Temps - 2019-08-06

(Jacob Rumans) #1
MARDI 6 AOÛT 2019 LE TEMPS

Actualité 5

Maître Vincent BERNASCONI
et
Maître Claude TERRIER,
notaires,

ainsi que

tous les collaborateurs et collaboratrices
de l’Etude BERNASCONI et TERRIER

ont le grand plaisir d’annoncer que

Maître

Sarah PELIZZONE

a été nommée Notaire le 26 juin 2019.

2, rue de Candolle, 1205 Genève
Tél. 022 322 12 12
e-mail: [email protected]

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BORIS BUSSLINGER
t @BorisBusslinger


Ce lundi, Lausanne est devenue
capitale climatique européenne.
Autour de Greta Thunberg, collé-
gienne suédoise devenue icône
mondiale, plusieurs centaines de
jeunes militants internationaux
sont rassemblés cette semaine sur
le campus universitaire de la ville.
Leur but: disserter du futur du
mouvement lancé par la Nor-
dique et – surtout – trouver une
réponse à cette question épi-
neuse: comment profiter de l’at-
tention médiatique pour obtenir
des résultats concrets dans la
lutte contre le changement cli-
matique? Au premier jour de la
réunion, aucune réponse n’était
encore en vue.


«Ce que nous voulons, c’est créer
quelque chose de plus grand que
nous-mêmes», dit une militante
bulgare. Comment? «Cela reste à
définir cette semaine.» Quelles
suites donner aux grandes mani-
festations de ce printemps? «C’est
également à l’ordre du jour.»
Existe-t-il une volonté de struc-
turer le mouvement en un parti
politique? «Je ne crois pas. Le but
est surtout de mieux coordonner
l’ensemble des actions au niveau
européen.» Les interrogations
demeurent nombreuses ce lundi,
mais les militants le sont aussi.
Chacun est venu en train, la
moyenne d’âge semble en dessous
de 20 ans et tout le monde parle
anglais. «C’est super d’être tous
réunis comme ça», glisse un Alé-
manique venu de Zurich. «Mais
maintenant il faut agir.» Agir, le
verbe est sur toutes les lèvres.
Mais comment faire bouger les
choses, ou même quelles choses
faire bouger? «Nous n’avons pas
toutes les réponses», concède une
Ukrainienne d’Odessa. Certains
participants sont à peine sortis de
l’enfance, parfois accompagnés de
leurs parents. «Mais nous sommes
déterminés!»


Une première action concrète
est présentée: lancer une initia-
tive citoyenne européenne. Nom-
mée «Actions pour l’urgence cli-
matique», celle-ci demande
notamment que l’UE diminue ses
émissions de CO2 de 80% d’ici à
2030 (soit le double de l’objectif
officiel actuel, fixé à 40%), la mise
en place d’une taxe carbone et la
production de matériel éducatif

gratuit concernant l’urgence cli-
matique. Un million de signatures
est nécessaire. Hors de l’UE, la
Suisse ne pourra toutefois pas
participer à leur récolte.

«J’ai déjà beaucoup parlé»
Vient l’heure de la conférence
de presse inaugurale. Cernée par
une bonne centaine de journa-
listes internationaux, Greta

Thunberg prend le micro – fris-
son dans la salle. «J’aimerais
remercier les organisateurs de
ce sommet», dit-elle timidement.
Et c’est tout. «Je n’ai pas grand-
chose d’autre à ajouter. J’ai déjà
tellement parlé ces derniers
temps.» Au moindre de ses mou-
vements, un flash crépite. Dès
qu’elle ouvre la bouche, une
perche micro se tend.

