OuestFrance - 2019-07-27

(C. Jardin) #1

Le monde et l’Europe en bref


Salvini refuse l’entrée de migrants secourus


135 migrants sont bloqués sur un na-
vire des garde-côtes italiens, mais le
ministre Matteo Salvini refuse de les
laisser débarquer. Il exige un accord
européen de répartition des migrants


avant qu’ils ne leur soient permis
d’entrer. Les survivants avaient été
sauvés par des pêcheurs tunisiens
et italiens avant d’être transférés aux
garde-côtes de l’île de Lampedusa.

Chili : un attentat à l’explosif fait huit blessés


Une bombe, envoyée par courrier, a
explosé jeudi soir dans le quartier gé-
néral de la police de Huechuraba, à
Santiago. Huit policiers ont été bles-
sés et souffrent de traumatismes
acoustiques et oculaires graves. Un
autre colis piégé, adressé à l’ex-mi-
nistre de l’Intérieur Rodrigo Hinzpe-
ter, a été identifié avant d’exploser


dans les locaux de son entreprise.
L’envoi d’engins explosifs, peu fré-
quent au Chili, connaît une hausse
inquiétante depuis deux ans. Cette
exposition intervient en pleine polé-
mique autour du projet de loi anti-
terroriste que tente de faire pas-
ser le président chilien Sebastián
Piñera.

La Tunisie enterre son Président et prépare un scrutin


L’enterrement de Béji Caïd Essebsi,
décédé jeudi à 92 ans, aura lieu au-
jourd’hui et un deuil national de sept
jours a été décrété. L’Instance supé-
rieure indépendante des élections a


déclaré que la date de la présiden-
tielle serait avancée. « La date la plus
probable pour la présidentielle anti-
cipée est le 15 septembre, mais elle
n’est pas définitive. »

Désormais 2 500 US Marines déployés en Australie


Le Pentagone a profité de l’exercice
Talisman Sabre pour accroître sa pré-
sence en Australie. Après l’arrivée de
Marines pour prendre part à cet exer-
cice conjoint qui implique aussi des
forces japonaises, canadiennes et

néo-zélandaises, ce sont 2  500  sol-
dats américains qui sont stationnés
à Darwin (nord). 34 000 soldats par-
ticipent à Talisman Sabre qui a vu un
assaut amphibie avec 2 000 soldats
à Stanage Bay (photo).

US Army

À 100 ans, elle se lance en politique
L’Allemande Lisel Heise a été élue conseillère municipale.
Cette centenaire se bat pour la jeunesse et le climat.

Il n’y a pas d’âge pour entrer en po-
litique. Après l’adolescente Greta
Thunberg, qui mobilise la jeunesse
mondiale du haut de ses 16 ans, c’est
au tour d’une très vieille dame d’éle-
ver la voix pour le climat. Quelques
semaines après avoir soufflé ses cent
bougies, l’Allemande Lisel Heise a
créé la surprise en étant élue en mai
au conseil municipal de Kirchheim-
bolanden, dans l’ouest du pays.
À la retraite depuis quarante  ans,
cette ancienne enseignante passait
ses journées à jardiner et à se prome-
ner dans sa ville de 8 000 habitants.
Elle s’est découvert une vocation tar-
dive lorsqu’on lui a coupé le micro
durant une réunion publique où elle
plaidait pour la réouverture de la pis-
cine municipale.

Respectée
Il en fallait plus pour l’intimider. La
centenaire a alors décidé de s’enga-
ger pour la jeunesse. La mobilisation
climatique lancée par la jeune Sué-
doise l’a aussi inspirée. « Les jeunes
me donnent vraiment de l’espoir  »,
confie-t-elle.
Souvent vêtue de blanc, comme
ses cheveux, elle sait tirer parti de
son grand âge pour dire tout haut
ce qu’elle pense. Elle n’hésite pas

à tacler le climatosceptique Donald
Trump. «  J’ai honte que son grand-
père vienne d’ici », siffle-t-elle.
Son franc-parler a séduit les habi-
tants. Durant la campagne, elle est
passée de la 20e à la 1re position sur
la liste du parti Ensemble pour Kibo,
qui a centré son programme sur le
développement durable, la participa-
tion citoyenne et la mobilisation des
jeunes.
« Elle a un caractère fort et beau-
coup d’énergie, loue Thomas Bock,
l’élu local qui a repéré le potentiel de
la centenaire. Tout le monde la res-
pecte. »
Alice BROGAT.

