Temps - 2019-08-06

(Jacob Rumans) #1

RACHEL RICHTERICH
t @RRichterich


La nouvelle a surpris. Après seulement
dix-huit mois à la direction de HSBC, John
Flint, 51 ans, quitte son poste et la banque,
où il a effectué ses trente ans de carrière.
La décision a été prise d’un mutuel accord
avec le conseil d’administration, écrit le
groupe bancaire britannique lundi dans
un communiqué. Le chef de la division
commerciale de la banque, Noel Quinn,
assurera l’intérim le temps de trouver un
successeur.
«Cette nouvelle totalement inattendue
traduit sans doute des dissensions face à
la volonté du groupe d’accélérer un pro-
cessus de réduction des coûts», analyse
François Savary de Prime Partners. En
atteste l’annonce dans la foulée de la sup-
pression de 2% de ses effectifs, soit
4000 postes sur les 200 000 emplois que
compte dans le monde le groupe basé à
Londres. Contacté par Le Temps , il ne pré-
cise pas si le millier de postes en Suisse
est concerné, refusant de commenter
davantage ces annonces.
John Flint pensait de son côté que la
croissance passait par des investisse-
ments et prévoyait d’allouer 15 à 17 mil-
liards de dollars à cet effet, après de lon-
gues années de restructuration – en 2015,
la banque supprimait 50 000 postes dans
le monde.
Le nouveau programme de restructura-
tion annoncé lundi cible principalement
des postes de cadres, représentant 4% de
la masse salariale totale. Ces annonces
sont pourtant intervenues peu après la
publication de résultats en hausse par
HSBC. Au terme du premier semestre
2019, le bénéfice avant impôts est ressorti
en progression de 15,8% sur un an, à
12,4 milliards de dollars.


Contexte durci
Mais «les perspectives ont changé», l’en-
vironnement économique est devenu
«plus complexe et plus exigeant», a averti
HSBC dans son communiqué diffusé
lundi, justifiant ainsi à la fois la restruc-


turation et la «nécessité d’un change-
ment» à sa tête.
La banque s’inquiète notamment de la
nature et des conséquences «hautement
incertaines» de la sortie du Royaume-Uni
de l’Union européenne.
HSBC est en outre en proie aux mêmes
difficultés que celles qui frappent l’en-
semble des grandes banques européennes
depuis la crise financière de 2008, qui a
entraîné une crise de la dette publique sur
le Vieux-Continent et s’est soldée par des
réglementations accrues aux mises en
œuvre coûteuses, observe François Savary.

A ces obstacles s’ajoutent les taux néga-
tifs appliqués aux fonds propres et aux
avoirs en dépôt des clients auprès des
banques centrales en Europe: «Cela a pour
conséquence de réduire fortement les
revenus et les marges des banques», pour-
suit François Savary. Après la décision de
la Fed d’abaisser ses taux la semaine der-
nière, les observateurs s’attendent désor-
mais à une poursuite de ce mouvement
baissier.

Exposé au marché asiatique
Surtout, «HSBC est particulièrement
vulnérable aux tensions commerciales
entre Washington et Pékin», note
François Savary. De son nom com-
plet Hongkong and Shanghai Banking
Corporation, le groupe bancaire fondé à
la fin du XIXe  siècle comme un trait
d’union commercial entre Orient et Occi-
dent est historiquement orienté vers
les  marchés asiatiques. Ceux-ci sont
malmenés par la guerre commerciale
relancée la semaine dernière par la déci-
sion de Donald Trump d’imposer de nou-
veaux droits de douane sur les produits
chinois. ■

HSBC décapité sur fond


de durcissement conjoncturel


BANQUES Le départ inattendu du
patron du groupe bancaire, doublé de la
suppression de 4000 emplois, traduit une
volonté d’accélérer la baisse des coûts,
dans un contexte économique tendu


