La Provence - 01-08-2019

(lu) #1

S


ollicitées parles médias, vi-
lipendés sur les réseaux so-
ciaux depuis le début de la
saison, Ville et Métropole ont te-
nu àprendre les devants en
convoquant la presse hier pour
faire le point sur les interdic-
tions de baignade prononcées
depuis le 29mai. En commen-
çant par relativiser le nombre
de fermetures:" Cette saison,
nous avons enregistré22,5jours
de fermeture sur 60 jours et
21plages, soit 2% de fermeture
seulementsur les 1260ouver-
tures potentielles ,annonce Ro-
land Giberti (DVD),vice-pré-
sident de la Métropoleen
chargedel’eau et de l’assainis-
sement. Àl’exception de la cana-
lisation du Prophète (lire ci-des-
sous) ,laplupart des causes
étaient liées au secteur privé ."

Police de l’environnement
En reprenant notrecalculette
et pour être plus précis, au
31juillet, le drapeauvioletsi-
gnalant une baignadeinterdite
pour causedepollutionaété
hissé 32 fois, et abaissé 20fois
dans l’après-midi, sur1344ou-
vertures possibles offertespar
les 21plages pendant64jours.
" Tout le monde ne focalise que
sur ces fermetures alors que
98%dutemps,et c’est le cas au-
jourd’hui (hier,Ndlr) surtoutes
les plages, la baignade est autori-
sée, déplore Didier Réault, l’ad-
joint(LR)aumairedéléguéàla
mer. Cela étant dit, même si ces
fermeturespréventivesnousper-
mettent d’assurer aux Mar-
seillais une eau de baignade
saine, nous travaillonsàtrou-
ver des solutionspour améliorer
la situation ."
Cela passe par uneintensifi-
cation des opérationsdenet-
toyage des plages-certaines
étant nettoyées le matin, le soir
et en milieu de nuit-ouencore
par la mise en place de barreau-
dage pour limiter l’intrusion
des macro-déchets dans les ré-
seaux.
Un système de pompage per-
mettant le renouvellementdes
eauxdu déversoir d’oragedu
Pradoest égalementmis en

œuvre depuisledébut de la sai-
son, pour dissiperrapidement
les pollutionsbactériologiques
après les épisodes pluvieux.
Et puis, pour rappeler que la
mer est l’affairedetous, une
campagne d’affichage et de
communicationacommencé
notamment sur les avaloirs du
littoral du côté des Catalans,
pour rappeler, que "la mer com-
mence ici". La prévention n’ex-
clut pas la répression. " Nous
avons voté en juin, en conseil
métropolitain, la création d’une
police de l’environnement pour
sanctionner les rejets illicites ef-
fectués dansles réseaux d’assai-
nissement et pluvieux ", ajoute
Roland Giberti.
Sans être en mesure de dévoi-
ler le montant de la sanction,
les élus assurent ainsique,

comme tout plaisancierqui dé-
gaze ses eaux grises près du lit-
toral, celui qui, en juin,avidé
sa piscine dans la rue, entraî-
nant une pollutiondes eaux du
Prophète,aété verbalisé.
En parallèle, les collectivités
œuvrent toujours sur le contrat
de baie signé en 2015 dans le-
quel 124millions d’euros ont
déjà été investis en trois ans.
Quelque 140millions d’euros le
sero nt dans les troisannéesà
venir,afin, entre autres,d’assai-
nir les eaux de l’Huveaune." Ce
contraten2015 nous permet de
résoudredes problèmesliés au
traitement des eaux usées avec
la créationnotamment du bas-
sin Ganay qui peut stocker
90000m³ d’eau, améliorer les ré-
seauxpublics en bordure de
plage, détecter des réseaux pri-

vésetinconnus, et de mieuxgé-
rerles eauxfluviales en amont ",
rappelleDidierRéault." Nous
projetonségalementlacréation
d’un grand tunnel pour récupé-
rer 200000 m³d’eau,maiscela
représenteuninvestissement
trèstrèslourd,demêmeque
l’installationdevannesdansle
collecteurquenoussouhaitons
réaliser pour créer des bassins ",
ajoute Roland Giberti.
Reste que, si l’été 2018 avait
été marqué par de gros orages,
entraînant un total de 153inter-
dictions de baignade sur la sai-
son, 2019 n’a connu pour
l’heure que deux épisodes ora-
geux avec pourconséquence
10fermetures prononcées dans
la foulée.Quelleest l’origine
des22autres?Les enquêtesme-
nées ne permettent pas tou-
jours de le déterminer.

Les toilettes désormais
ouvertes la nuit
Un constat:laplupart du
temps, quand les prélèvements
de 5h du matinrévèlent une
eau de qualité insuffisante,
conduisant la Villeàhisser le
drapeauviolet, ceux effectués
plustarddanslamatinéepré-
sentent une eau de qualité suffi-
samment bonne pour rouvrir la
plage." C’estqu’ilnes’agitpas
d’une pollutionstructurelle
maisépisodique,sansdouteliée
àlafréquentationdesplagesla
nuit,enparticuliercetété,avec
la canicule ", note l’élu.
Pour pallier ce problème,la
Villeadoncdécidé d’ouvrir dé-
sormais les toilettes des plages
toute la nuit, quand leur confi-
gurationlepermet." Cellesdu
Prophètesont déjà ouvertes jus-
qu’à 1 hdumatin,etnousavons
testécetteouverturenocturne
surlesplagesdel’Huveaune,de
laPointe-RougeetdePrado
Norddepuis la nuit dernière,
poursuit DidierRéault. L’an pro-
chain,nousinstalleronssurles
plagesdenouvellestoilettesafin
quelesMarseillaisyaccéder,y
comprishorssaison.C’estnotre
devoird’offrirunservicepublic
de qualité sur ces espaces ."
Laurence MILDONIAN