Lisel Heise a séduit les habitants
grâce à son franc-parler.

Daniel Roland, AFP

Grèves dans les aéroports italiens et espagnols


Une grève générale du secteur aé-
rien a perturbé le trafic et annulé des
dizaines de vols, hier, en Italie. Piloté
par les syndicats, le mouvement ré-
clame un meilleur respect des règles
de la concurrence et l’imposition de
normes pour lutter contre le «  dum-
ping contractuel et salarial  ». Ce

week-end, l’aéroport de Barcelone
se prépare, lui aussi, à un mouve-
ment de grève. Hier, la compagnie
espagnole Vueling a annoncé l’annu-
lation de 112  vols. Le ministère des
Transports estime que 1  000  vols
pourraient être affectés sur toute la
période de grève.

Londres inflige une amende à la chaîne russe RT


Le régulateur britannique des
médias a infligé une amende de
200 000 livres (225 000 €) à la chaîne
russe RT, à qui il reproche son traite-
ment partial de l’empoisonnement
d’un ex-agent double russe à Salis-
bury et du conflit en Syrie. RT devra

aussi annoncer sur son antenne les
résultats de l’enquête du régulateur.
Moscou, qui accuse régulièrement
les médias britanniques de défor-
mer les faits dans leurs publications
concernant la Russie, menace les
médias britanniques de représailles.

L’État américain renoue avec la peine de mort


L’administration Trump a annoncé la reprise des exécutions au niveau fédéral après seize ans


d’interruption, en écho aux appels du président de recourir davantage à la peine capitale.


Le moratoire
Rétablie en 1988, la peine capitale
fédérale a été officieusement sus-
pendue en 2003  : cette année-là,
après l’exécution de Louis Jones, vio-
leur et assassin d’une militaire amé-
ricaine, un moratoire informel a été
mis en place. Au niveau fédéral, ce
type de châtiment est rare  : seules
trois exécutions ont été réalisées au
cours des quarante-cinq  dernières
années  : celle de Louis Jones en
2003, ainsi que celles de Timothy
McVeigh, responsable de l’attentat
d’Oklahoma City et de Juan Garza,
un triple meurtrier, tous deux exécu-
tés en 2001.


Les infractions fédérales
Les tribunaux fédéraux peuvent
être saisis dans le cas d’infractions
comme la trahison, l’espionnage, le
trafic majeur de stupéfiants, la ten-


tative d’homicide d’un témoin, d’un
juré ou d’un magistrat, l’assassinat
d’un élu du Congrès ou du Président,
le meurtre par usage d’explosifs ou
d’armes chimiques, les crimes de
guerre. Actuellement, soixante-

deux personnes se trouvent dans les
couloirs de la mort de pénitenciers
fédéraux, contre plus de 2 600 dans
les prisons des vingt-neuf États où la
peine capitale est encore en vigueur.

Le nouveau protocole
Le ministère de la Justice a adopté
un nouveau protocole d’injection lé-
tale. Il a renoncé à un cocktail contro-
versé (car pas toujours fiable) de
trois produits au profit du seul pen-
tobarbital, produit en Suède et uti-
lisé pour euthanasier des animaux.
Selon le Death Penalty Information
Center (DPIC), l’injection létale ne ga-
rantit pas une mort rapide et le DPIC
recense des dizaines de cas d’exé-
cutions bâclées (les botched execu-
tions), dénonçant une « barbarie ».

