Le Monde - 07.08.2019

(vip2019) #1

12 |culture MERCREDI 7 AOÛT 2019


0123


Le Roi Lion 3 1 396 680 NC 6 593 090
Comme des bêtes 2 1 673 767 516 201
Spider-Man... 5 232 625 NC 2 849 835
Toy Story 4 6 184 680 NC 3 953 994
Crawl 2 245 373 NC 316 711
Annabelle... 4 176 401 NC 797 777
Le Coup du siècle 3 193 247 NC 277 038
Anna 4 82 578 NC 616 904
Midsommar 1 231 197 45 461
Mon frère 1 298 136 40 496

Nombre
de  semaines
d’exploitation

Nombre 
d’entrées  (1)

Nombre
d’écrans

Evolution 
par  rapport
à  la  semaine 
précédente

Total
depuis
la  sortie

AP  :  Avant­première 
Source  :  «  Ecran  total  »  (1)  Estimation


NC  :  données  non  communiquées 
Période  du  31  juillet  au  4  août  inclus

LES MEILLEURES ENTRÉES EN FRANCE


L E S


A U T R E S


F I L M S


D E


L A


S E M A I N E


Retrouvez l’intégralité des critiques sur Lemonde.fr

    P O U R Q U O I PA S
Never Grow Old
Film irlandais et luxembourgeois d’Ivan Kavanagh (1 h 48).
Une curiosité que ce western filmé en Irlande et au Luxem­
bourg, réunissant des acteurs américains (Emile Hirsch,
John Cusack) et belges (Deborah François, Anne Coesens). Le
cinéaste aspire à la philosophie en faisant du personnage que
joue Cusack l’incarnation du mal, venu corrompre l’âme d’un
pionnier moyen (Hirsch). Multipliant les références respecta­
bles (Altman, Eastwood), Never Grow Old n’approche que de
très loin ses modèles. t. s.

    O N P E U T É V I T E R
Fast & Furious : Hobbs & Shaw
Film américain de David Leitch (2 h 16).
Ce nouvel opus est constitué pour sa partie, disons « psycholo­
gique », par un affrontement entre les deux personnages prin­
cipaux dont on comprend qu’ils se détestent, pour des raisons
nées dans un des épisodes précédents et auxquelles on peut
être parfaitement indifférent. Sa seconde caractéristique
consiste dans cette multiplication de spectaculaires scènes de
poursuites permises par les effets spéciaux numériques
d’aujourd’hui. Le cynisme du projet est palpable. Notamment
dans la désinvolture des scènes « psychologiques ». Pour le
reste, il faut sans doute aimer les gigantesques cartoons que
sont devenus ces films hollywoodiens infantiles construits sur
les mêmes mécanismes déclinés à l’infini. j.­f. r.

Nomades
Film marocain d’Olivier Coussemacq (1 h 27).
A Tanger, une mère a vu ses deux aînés partir pour la France
et déploie des efforts désespérés pour empêcher son benja­
min de les rejoindre. Cette trame très simple ne trouve jamais
de traduction autre que l’illustration simplifiée des péripéties
d’une histoire maintes fois contée. Cette raideur se communi­
que aux acteurs et empêche l’émotion que le sujet devrait
susciter. t. s.

À L’A F F I C H E É G A L E M E N T
Playmobil, le film
Film français, britannique et allemand de Lino DiSalvo (1 h 35).
Thomas Pesquet, l’étoffe d’un héros
Documentaire français de Jürgen Hansen
et Pierre­Emmanuel Le Goff (1 h 12).
C’est quoi cette Mamie?!
Film français de Gabriel Julien­Laferrière (1 h 39).

Quand Gérard Frot­Coutaz


poétisait la vie des vieux couples


Edition en DVD du délicat « Beau temps mais orageux en fin de journée »


DVD


A


u chapitre des œuvres
prématurément avor­
tées, celle de Gérard
Frot­Coutaz (1951­
1992), cinéaste français mort des
suites du sida à l’âge de 40 ans,
après seulement deux longs­mé­
trages, laisse d’autant plus incon­
solable qu’une longue invisibilité
a bien failli éclipser sa mémoire.
Après des études à l’Idhec (l’an­
cien nom de la Fémis, l’école des
métiers de l’image et du son) puis
à HEC, Frot­Coutaz fait ses débuts
comme critique, assistant réali­
sateur (notamment pour André
Téchiné et Gérard Blain) et scéna­
riste. A la fin des années 1970, il
gravite dans le collectif artisanal
que le cinéaste Paul Vecchiali réu­
nit autour de sa maison de pro­
duction, Diagonale, pépinière de
réalisateurs et de techniciens
parmi les plus singuliers des an­
nées 1980. C’est au sein de cette
petite galaxie collaborative, qui a
fixé le spleen politique et existen­
tiel de son époque, que Frot­Cou­
taz tourne ses courts­métrages
les plus remarqués (dont Le Goû­
ter de Josette, segment du film
à sketchs Archipel des amours
en 1983) et passe au long­métrage.