" Un chien qui fait ses besoins dans la
mer, c’est 100mètres linéaires pollués ", a
assuré hier l’adjointàlamer Didier Ré-
ault. Une donnée qui fait sourire deux la-
borantins que nousavonscontactés et
qui ont préféré garder l’anonymat. " Cha-
cun détient sa véritédans ces prélève-
ments ", glisse l’un, refusant de s’expri-
mer davantage. " Qu’une pollution bacté-
riologique soit détectéeà5hdumatin
pour disparaître lors du deuxième prélè-
vementà9hnepeut pas s’expliquer seule-
ment par la promenade d’un chien ou
desbaignadesnocturnes peu civiques ",
fait remarquer l’autre.
Pour atteindre le seuil de pollution, il

faut plus qu’une crotteàl’eau, mais la
réuniondeplusieurs facteurs:" Il est pro-
bablequ’à 5 hdumatin,lestauxrestent
encoreunpeuélevésenraisond’uneforte
fréquentation la veille, quiaduré ycom-
pris après la fermeture de la surveillance.
Pour peu que la mer soit chaude et stag-
nanteenl’absencedeventpourdissiper
lespolluants,celaexpliqueraitquele
brassage de l’eau, encore inachevéà5h,
le soit quelques heures plus tard ."
En tropgrand nombre, l’escherichia
coli et les streptocoques fécaux sont sus-
ceptibles de provoquer gastro-entérites,
infections ORL et urinaires.
L.M.

Conscient que l’interdiction
de baignade ne fait pas les
affaires des délégataires
qui ont installé terrasses et
transats sur les plages, Di-
dier Réault insiste:"Oui,
nous souhaitons dévelop-
per des services pour que
les Marseillais préfèrent
nos plagesàcelles du Var.
Mais de deux maux quel est
le pire?Fermer de façon
préventive ou voir fuir ses
clients tombés malades
après s’être baignés ?"
L.M.

Aprèsl’été 2018 aux 153 interdictions de baignade, on enregistre 32 fermetures en 2019 malgréseulement deux orages. / PHOTOFRÉDÉRIC SPEICH


Avecneuf interdictionsdebaignade pro-
noncées depuis le débutdelasaison, la
plage du Prophèteest celle qui s’est avérée
la moins fiable pour aller piquer une tête.
Parmi les raisons qui expliquent cesferme-
tures, on note une succession d’incidents.
Il yaeu la vidange d’une piscinedans la rue
provoquant un ruissellementjusqu’àla
mer. Ilyaeu encore une fuite sur un réseau
privé du Vallon de l’Oriol. Mais le plus
graveincident fut celui du 12 juin. Ce
jour-là, au lendemain d’un épisode plu-
vieux, les prélèvements relevaient un taux
de présence d’escherichia coli et de strepto-
coquesfécaux, lesdeuxbactériesciblées

par les analyses, quinze fois supérieuràla
valeur limite fixée pour estimerlaqualité
de l’eau de moyenneàmauvaise. En
cause?Une fuite dansune canalisation
vieillissante. " Les prélèvementsnous ont
permis de détecterleproblème et de le ré-
soudr e", notent Roland GibertietDidier Ré-
ault. Cette canalisationdes années1960, si-
tuée sous des galeries sous la Corniche, à
hauteur de la Réserve,abougé, créant une
fuite d’eaux usées qui se sont déversées
dans la mer. Si le délégataireafait le néces-
saire pour la colmater, la réparationcom-
plète est programméepour octobre.

L.M.

AU PROPHÈTE


La canalisation vieillissante sera réparée en octobre Interrogé hier sur les rai-
sons pour lesquelles la mai-
rie ne candidate pas pour
obtenir le label du Pavillon
bleu, l’adjointàlamer Di-
dier Réaultarépondu que
"bien qu’ils nous sollicitent,
ce n’est pas une stratégie
de communication que
nous souhaitons adopter.
Ce label est facteur d’attrac-
tivité et avec une fréquenta-
tion de près de2millions de
personnes par an, nous
sommesàsaturation."

L.M.

ÉCONOMIE


Plages fermées :oùest la solution?


Alorsque 32 fermeturesontétéprononcéesdepuisle 29 mai,lescollectivitésont faitlepointhier, àmi-saison


Roland Giberti et Didier Réault ont présenté hier matin
les actions menées par la Métropole et la Ville de Marseille. / PH.F.S.

PAVILLONBLEU


Marseille


Le Prophète est la plage la moins fiable
depuis le début de la saison. / PHOTO G.R.

Nombredefoisoùlesplagesontétéferméesentrele 29 maietle 31 juillet


AnsedesSablettes( 1 )


Bonneveine( 4 )


PlageBorély( 3 )


PradoNord( 5 )


PradoSud( 2 )


LaLave( 2 )


L’Huveaune( 5 )


Pointe-Rouge( 2 )


Prophète( 9 )


G

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*21 plages surveillées 1344 fois**


32 interdictionsdebaignade


20 réouvertures


prononcéesl'après-midi


2 épisodesorageux depuisledébutdelasaison


avec 10 fermeturesdesplages:


*correspondaunombredeplagesmultipliéparles 64 joursdesurveillance

1 erorage le 11 juin:


fermeturede 4 plagesle 12 et 3 plagesle 13


2 eorage le 27 juillet:


fermeturede 3 plagesle 28


L’AVISDES EXPERTS


"Une pollution probablement


due àlaforte fréquentation"


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http://www.laprovence.com

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