Le Monde - 07.08.2019

(vip2019) #1

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FRANCE

MERCREDI 7 AOÛT 2019

0123


Les députés 


LRM dans les 


starting­blocks


pour 


Les élus de la majorité, qui


multiplient les échanges


informels, veulent recréer


l’émulation de la campagne de 2017


A


près l’« acte II », 2022.
Interrogé le 25 avril
sur la prochaine élec­
tion présidentielle,
lors de la conférence de presse
de clôture du grand débat,
Emmanuel Macron avait fait
une réponse tout en « en même
temps ». « Je pense qu’il faut avoir
des points de fuite, quand on pré­
side tout particulièrement, et donc
j’assume d’avoir un agenda qui
dépasse l’horizon de ce mandat »,
avait d’abord déclaré le président
de la République. Avant d’affir­
mer : « Je me fiche de la prochaine
élection. » S’il n’y pense pas tous
les matins en se rasant, sa majo­
rité, elle, se projette déjà dans la
future bataille électorale.

Dans sa lettre de candidature
à la présidence du groupe La Ré­
publique en marche (LRM) à l’As­
semblée nationale, en juillet,
le député de Gironde Florent
Boudié promettait d’« accom­
pagner l’acte II du quinquennat
et [de] réussir, le moment venu,
la préparation des élections
présidentielle et législatives ».

« Préparer l’après-demain »
Sa collègue Perrine Goulet (Niè­
vre), candidate au même poste
en tandem avec François Joli­
vet (Indre), envisageait, elle,
de « faire monter des députés
qui pourront rester » après ce
quinquennat. Aucun des deux
ne l’a finalement empor té,

mais Gilles Le Gendre (Paris),
conforté à la tête du groupe, va
piloter un collectif qui regarde
déjà vers l’avenir.
« Il faut préparer l’après­de­
main », résume le président de la
commission des affaires écono­
miques de l’Assemblée natio­
nale, Roland Lescure, qui a mis
sur pied un programme de tra­
vail qui pave la fin du quinquen­
nat et au­delà.

Cannabis et fiscalité
Parmi les chantiers à venir, le can­
nabis. « Pour moi c’est un sujet de
campagne électorale, estime le
député des Français de l’étranger.
C’est un sujet de société auquel on
n’échappera pas, tous les pays se
posent la question. »
Le début de l’été a vu la multi­
plication d’initiatives de députés
à ce sujet. Une poignée a soutenu
une tribune parue dans L’Obs
en faveur de sa légalisation.
D’autres avancent à pas plus me­
surés. Une mission d’informa­
tion, sollicitée par le député de la
Creuse Jean­Baptiste Moreau, va
être lancée à la rentrée sur les dif­
férents usages du cannabis.
Dossier le plus avancé, l’autori­
sation du cannabis thérapeutique


  • notamment encouragé par le
    député de l’Isère Olivier Véran –
    va être expérimentée à partir de
    début 2020 pour deux ans, juste à
    temps pour 2022.
    Parmi les autres questions de
    société, de nombreux parlemen­
    taires se sont déjà prononcés
    pour une évolution de la législa­
    tion sur la fin de vie. Exclu des
    discussions du projet de loi bioé­
    thique, le thème est porté par
    certains comme le député du
    Rhône Jean­Louis Touraine. « Si
    on ne le traite pas d’ici là, ça re­
    viendra pendant la campagne »,
    se projette un élu de la commis­
    sion des affaires sociales de l’As­
    semblée nationale.
    Les députés cogitent égale­
    ment sur les questions fiscales.
    « J’ai dans la tête des idées de ré­


formes à proposer », indique
le député du Val­de­Marne, Lau­
rent Saint­Martin, qui évoque
le « rapprochement de l’impôt sur
le revenu et de la CSG [contri­
bution sociale généralisée] ».
« C’est un sujet qui revient réguliè­
rement mais rarement avec sé­
rieux. Une fois la mise en œuvre
du prélèvement à la source termi­
née, on aura les moyens de le
faire », estime­t­il.
Dans la musette de Stéphane
Travert, ancien ministre de l’agri­
culture et député de la Manche,
figure la réforme des droits de
succession. Quand il était patron
de La République en marche,
Christophe Castaner avait tenté
de mettre le sujet sur la table
mais Emmanuel Macron avait
fermé la porte. « C’est très touchy
[délicat] de l’aborder dans le cours
d’un mandat, observe M. Travert.
Ça fait partie des sujets sur les­
quels il faut réfléchir à une posi­
tion. Ça nécessite un dialogue di­
rect. C’est un sujet de campagne
présidentielle. »
Ces projections sont pour le mo­
ment au stade embryonnaire. « Il
n’y a pas de réflexion collective or­
ganisée », affirme Olivier Véran.
« Ce sont des échanges informels »,
confirme une députée francilien­
ne. « On est quelques­uns à réflé­
chir au récit qu’on pourra porter,
notamment sur le modèle de so­
ciété », ajoute­t­elle.
« C’est important de s’y pencher
dès maintenant », assume la dé­
putée de l’Essonne Marie Guéve­
noux, qui commencera à s’y pro­
jeter cet automne. « Si on veut arri­
ver avec des propositions intéres­
santes, c’est un travail au long
court, pas en s’y prenant trois mois
à l’avance, ajoute l’élue. Tant de
programmes présidentiels sont du
copier­coller de publications d’ins­
tituts ou de rapports... »
« Ne pas être dans le mouvement
permanent a causé la perte des
partis politique, abonde Stéphane
Travert. C’est normal qu’on ait à se
poser la question de l’après­2022.

