST
amène de l’air chaud, humide et
instable. Il s’agit d’une situation
propice à la formation de zones
orageuses. Malgré cela, le soleil
fera de belles apparitions. Les
orages se multiplieront cet après-
midi dans les Alpes, puis égale-

ment sur les autres régions en
soirée. La journée de mercredi
sera probablement la plus
sombre de la semaine, avec des
averses orageuses. Le soleil
reviendra franchement à partir
de jeudi et le risque orageux
déclinera.

PRÉVISIONS À CINQ JOURS

MERCREDI
80 %

JEUDI
70 %

VENDREDI
70 %

SAMEDI
60 %

DIMANCHE
50 %

Bassin lémanique,
Plateau romand
et Jura

17° 24° 15° 27° 14° 30° 15° 32° 16° 28°

Limite des chutes de neige –––––

Alpes
vaudoises
et valaisannes
(500 m)

18° 24° 16° 29° 15° 32° 17° 33° 18° 30°

Limite des chutes de neige –––––

Suisse
centrale
et orientale

18° 24° 16° 29° 15° 32° 17° 33° 18° 30°

Limite des chutes de neige –––––

Sud
des Alpes

18° 24° 16° 29° 15° 32° 17° 33° 18° 30°


  • de -15°-15 à-10°-10 à -5°-5 à 0° 0 à 5° 5 à 10° 10 à 15° 15 à 20° 20 à 25°25° et + Limite des chutes de neige –––––


ÉPHÉMÉRIDE
Mardi 6 août 2019

lever: 06h
coucher: 21h
3 minutes de soleil en moins

lever: 12h
coucher: –--

lune croissante
taux de remplissage: 37%

15°24°

21°28°

15°22°

18°28°
19°30°

18°28°

17°26°

21°29°

9°21°

17°24°

17°28°

18°26°

Prévisions en Suisse pour le matin et l’après-midi.
Les températures indiquées sont les valeurs minimales (en bleu)
et maximales (en rouge)

MétéoSuisse tél. 0900 162 666
en ligne avec nos météorologues, 24 heures sur 24
(fr. 2.90 la minute)

http://www.MeteoSuisse.ch

Haute
pression


Basse
pression


Front
froid


Front
chaud


Front
occlus


Isobares
(hPa)


H


B


1015


FLORENCE ROSIER


Le 21 mai de l’an 697, un drame
s’est noué dans la cité maya de
Witzna, au nord-est de l’actuel
Guatemala. La ville a été mise à
feu par une cité rivale, Naranjo,
située 32 kilomètres plus au sud.
Cette attaque meurtrière nous est
relatée, preuves à l’appui, dans la
revue Nature Human Behaviour
du 5 août.
L’étude éclaire l’une des plus fas-
cinantes énigmes de l’archéologie.
Pourquoi les sociétés mayas clas-
siques (200-950 de notre ère),
parmi les plus anciennes et les plus
savantes de l’Amérique précolom-
bienne, se sont-elles effondrées?
Pourquoi ce peuple précurseur,
connu pour avoir inventé une écri-
ture hiéroglyphique, érigé des
pyramides monumentales, bâti
des temples, des observatoires, des
palais décorés avec art, conçu une
religion inspirée de conceptions
élaborées du cosmos, construit des
calendriers d’une extrême préci-
sion, défriché la forêt tropicale
pour y cultiver des champs, déve-
loppé des systèmes d’irrigation et
de drainage sophistiqués, accu-
mulé un savoir astronomique et
mathématique impressionnant...
pourquoi ces royaumes si organi-
sés, innovants, raffinés se sont-ils
brutalement désintégrés, à l’aube
du IXe siècle, alors que leurs rois
régnaient depuis mille ans sur
l’Amérique centrale?


Furieuse bataille d’experts
Sidérante décadence. Tout un
monde effacé, englouti dans la
jungle, sombrant dans l’oubli
jusqu’à sa redécouverte, au
XIXe  siècle. Même si seuls les
royaumes du nord du Yucatan
(Mexique) et l’un des royaumes
du sud (Guatemala) ont perduré
jusqu’à la conquête espagnole, à
laquelle ils ont résisté très long-
temps.