John Flint, directeur général de HSBC, a surpris tout le monde en annonçant sa démission du groupe
bancaire britannique. (STEFAN ROUSSEAU/AFP)
La Fed va investir
dans un système de
paiement
en temps réel
La banque centrale
américaine (Fed)
a annoncé lundi
qu’elle allait
développer un
nouveau système
interbancaire de
paiement en temps
réel fonctionnant
24 heures sur 24 et 7
jours sur 7, pour
rattraper son retard
sur d’autres pays et
saisir l’opportunité
des avancées
technologiques.
AFP

MAIS ENCORE

Perspectives optimistes
pour l’emploi en Suisse

Les perspectives d’emplois sont teintées
d’optimisme en Suisse, sauf dans le secteur de
l’industrie qui continue de souffrir des remous
géopolitiques mondiaux, a annoncé lundi le centre
d’études conjoncturelles KOF. L’indicateur de
l’emploi compilé par l’institut zurichois, qui
constitue un baromètre avancé en matière
d’embauche, s’est établi à 5 points pour le troisième
trimestre, après 5,4 points (valeur révisée) au
trimestre précédent et 4,4 points au premier partiel
de l’année. «La valeur actuelle de l’indicateur est un
signal positif pour les salariés suisses», ont souligné
les économistes du KOF. Une majorité des
entreprises interrogées estime que les effectifs sont
insuffisants et prévoient de les accroître à court
terme. AWP

EN BREF

Actionnaires et investisseurs ont été
exaucés ce lundi: le directeur général
d’Ascom, Holger Cordes, démissionne.
Officiellement, il souhaite «profiter de
nouvelles opportunités profession-
nelles», annonce lundi le spécialiste des
pagers et autres systèmes de communi-
cation destinés au personnel des hôpi-
taux. Du point de vue des marchés, il était
sous pression depuis des mois et son
départ surprend peu.
Alors que l’action s’échangeait encore
à plus de 25 francs l’an passé, elle a chuté
dernièrement à 12 francs. Début mars, à
la veille de la publication de résultats
annuels en repli, son actionnaire majo-
ritaire activiste Veraison (8% du capital)
perdait patience et retirait sa confiance
à Holger Cordes. Le potentiel de l’entre-


prise n’est pas exploité, en dépit d’un
excellent portefeuille de produits, criti-
quait Gregor Greber, cofondateur de la
société de participations, dans un entre-
tien à Finanz und Wirtschaft.  Parmi
ceux-ci figurent notamment des smart-
phones spécialement conçus pour le
personnel médical.

Recul des recettes
Holger Cordes est arrivé en 2016 à la tête
de l’entreprise sise à Baar et employant
1300 collaborateurs dans 15 pays. Sa stra-
tégie visant à l’horizon 2020 une crois-
sance du chiffre d’affaires de l’ordre de 7
à 10% et une marge Ebitda de 20% n’a
jamais décollé. Au premier semestre de
cette année, les recettes ont reculé de
4,2% sur un an, à 137 millions de francs,
et la marge Ebitda atteint  1%, contre
encore 6,5% l’an passé, écrit le groupe
dans son communiqué diffusé lundi. Le
rapport semestriel complet sera publié
la semaine prochaine.
Le départ de Holger Cordes et la reprise
en main du groupe par la présidente du
conseil d’administration, Jeannine

Pilloud, ex-numéro deux des CFF, consti-
tuent une première étape. Les investis-
seurs en prennent acte, se gardant de la
commenter plus avant. Mais ce change-
ment n’est pas une fin en soi, en témoigne
la chute de près de 15% du titre en bourse
lundi en début d’après-midi, dans la fou-
lée de ces annonces. Dans le bihebdoma-
daire alémanique, Veraison appelait à
étudier toutes les options. Y compris une
vente. Une issue que Jeannine Pilloud
n’excluait pas lundi matin en conférence
téléphonique. ■ R. R.