Trump pour la peine capitale
Le Président réclame un usage ren-

forcé de la peine capitale, comme
après la tuerie dans une synagogue
de Pittsburgh en octobre 2018. Dé-
sormais en campagne pour sa réé-
lection, et face aux démocrates qui
réclament l’abolition de la peine de
mort, Trump promet de la « fermeté »
à son électorat, favorable à la peine
capitale  : 77  % des républicains la
jugent justifiée en cas de meurtre,
contre 35 % des démocrates.

Cinq exécutions à venir
Le ministère de la Justice a pro-
grammé cinq exécutions dans un pé-
nitencier fédéral à Terre Haute dans
l’Indiana (nord) entre le 9  décembre
et le 15 janvier. Elles concernent cinq
hommes condamnés par des jurys
fédéraux pour avoir tué, et parfois tor-
turé et violé, des enfants ou des per-
sonnes âgées, et qui ont épuisé tous
les recours légaux.

Des catholiques contre la peine de
mort manifestent en Californie.

Reuters

Taxe Gafa : Trump s’en prend à Emmanuel Macron
Le président américain Donald
Trump a réagi, hier, au projet de taxe
française sur les géants du numé-
rique en dénonçant la «  stupidité  »
d’Emmanuel Macron. Il a menacé
de taxer le vin français en «  repré-
sailles ». Larry Kudlow, le principal
conseiller économique de la Mai-
son-Blanche, a également qualifié
le projet de taxe Gafa de « très, très
grosse erreur ». Cette taxe doit créer
une imposition des grandes entre-
prises du secteur, comme Facebook

et Google, sur leur chiffre d’affaires
réalisé en France.

Brendan Smialowski, AFP

Le Kremlin en quête désespérée... de Russes


Il y a de moins de moins d’habitants en Russie, un phénomène que la présidence russe


ne parvient pas à inverser malgré la création de plusieurs aides destinées aux grandes familles.


Moscou.
De notre correspondant


«  Nous sommes économiquement
défavorisés selon les termes offi-
ciels. Depuis quelques années,
nous apprenons à vivre sans l’État,
il nous délaisse  », explique Svet-
lana, une vendeuse de 41 ans. Avec
son mari, cuisinier, et ses quatre en-
fants, elle vit dans un petit apparte-
ment de la banlieue sud de Mos-
cou. Son sentiment est partagé par
de nombreuses mères de famille sur
les réseaux sociaux et va totalement
à l’encontre du discours tenu par le
Kremlin. «  La dernière fois que j’ai
demandé de l’aide aux services de
l’État, on m’a répondu que je regar-
dais trop la télévision  », s’amuse la
mère de famille.


« Humiliant »

L’anti « baby-boom » des années
1990, l’espérance de vie limitée des
hommes russes et l’extrême pau-
vreté du pays maintiennent la Russie
dans une crise démographique inex-
tricable. «  La Russie perd sa popu-
lation de manière catastrophique »,
a déclaré il y a quelques semaines
Tatiana Golikova, vice-Première mi-
nistre. Il y a aujourd’hui 144,4 mil-
lions d’habitants en Russie. Le pays
pourrait perdre 10 millions d’habi-
tants d’ici à 2050. Un coup dur pour
la « Russie forte » vantée par Vladimir
Poutine.
Seule solution à court terme : pous-
ser les Russes à fonder de grandes
familles. Aide financière de l’État


pour chaque nouvel enfant, dotation
pour permettre l’achat d’une mai-
son ou le financement des études,
aide au remboursement des prêts
hypothécaires de 450  000  roubles
(6  000  €)... les coups de pouce se
multiplient.
Chargé d’étudier la question pour la
Chambre civile de Russie (un organe
consultatif), Sergueï Rybalchenko
s’inspire de la France : « Nous nous

sommes rendus sur place ; il y a no-
tamment une Union nationale des
associations familiales, nous sou-
haitons créer la même chose en
Russie. Nous soutenons les orga-
nisations qui aident la famille à se
considérer comme un tout impor-
tant de notre société et qui entre-
tiennent ces valeurs familiales. »
Une gigantesque pastèque à côté
de l’évier, une poêlée et une soupe

sur le feu, Svetlana montre son
compte en banque. « Je reçois plus
que la moyenne, soit 8 000 roubles
(environ 110  €) par mois pour les
trois jeunes enfants. Mais il faut in-
sister pour obtenir certaines aides
pourtant dues. On se retrouve à exi-
ger des choses alors qu’avant ça se
faisait naturellement. Il y a un côté
humiliant. »
Paul GOGO.