La parole est donnée à Jacques
Dubochet, Prix Nobel de chimie
vaudois devenu figure des
«anciens» préoccupés par le
changement climatique. Bien plus
volubile, le scientifique se lève,
discourt sur l’état du monde,
pointe les journalistes du doigt
pour leur enjoindre de faire leur
travail informatif avec rigueur,
salue les premiers discours de

Greta Thunberg: «Tu m’as fait
pleurer.» L’intéressée hoche de la
tête pour témoigner sa reconnais-
sance. La salle explose en applau-
dissements.
Autre as du micro; Ernst Ulrich
von Weizsäcker, ancien président
du Club de Rome, l’une des pre-
mières organisations à dénoncer
la croissance ad eternam. Le vété-
ran digresse longuement sur les
centrales à charbon en construc-
tion dans les pays en voie de déve-
loppement, souligne l’urgence,
gesticule. Mais personne n’écoute
vraiment les deux sages. «J’ai une
question pour Greta...», com-
mence une journaliste allemande.
La salle tend l’oreille.

«Je n’aime pas être le centre
de l’attention»
Assise au bord de sa chaise,
l’icône suédoise répond aux ques-
tions comme elle peut. «Fau-
drait-il emprisonner les politi-
ciens qui ne font rien pour le
climat?» suggère un journaliste.
«Ce n’est pas vraiment à moi d’en
décider», murmure l’adolescente,
quelque peu décontenancée. «Il
ne faut pas blâmer des individus,
ajoute-t-elle. C’est le système qui
est erroné.»
Interrogée sur ce qu’elle espère
de la future réunion du Groupe
d’experts intergouvernemental
(GIEC) sur l’évolution du climat
qui se tient ces jours à Genève,
elle dit «espérer que les médias
en parleront». La Suédoise
laisse transparaître une cer-
taine lassitude.
«Je ne suis pas une leader, dit-
elle. On m’invite souvent pour
parler au nom du mouvement
climatique, mais c’est une erreur.
Et ce n’est pas parce que quelqu’un
dit quelque chose ici que je suis
d’accord avec. Je ne représente
personne.» Passée d’anonyme à
superstar, elle avoue devoir par-
fois «se pincer» pour croire à son
nouveau statut.
«Ces derniers mois ont été très
bizarres, réfléchit-elle à haute
voix. Je n’aime pas être le centre
de l’attention. Alors parfois c’est
dur.» «Nous aimerions bien
retourner à l’école», raisonne-t-
elle, parlant avant tout d’elle-
même. Symbole d’une génération
inquiète, la collégienne de 16 ans
semble quelque peu dépassée.
«Mais je me rappelle que je fais
ça pour une bonne cause, se res-
saisit-elle. Nous savons que notre
futur est en danger. Et nous ferons
tout ce qu’il faut pour changer ça.»
Quoi exactement? Réponse ven-
dredi, peut-être. ■

Greta Thunberg, lundi, dans la foule des militants réunis dans le chef-lieu vaudois. (JEAN-CHRISTOPHE BOTT/KEYSTONE)

La Gretamania s’invite à Lausanne


CLIMAT A l’occasion d’un sommet européen sur le climat, la jeune activiste suédoise Greta Thunberg séjourne en terre romande.


L’occasion de mesurer la frénésie médiatique qui entoure la collégienne


SONIA IMSENG
t @SoniaImseng

En pleines vacances d’été, un auditoire du
bâtiment Amphimax de l’Université de Lau-
sanne déborde ce lundi 5 août. Environ 450
jeunes (et quelques moins jeunes) de 37 pays
européens sont présents toute la semaine sur
le campus pour participer au sommet interna-
tional des grèves du climat, sous le nom de Smile
for the future (Summer Meeting In Lausanne
Europe). L’objectif de cette semaine est de par-
venir à un consensus sur les valeurs et les
actions futures de l’organisation.
Dans la vaste salle de cours, renommée
Aletsch en hommage au glacier, la semaine
commence par une première «discussion stra-
tégique», où les principes, les exigences et les
interrogations du mouvement sont débattus.

