OuestFrance - 2019-07-27

Son coup de cœur

«  La percée des Verts lors des élec-

tions européennes m’a réjouie, d’au-

tant que ce vote a inspiré de nom-

breux jeunes. Cela témoigne d’une

prise de conscience de la fragilité

de notre environnement. Il y a long-

temps que le sport m’a appris ça.

Respecter la nature, c’est se respec-

ter soi-même. L’urgence consiste

à changer de mode de vie. Je suis

avec intérêt le développement de la

« slow attitude », un mode de vie prô-

nant les bienfaits de la lenteur. C’est

peut-être un vrai espoir. »

L’INTERVIEW DU SAMEDI

Nathalie Simon : « L’anonymat n’a rien de pénible »

Vous avez disparu des radars.

Alors, que devenez-vous ?

(Amusée) Vous ne me voyez plus

sous les radars, mais ce n’est pas

le cas des téléspectateurs du Sud.

J’anime chaque dimanche sur

France 3 Paca une émission dé-

diée à la découverte des villes et de

leurs habitants, baptisée Chroniques

méditerranéennes. Le territoire va

d’Arles à Monaco... c’est vaste. Les

auditeurs de France Bleu peuvent

aussi entendre ma voix.

Est-ce qu’on vous arrête toujours

dans la rue ?

Oui, ça m’arrive...

« Je ne cultive pas

la nostalgie »

Que vous disent les gens ?
Beaucoup m’assurent que j’ai bercé
leur jeunesse. J’ai parfois l’impres-
sion d’être Highlander, ou plutôt sa
mère (rires). C’est là que je mesure
l’impact d’émissions populaires
comme Intervilles et La Carte aux tré-
sors. D’autres me parlent de mes an-
nées de planche à voile, me disent
que je leur ai donné envie d’en prati-
quer. C’est toujours sympa.

Quand on a été star de TF1
et France 2, ne ressent-on pas
un grand vide ensuite ?
Franchement, je n’ai jamais cogité
sur ce phénomène de « petite mort »

ou ce genre de choses. Je peux

comprendre qu’on me fasse remar-

quer que je suis passée du réseau

national au régional, mais cela n’a

jamais été une question existen-

tielle. L’anonymat n’a rien de pénible

pour moi.

Intervilles, c’était tout de même

une grosse machine non ?

Oui, c’est sûr ! Mais être populaire

n’est pas mon but. S’éclater dans

ce qu’on fait, si ! C’est mon cas. Je

ne cultive pas la nostalgie, je baigne

dans l’instant présent. C’était aussi

le cas quand j’animais La Carte aux

trésors. Vous savez, je suis d’une na-

ture heureuse.

Avoir été championne de

planche à voile vous a-t-il aidé à

nager dans l’océan audiovisuel ?

Le sport a véritablement construit

ma vie. Gamine, j’étais timide. La

planche à voile m’a aidée à prendre

confiance, à me battre à la loyale.

Mais le monde de la télévision

est-il loyal ?

Disons que ses règles sont moins

nettes que celles du sport. À la

télé, il n’y a pas de place pour tout

le monde. On est assez seul finale-

ment. Les requins y sont plus nom-

breux que dans les océans... Moi, je

n’ai jamais changé, ce qui m’a sou-

vent fermé des portes. Le show-biz,

cela n’a jamais été mon truc. J’ai

gardé les mêmes amis.

Lorsque TF1 a fait appel à vous,

en 1991, il n’y avait pas

de sportive à l’antenne.

J’ai fait office de pionnière et j’en

suis heureuse. Les femmes étaient

rares à l’époque. Les rapports avec

les hommes étaient compliqués.

Moi, j’en ai peu souffert. Je pense

que mon passé de véliplanchiste me

conférait le respect des hommes.

J’amenais mon côté Corto Maltese à

l’antenne.

On vous avait aussi recruté

pour votre physique, non ?

Sans doute, mais aussi parce que

j’adore communiquer. Je sais bien

qu’on demande à une femme d’être

jolie, souriante, ce qui n’est pas le pre-

mier critère à la télé pour un homme.

Le direct ne vous a jamais

rebutée ?