Des acteurs bouleversants
Son premier, Beau temps mais ora­
geux en fin de journée (1986), refait
surface à la faveur d’un élégant li­
vre­DVD édité par La Traverse.
Merveille de drôlerie et de douleur
mêlées, le film frappe d’emblée
par son savant équilibre entre sa
fibre populaire et un art portrai­
tiste d’une finesse infinie, à la fois
tendre et acéré, touchant au vif de
la condition humaine.
Ses personnages sont issus
d’un milieu auquel le cinéma s’in­
téresse généralement peu :
un couple ordinaire de petits fonc­
tionnaires à la retraite, habitant un
modeste appartement dans le Mé­
nilmontant populaire, à Paris.
Quartier sur lequel s’attardent les
premières images du film, un jour
de marché, et dont la diversité des
visages nous souffle au passage
quelque chose des couches d’im­
migration qui le composent.

Un matin d’été orageux, Jacque­
line (Micheline Presle) et Jacques
(Claude Piéplu) reprennent au
pied du lit le train­train de petites
habitudes et d’anicroches qui ci­
mente autant qu’il empoisonne
leur quotidien. Jacqueline traverse
une dépression qui l’entretient
dans la rumination amère de ses
années révolues d’institutrice. Jac­
ques se montre prévenant, mais
perd parfois patience devant l’agi­
tation de son épouse. Un coup de
fil de leur fils Bernard (Xavier De­
luc) leur apprend sa venue pour le
déjeuner, avec sa nouvelle petite
amie, Brigitte (Tonie Marshall).
La préparation du repas souffle
un vent de panique au sein du
vieux couple, qui s’emmêle les
pinceaux. Mais, une fois les jeunes
arrivés, la mère reprend de plus
belle son couplet névrotique, leur
coupant sans arrêt le sifflet. Beau
temps... est ainsi l’histoire d’un
aveu qui ne parvient pas à se faire.
Le film touche d’abord au cœur
pour la justesse et la concision ra­
cinienne de son écriture, avec ses
accents faussement légers de co­
médie boulevardière débouchant
sans crier gare sur de profonds

gouffres introspectifs. Frot­Coutaz
fait affleurer les ressorts usés et les
abîmes vertigineux de la conjuga­
lité au long cours, à la surface la
plus triviale, la plus « popote », du
quotidien : la vaisselle cassée, les
courses à faire, les plantes à arro­
ser, la friteuse à sortir, jusqu’au
poulet à cuisiner qui, à force de pé­
ripéties, devient le relais détourné
des rapports domestiques. La poé­
sie singulière du film est ainsi atta­
chée à ce que les êtres ont à la fois
de prosaïque et de composé, d’uni­
que et de commun – aux mots et
aux choses.
Dans ce film en quasi huis clos,
l’appartement s’arpente comme
un petit théâtre de la monotonie
conjugale, que Frot­Coutaz filme

avec une grâce et une sensibilité
infinies, au fil de longues prises
qui font la part belle au jeu d’ac­
teur (Presle et Piéplu sont boule­
versants). Au centre de la scène
trône évidemment la mère, per­
sonnage brisé, rongé par le regret,
qui rend invivable cet « intérieur »
auquel sa condition de femme au
foyer a fini par la condamner.
Diva ignorée et privée de public
(« Ma classe, c’était mon théâtre »,
se désole­t­elle), en peignoir ou en
robe à motifs, elle hausse la voix,
occupe l’espace, phagocyte la pa­
role, lancée sur le fil d’une an­
goisse en vase clos. Son duo ma­
niaco­dépressif avec le père joué
par Piéplu demeure l’une des rela­
tions les plus marquantes et igno­
rées du cinéma des années 1980,
une valse éblouissante de ten­
dresse et de cruauté qui expose
sans fard, mais avec beaucoup
d’empathie, l’horizon ultime du
mariage pérenne : la mort à deux
et à petit feu.
mathieu macheret

Beau temps mais orageux en fin
de journée (1986). 1 livre­DVD,
La Traverse/Editions de l’Œil.