Matveï, Eliseï, Veronika et leur mère Svetlana. Viktoria, absente de la photo, vit désormais en Allemagne.

Paul Gogo

Maroc : un glissement de terrain tue quinze personnes


Dans l’Atlas, au sud de Marrakech,
une camionnette transportant quinze
personnes, dont un enfant, a été re-
couverte entièrement par de la boue

provoquée par de fortes pluies. La
camionnette allait en direction de
Taliouine, au centre du pays, depuis
Casablanca.

Algérie : une commission électorale sans élections


Abdelkader Bensalah, le président
par intérim, a mis en place une com-
mission de six membres chargée de
superviser le dialogue national et
d’organiser des élections présiden-
tielles. La nouvelle commission sera


dirigée par l’ancien président du Par-
lement, Karim Younès. Mais les élec-
tions prévues, le 4 juillet, ont été an-
nulées à cause d’un manque de can-
didats. Aucune nouvelle date n’a été
annoncée par les autorités.

Au Yémen, de l’or noir tourne en bombe
Un tanker contenant du pétrole est au large du Yémen depuis des
années. L’Onu s’inquiète d’une « explosion catastrophique ».

Une nouvelle crise s’annonce au
Yémen. Cette fois-ci, elle est écolo-
gique. Tout se passe au port de Ras
Issa, au nord-ouest du pays, où un
vieux tanker est ancré à 50  km du
port de Al-Hodeïda. Le SAFER FSO
et contient environ 1,14  million de
barils et est amarré depuis plusieurs
années. L’ancien pétrolier de 360 m
de long a été converti en un terminal
flottant de stockage et de décharge-
ment de brut. Avant la guerre, il trans-
férait des hydrocarbures yéménites
de Ras Issa vers d’autres pétroliers,
offrant une alternative moins coû-
teuse à la construction d’un port.
Corrosion et fuites

Comme Al-Hodeïda, Ras Issa est
sous le contrôle des milices chiites
qui empêchent l’Onu d’accéder au
tanker pour l’entretenir. La valeur de
la cargaison bloquée sur le tanker
est estimée à 72  millions d’euros et
les Houthis voudraient en tirer profit.
Mais les sanctions internationales in-
terdiraient toute vente du brut.
Selon une étude de l’Observatoire
des conflits et de l’environnement,
les moteurs du SAFER n’ont pas été
démarrés depuis plusieurs années.
Le manque d’entretien a également
exposé la structure à la corrosion et

aux fuites. Bref, le navire commence
à ressembler à une bombe flottante.
À titre de comparaison, la fuite, en fé-
vrier, dans la raffinerie Total de Grand-
puit (Seine-et-Marne), n’avait touché
que 5 500 barils, soit 207 fois moins
que la capacité du SAFER.
Pour Mark Lowcock, vice-secré-
taire général pour les affaires huma-
nitaires de l’Onu, selon la période de
l’année et les courants marins, le dé-
versement de la cargaison de ce tan-
ker pourrait s’étendre de Bab-el-Man-
deb (entre le Yémen et Djibouti) au
canal de Suez, soit sur 2 300 km. Ou
même atteindre le détroit d’Ormuz, à
2 100 km.

Mourad KAMEL.

200 km

Sanaa

Al-Hodeïda

RasIssa

Aden

Mer Rouge

ARAB IE SAO UDIT E

YÉMEN
O.-F.

27-28 juillet 2019
2 Monde/Europe

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