Mon tempérament m’a aidée à gérer

la boule au ventre. À l’antenne, tu te

jettes à l’eau, comme en compétition.

Tu dois simplement être bon.

« Avoir envie de se

lever le matin »

Le sport est à ce point un fil

rouge que vous en avez tiré un

livre, Les bienfaits du sport.

Quel message portez-vous ?

Le sport a de multiples vertus. Il est

facteur de confiance en soi. Il amé-

liore la productivité au travail, dé-

cuple l’acuité intellectuelle, permet

de rester zen et d’être plus réactif.

De stimuler les glandes

endorphines aussi...

Bien sûr, et d’autres hormones, telle

la dopamine. Le sport est utilisé pour

traiter la dépression. L’idée, c’est que

le corps sécrète des substances qui

donnent envie de se lever le matin.

Enfiler ses baskets et aller marcher,

ça suffit. Pas besoin de faire du triath-

lon, comme moi, ou de faire une di-

zaine d’heures de sport par semaine.

Dans votre livre, vous vous êtes

entourée d’experts. Pourquoi ?

Pour qu’ils répondent aux questions

que je me pose et que les femmes

se posent. Des questions de vie, tout

simplement, liées à la maternité, la

maladie, la nutrition, la ménopause...

Winston Churchill estimait que

le secret de sa forme, c’était

« fumer, boire et zéro sport ».

Votre propos est aux antipodes,

c’est ça ?

Justement, j’ai vu le film sur lui l’an

dernier au ciné (Les heures sombres),

et ça ne m’a pas donné envie d’avoir

la même philosophie que lui, bien au

contraire...

Recueilli par

Jean-Pascal ARIGASCI.

Les bienfaits du sport, préface de

Joël de Rosnay, éditions Hugo.

220 pages, 16,50 €.

Moins exposée sur

le petit écran qu’à la

grande époque

d’Intervilles ou de

La Carte aux trésors,

Nathalie Simon vit

toujours dans un

tourbillon. L’animatrice

met toute son énergie

à convaincre des

bienfaits du sport.

Sa vitalité contagieuse,

elle l’exprime par des

recettes dévoilées

dans un livre.

Natalie Simon : « Le sport donne envie de se lever le matin. Enfiler ses baskets et aller marcher, c’est suffisant. »

Matthieu Colin

Ses dates clés

1964. Naît le 25  octobre à Neuilly
      (Hauts-de-Seine).


1965. Effectue un raid en planche à
      voile sur le fleuve Amazone.


1966. Championne de France de
      planche à voile.


1967. Débute à la télé en tant que
      présentatrice de Minuit Sport sur TF1.


1968. Présente Les Trésors du
      monde sur France 2.


1969. Coprésente Intervilles sur TF1
      au côté de Jean-Pierre Foucault.


1970. Coanime Capitale d’un soir sur
      TF1 avec Philippe Risoli.


1971. Naissance de sa fille, Nina.


1972. Anime À bout de forces sur
      M6.
      2005-2009. Coprésente Intervilles
      sur France 2, puis France 3.


1973. Présente C mieux dehors sur
      France 3 Méditerranée.
      2007-2009. Anime La Carte aux tré-
      sors sur France 3.
      2011-2016. Chroniqueuse bien-être
      dans Midi en France sur France 3.
      Depuis 2014. Arrive sur France Bleu
      pour donner des conseils santé-
      forme.
      Depuis 2017. Tient ses Chroniques
      Méditerranéennes sur France 3.

Lors des années Intervilles.

DR

Son rapport à l’Ouest

« Je vis à Marseille mais mon port d’at-

tache, c’est Carolles dans la Manche.

J’y vais en vacances depuis toute pe-

tite, je ne compte plus le nombre de

fois où on a traversé à pied la baie

du Mont-Saint-Michel en famille. Ca-

rolles, c’est d’ailleurs une très vieille

histoire de famille. Mon arrière-grand

père était le peintre Jacques Simon,

lui-même fils du peintre orientaliste

Ernest Simon. La maison s’est trans-

mise de génération en génération.

Mes parents y résident toujours, ils

ont gardé l’atelier de peinture. Ce qui

est encore moins banal, c’est qu’ils

habitent rue Jacques-Simon... »

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