Aujourd’hui encore, le mystère
persiste. Ce n’est pas faute d’hy-
pothèses. Séismes, ouragans,
sécheresse, crise écologique ou
démographique (une surpopula-
tion aurait entraîné une défores-
tation et un épuisement des res-
sources alimentaires), crise
religieuse (la prédiction d’un
désastre aurait fait fuir les habi-
tants), invasions et guerres
internes...: tous ces coupables
potentiels ont été tour à tour
proposés.
Une furieuse bataille d’experts,
mais aucun consensus. De cette
impasse, les «mayanistes» ont tiré
la leçon. «Nous avons repoussé à

plus tard la recherche des causes
de ce fulgurant déclin. Depuis
2012, nous travaillons à com-
prendre ce qui s’est passé»,
explique Marie Charlotte Arnauld,
mayaniste à l’Université Paris 1.
Les faits, rien que les faits, pour
commencer.
L’incendie destructeur de la cité
de Witzna en est un, et des mieux
certifiés. Les auteurs ont passé au
peigne fin la «scène du crime» et
ses alentours, collectant les
indices préservés par le temps. Ils
ont découvert trois indices
convergents, signant la même
violence.
Le premier: la revendication du
crime. «Les vainqueurs ont signé
et daté cette attaque par le feu, sur
une stèle trouvée à Naranjo», com-
mente Marie Charlotte Arnauld.

Cette stèle  mentionne que
«Bahlam Jol [le nom maya de Wit-
zna] a brûlé pour la seconde fois»
(on ignore quelle fut la première),
en une date correspondant au
21 mai 697. Une inscription sculp-
tée déchiffrée par Alexandre Toko-
vinine, de l’Université d’Alabama,
dernier auteur de l’étude, avec
d’autres épigraphistes.

«Guerre totale»
Second indice: trois carottes de
sédiments, prélevées dans un lac
naturel très proche de la cité
incendiée (et recueillant tous ses
sédiments et déchets). Leur ana-
lyse révèle une couche de char-
bon, signe d’un incendie impor-
tant daté de la dernière décennie
du VIIe siècle. Quant aux sédi-
ments plus récents, ils montrent,
aux siècles suivants, une chute
marquée de l’utilisation des terres
agricoles, avec la présence de
moins de pollens de maïs.
«Cela suggère que cette attaque
a eu un sévère impact négatif sur
la population de Witzna», esti-
ment les auteurs. A partir de l’an
1000, la pratique agricole cesse
même presque totalement sur ce
site. Troisième indice: les fouilles
archéologiques, à Witzna,
montrent une destruction éten-
due et une atteinte par le feu des
principaux monuments et palais.
«La force de cette étude tient à
la  convergence de ces trois
approches», souligne Marie Char-
lotte Arnauld.
Parmi les modes de luttes intes-
tines entre cités mayas rivales,
une pratique est connue depuis
vingt à trente ans: la «guerre
totale». «Elle consistait à détruire
complètement des villes, leurs
rois et leurs populations (ou à les
capturer ou les mettre en fuite).
Mais ces destructions pouvaient
n’être que temporaires. Après
quoi, la ville pouvait se repeupler,
avec le même régime politique.

Une nouvelle dynastie était sans
doute placée par le vainqueur»,
raconte Marie Charlotte Arnauld.

Sécheresse intense
Cette étude montre que la pra-
tique de la «guerre totale» ne s’est
pas limitée, comme on le croyait,
à la période «classique terminale»
(760-1050), qui marque l’effondre-

ment des cités-Etats mayas. «Cet
épisode se situe en pleine période
classique récente [600-760], c’est-
à-dire durant l’apogée de la civili-
sation maya, commente Marie
Charlotte Arnauld. Sa découverte
renforce un sentiment partagé
par de nombreux archéologues:
l’effondrement maya a commencé
par une grande affaire politique.»

Entre 760 et 810, la moitié des
sites mayas fouillés ont perdu leur
dynastie royale. Puis, entre 800
et 950, les villes ont été peu à peu
désertées. Enfin, une sécheresse
très longue et intense a sévi
entre 1020 et 1150. Aurait-elle pro-
voqué un déclin démographique,
parachevant la chute de ces socié-
tés pionnières? ■

Le temple du Grand Jaguar de l‘ancienne cité-Etat de Tikal, dans le nord du Guatemala. Les dernières études montrent que déjà
à leur apogée, les royaumes mayas étaient rongés par des guerres intestines. (ALEXANDER POESCHEL/KEYSTONE/IMAGEBROKER)

Nouvelle hypothèse


sur le déclin des Mayas


ARCHÉOLOGIE En l’an 697 de notre ère, une cité maya située


dans l’actuel Guatemala a été détruite par une rivale,


montre une étude américaine. Les hostilités entre cités voisines


ont-elles précipité l’effondrement de cette civilisation?


«L’effondrement

maya a commencé

par une grande

affaire politique»
MARIE CHARLOTTE ARNAULD,
MAYANISTE À L’UNIVERSITÉ PARIS 1
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