Sous pression, le patron d’Ascom s’en va


TÉLÉCOMMUNICATIONS Soumis
aux critiques des investisseurs depuis
des mois, Holger Cordes jette l’éponge.
Son bilan, après trois ans à la tête du
spécialiste des systèmes de commu-
nication dans les hôpitaux, est jugé
décevant


Source: Bloomberg

OBLIGATIONS
Taux à 10 ans

10 mai 5 août 5 août

Etats-Unis 1,758%

Europe -0,516%

Suisse -0,

TAUX DE CHANGE
En francs

1,

1,

1,
1,
0,
0,

2

3

1
0


  • 10 mai


Euro 1,

Dollar 0,

SMI / CLÔTURE: 9599,
Performance sur 3 mois: +1,34%

10 mai 5 août

8800

9440
9120

STOXX EUROPE 600 / CLÔTURE: 369,
Performance sur 3 mois: -2,04%
393

373

353

333
10 mai 5 août

S&P 500 / 18H: 2862,
Performance sur 3 mois: +1,11%

2900


3000


2700
2600

2800


10 mai 5 août

TOPIX (TOKYO) / CLÔTURE: 1505,
Performance sur 3 mois: -2,81%

1300


1500


1700


1900


10 mai 5 août

10 080
9760

Plombé par les incertitudes

Le marché suisse
a démarré sa
première séance de la
semaine en recul de 0,91%
à 9714,79 points. La guerre
commerciale sino-
américaine et coréano-
japonaise, les tensions
entre l’Inde et le Pakistan
autour de la région
controversée du
Cachemire, les troubles persistants à Hongkong et
la saisie par l’Iran d’un troisième pétrolier dans le
détroit d’Ormuz sont autant d’événements qui ne
sont pas pour rassurer les investisseurs. Dans ce
climat d’incertitudes, le franc se renforçait
nettement par rapport à la monnaie unique
européenne, passant sous la barre des 1,09 franc
pour un euro pour la première fois depuis mi-2017.
En Chine, la croissance dans les services a connu en
juillet un plus bas sur cinq mois. En Suisse, la
confiance des consommateurs s’apparentait en
juillet à un «optimisme modéré», selon le
Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). Le commerce
de détail et l’hôtellerie ont relevé la tête en juin. Le
SMI a clôturé en forte baisse de 2,08% à 9599,
points et le SPI de 2,09% à 11687,61 points. Les
valeurs du luxe Richemont (-6,67% à 77 francs) et
Swatch (-3,86% à 268,70 francs) ont enregistré les
plus fortes baisses de leur indice. LafargeHolcim
(-2,83% à 46,02 francs) et Lonza (-3,29% à
326,60 francs) ont également été sous pression. A
l’autre bout du classement, Swisscom (-0,46% à
476,70 francs a affiché la moins mauvaise
performance, suivie par UBS (-1,19% à 10,755 francs)
et SGS (-1,29% à 2370 francs). Les trois poids lourds
n’ont pas échappé à la tendance. Nestlé a reculé de
2,20% à 102,92 francs, Novartis de 1,53% à
88,98 francs et Roche de 1,37% à 263,60 francs.
Roche a fait état d’un succès en étude de phase III
sur son moteur de ventes Tecentriq, ce qui n’a pas
eu beaucoup d’effet sur le cours du titre. Pour sa
part, Swiss R e (-1,83% à 94,44 francs) a annoncé
l’acquisition par sa filiale britannique ReAssure de
portefeuilles fermés pour l’équivalent d’un demi-
milliard de francs. La compagnie suisse entend se
désengager de ReAssure. ■ BCGE, SALLE DES MARCHÉS

PROPOSÉ PAR

LE TITRE VEDETTE

Source: Bloomberg

474


476


478


Swisscom
-0,46%

9h00 17h

EN CHUTE DEPUIS UN AN

Sources: Bloomberg

10

12

14

16

18

Action Ascom, en francs

10,

05.08.19 05.08.

CHARTE ÉDITORIALE http://www.letemps.ch/partenariats

BOURSE

La banque s’inquiète

de la nature

et des conséquences

«hautement

incertaines» de la

sortie du Royaume-Uni

de l’Union européenne

Finance 9

MARDI 6 AOÛT 2019 LE TEMPS

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