«Nous sommes très heureux de pouvoir nous
rencontrer, nous avons mis en place une
méthode participative pour tous nos ren-
dez-vous, afin que tous les participants soient
actifs lors des discussions», explique Lou De
Bruycker, l’une des quatre organisatrices.
Dans l’auditoire, les participants discutent
avec enthousiasme par petits groupes, et
affichent leurs positions sur un grand tableau
rempli de post-it avant un vote final. Une ques-
tion parmi d’autres: les grandes villes doivent-
elles ou non être le moteur du mouvement. Par
moments, la discussion prend des allures de
séance plénière de l’ONU, difficultés à se mettre
d’accord incluses. Une petite semaine pour
définir les futures actions du mouvement? Au
soir du premier jour, tout reste à faire.

Professionnel à 12 ans
Parmi les militants, nous retrouvons une mère
et son fils de 12 ans, qui ont fait le voyage depuis
Istanbul, en Turquie. Le fils, Atlas Sarrafoglu,
a participé activement à la grève du 15 mars.
Malgré son jeune âge, il défend la cause avec

professionnalisme. Très vite, il nous tend l’une
de ses cartes de visite, affichant ses comptes
Instagram, Twitter et Facebook. Une détermi-
nation qui peut étonner à son âge. Mais sa mère,
Nil Sarrafoglu, encourage son fils dans sa
démarche: «Cela aurait pu me déranger dans
le passé mais, aujourd’hui, le mouvement a
besoin de cette visibilité.» La famille se réjouit
de pouvoir discuter avec autant de personnes
de tant de pays: «Nous sentons qu’une commu-
nauté est en train de se créer.»
La famille Sarrafoglu loge chez une famille
d’accueil suisse, comme une vingtaine de
participants. Deux bâtiments de la ville ont
également été mis à disposition: l’ancienne
caserne de la Pontaise loge environ 350 mili-
tants et l’Abri L’Etape, situé près de la gare de
Lausanne, en abrite une cinquantaine. Pour
les repas, des buffets sont prévus dans l’en-
ceinte de l’université. «Tout est gratuit», pré-
cise encore Lou De Bruycker, le sommet étant
financé par des fondations. Une manifesta-
tion dans les rues de Lausanne mettra fin,
vendredi, à ce sommet. ■

ENVIRONNEMENT Toute cette semaine,
l’Université de Lausanne vit au rythme
des grévistes du climat. Premières impres-
sions sur place

«Une communauté est en train de se créer»

AFP

Le mois de juillet 2019, marqué par une
canicule exceptionnelle en Europe, a été
le mois le plus chaud jamais mesuré dans
le monde, juste au-dessus du mois de juil-
let 2016, selon le service européen Coper-
nicus sur le changement climatique.

«Le mois de juillet est généralement le
mois le plus chaud de l’année dans le
monde, mais selon nos données [ce mois
de juillet 2019] est également le mois le
plus chaud jamais mesuré, de justesse»,
déclare lundi dans un communiqué le chef
du service Jean-Noël Thépaut.
Selon les données de Copernicus, le mer-
cure est monté en juillet 0,04°C plus haut
que le précédent record de juillet 2016,
année marquée par l’influence d’un puis-
sant el Niño.

Cet écart est tellement faible qu’il est
possible que d’autres organismes de réfé-
rence, qui collectent et analysent les don-
nées de façon un peu différente, ne par-
viennent pas à la même conclusion, note
le communiqué.
Selon Copernicus, la température du
mois de juillet 2019 a été 0,56°C plus élevée
que la moyenne de la période 1981-2000.
C’est près de 1,2°C au dessus du niveau
pré-industriel, base de référence des
experts de l’ONU sur le climat. ■

MÉTÉOROLOGIE Le mercure serait
monté 0,04°C plus haut en 2019 qu’en
2016, ancienne année record

Le mois de juillet le plus chaud

Certains


participants


sont à peine sortis


de l’enfance,


parfois


accompagnés


de leurs parents

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