Jacques (Claude Piéplu) et Jacqueline (Micheline Presle). LA TRAVERSE

Le film frappe
par son savant
équilibre entre
sa fibre populaire
et un art
portraitiste d’une
finesse infinie

Le combat de deux policiers ripoux


« Traîné sur le bitume », réalisé en 2018 par S. Craig Zahler, a été privé de sortie en salle


DVD


L


e troisième film de S. Craig
Zahler, réalisé en 2018, ne
connaîtra pas, à l’instar des
deux précédents, les honneurs
d’une sortie en salle. Si l’on peut
comprendre la logique économi­
que de cette décision (durée du
film inhabituelle, moments de
violence réaliste risquant de dé­
clencher une interdiction aux
moins de 16 ans), on peut regretter
que l’œuvre de celui qui, en trois ti­
tres, s’est imposé comme un des
cinéastes américains les plus pas­
sionnants du moment ne puisse,
du moins en France, être décou­
verte sur grand écran.
Traîné sur le bitume (traduction
littérale mais assez absconse de
son titre original, Dragged Across
Concrete) se caractérise par un cer­
tain nombre de partis pris dont le
divertissement hollywoodien
contemporain a perdu jusqu’au
souvenir : sobriété d’une mise en
scène construite sur de longs
plans dialogués, arythmie d’un ré­
cit émaillé de digressions, éclairs
d’ultraviolence venant surpren­
dre le spectateur, une stylisation

au service de la quête d’un réa­
lisme psychologique et social au
cœur des conventions des genres.
Traîné sur le bitume met en scène
deux policiers incarnés par Mel
Gibson et Vince Vaughn. Mis à
pied à la suite d’une arrestation
violente, ils tentent d’arrondir des
fins de mois difficiles en sur­
veillant un dealeur notoire dans le
but de lui dérober sa marchandise.
Leur projet va s’enliser dans une
odyssée catastrophique et un dé­
chaînement de brutalité.

Humour des dialogues
Zahler prend le temps de saisir les
personnages et leur environne­
ment avec la minutie qu’exige la
quête d’une forme d’authenticité.
Les deux héros douteux sont dé­
peints au cœur d’un environne­
ment familial déterminé par les
contraintes d’une vie quotidienne
sans qualité et placée sous le signe
de la nécessité économique.
C’est au cours de longues scènes
d’attente – les deux flics en plan­
que devant le domicile du trafi­
quant présumé –, durant laquelle
le récit semble suspendu, que l’hu­
mour des dialogues, très écrits, ef­

fleure les enjeux moraux de la dé­
cision des deux hommes tout en
tissant ce qui fonde leur amitié. Le
film repose sur une structure
originale où le resserrement d’une
action s’étalant sur quelques heu­
res n’empêche pas des embardées.
Celles­ci étant destinées à accroî­
tre le suspense et l’angoisse du
spectateur, tout en parvenant à
décrire, dans le détail, certains per­
sonnages secondaires dont l’exis­
tence sur l’écran sera pourtant
brève, voire brutalement achevée.
L’apparente et minutieuse
volonté de développer scrupuleu­
sement personnages et situations
se mêle, au fur et à mesure de la
progression des événements vers
une catastrophe sanglante, à des
motifs venus du cinéma d’exploi­
tation le plus brutal.
Ce dont parle Traîné sur le bi­
tume, et qui lui donne sans doute
une dimension politique, c’est de
la survie considérée sous tous les
angles. Les moments où les deux
protagonistes principaux tentent
de se défendre, les armes à la main,
tout en essayant de tirer les mar­
rons du feu (ceux promis par leur
forfait), ne sont que la représenta­

tion symbolique d’une forme im­
pérative de résistance dans le mi­
lieu urbain contemporain et dans
une société construite sur la loi du
plus fort (le personnage de Mel
Gibson ne veut­il pas quitter un
quartier devenu violent pour pro­
téger sa famille ?). Le fameux
bitume du titre devient ainsi l’allé­
gorie d’une réalité écorchant les
êtres qui s’y frottent, sans avoir
d’autres choix.
Ce motif était déjà au centre des
deux précédents films de Zahler,
par ailleurs musicien et auteur de
plusieurs romans. Son western,
Bone Tomahawk (2015), et son
polar carcéral, Section 99 (2017), le
mettaient en scène, avec la singu­
lière petite musique d’une réalisa­
tion sans effets et d’une narration
voulant tout à la fois prendre son
temps et s’absorber dans la quête
d’une causalité probable, mais
introuvable, des événements.
jean­françois rauger

Traîné sur le bitume, film
américain de S. Craig Zahler
(2018). Avec Mel Gibson, Vince
Vaughn, Jennifer Carpenter
(2 h 39).

parfumdejazz.com


07 66 83 79 42

Bruno Théry

drôme ardèche

artistes-interprètesvotre talenta des droits

11-24 août 2019
INTERNATIONAL
JAZZ LADIES
FESTIVAL
EN DRÔME
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LE JAZZ SE DÉCLINE AU
FÉMININ 21 eÉDITION

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Line Kruse• Cécile McLorin Salvant & SullivanFortner
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Sophie Alour• CéliaKaméni & Alfio Origlio
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Les Ladies chantent Michel Legrand
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