Discours de politique générale du premier ministre, Edouard Philippe, le 12 juin, à l’Assemblée. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR « LE MONDE »

« Le sujet majeur,
c’est : quel modèle
économique
et durable
compatible avec
la protection de
l’environnement »
STELLA DUPONT
députée de Maine-et-Loire

Et si on peut faire partie de cet ave­
nir, on en sera très contents. »
Pour les macronistes, l’enjeu est
aussi stratégique : il s’agit de re­
créer de l’émulation autour d’Em­
manuel Macron, dont la campa­
gne novatrice avait suscité l’en­
thousiasme en 2017.
« Aujourd’hui, pour les jeunes, En
marche! est déjà un peu ringard,
ils regardent les jeunes élus démo­
crates américains de plus près que
les députés LRM, constate Auré­
lien Taché (Val­d’Oise). Pour aller
chercher les gens qui ont voté Ra­
phaël Glucksmann ou Yannick Ja­
dot aux européennes, il faut de
nouvelles idées. Quelque chose de
révolutionnaire, l’équivalent du
chômage des indépendants de la
campagne de 2017! »

« Politique sociale »
« On commence à réfléchir à des
sujets innovants sur le renouveau
démocratique, le référendum, la
démocratie locale », énumère Oli­
vier Véran. Avec ce risque : celui
d’avoir déjà grillé sa capacité à ré­
former sur ces sujets­là à l’issue
d’un premier quinquennat.
« Je ne vois pas comment En mar­
che! pourrait refaire campagne
sur la transparence ou la morali­
sation », lâche, sceptique, une
« marcheuse » après l’affaire Fran­
çois de Rugy. « Même sur l’écolo­
gie, on n’est pas crédibles sur ces
sujets », ajoute cette élue.
« Le sujet majeur pour 2022 et
pour toutes les années à venir,
c’est : quel modèle économique et
durable compatible avec la pro­
tection de l’environnemen », pré­
vient Stella Dupont. La députée
de Maine­et­Loire esquisse, par
exemple, la possibilité de créer
un « service public de la rénova­
tion énergétique » pour accompa­
gner les citoyens et les entrepri­
ses dans ces démarches encore
compliquées.
« Mais avant cela, l’enjeu de
l’acte II du quinquennat c’est,
après avoir conduit une politique
libérale, de mener une politique so­
ciale à la hauteur », rappelle cette
élue ancrée dans l’aile gauche de
la majorité. « C’est la condition de
l’avenir », prévient­elle.
manon rescan

« Il faut de
nouvelles idées.
Quelque chose de
révolutionnaire,
l’équivalent
du chômage
des indépendants
de la campagne
de 2017! »
AURÉLIEN TACHÉ
député LRM du Val-d’Oise

La députée de l’Yonne quitte LRM pour
se présenter aux municipales à Sens
La députée La République en marche (LRM) Michèle Crouzet
a décidé de quitter son parti pour pouvoir se présenter aux
élections municipales à Sens en 2020 face à une candidate
du Parti radical soutenue par le parti présidentiel.
« Je ne peux pas soutenir » la candidature de Claude Vivier Le
Got, qui a reçu, le 24 juillet, le soutien du parti présidentiel
dans cette ville, car elle « ne remplit pas les conditions
de probité », a dénoncé Michèle Crouzet à l’AFP.
La députée fait référence à une condamnation à un an d’inéligi-
bilité de Claude Vivier Le Got après les précédentes municipales
de 2014, en raison du rejet de son compte de campagne. Une
peine reconnue par la principale intéressée mais prononcée,
selon elle, « pour défaut de production de pièces administratives
dans les délais prévus par la loi » et qui est aujourd’hui « une
affaire classée ». La députée, ex-UDI, prévoit désormais de se
présenter sans étiquette pour tenter de succéder à l’actuelle
maire Les Républicains, Marie-Louise Fort, et mener le « combat
contre le Rassemblement national ».

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