OuestFrance - 2019-07-27

Les automobilistes prennent trop de risques

Sur la route des vacances, les Français sont conscients des dangers, mais négligent leur sécurité,

comme en témoigne l’utilisation fréquente du téléphone au volant.

Sur la route, le comportement
du conducteur est paradoxal. La
connaissance des dangers ne l’em-
pêche pas d’être imprudent. Deux
études en témoignent.
Interrogés par Harris Interactive
pour l’Association des sociétés d’au-
toroutes, les Français classent l’uti-
lisation du téléphone au volant au
deuxième rang des principaux fac-
teurs d’accident, juste derrière l’al-
coolémie.
Pourtant, plus de quatre conduc-
teurs sur dix (41 %) avouent interagir
avec leur téléphone sur l’autoroute,
sans toutefois le prendre en main, et
37 % l’utilisent en le tenant. Des pro-
portions qui explosent de manière in-
quiétante chez les moins de 35 ans,
respectivement à 69 % et 61 %.
Un autre sondage  –  Ifop pour
MMA  –  souligne d’autres contra-
dictions. Par exemple, 78  % des
conducteurs qui s’apprêtent à ef-
fectuer un long trajet modifient leur

temps de sommeil au moment du

départ, mais... 76 % se lèvent plus tôt

et 15 % se couchent plus tard. Résul-

tat, la somnolence les guette : 58 %

des personnes interrogées ont déjà

connu un tel épisode.

Week-end chargé

De même, si 79  % des conducteurs

consultent les prévisions de trafic,

seule la moitié en tient compte pour

décider de l’heure de départ (52  %)

et 24 % du jour de départ ou de l’iti-

néraire.

Cela n’empêche pas d’annoncer

que la circulation restera difficile

ce week-end  : dimanche est classé

orange par Bison Futé et samedi

rouge dans le sens des départs et

orange pour les retours. L’accès à

la France et à l’Italie par le tunnel du

Mont-Blanc sera également compli-

qué, tout comme les déplacements

sur l’arc méditerranéen, des côtes ita-

liennes à celles du côté espagnol.

...mais seuls

saventqu’il fauteffectuer

unepauseto utesles2heures

surlaroute

des Français

choisissent

d’al te rn erlaconduite

avec unautre

conducteur

74 %

44 %

55 %

prévoientd’enfaire

à cette fréquence

Source: sondageIfopréaliséepourMMA. Ouest-Fr ance- Photo : Fo tolia.

2Fr ança issur3vont partir envacances envoiture cetété

Le monde et la France en bref

Le tarif réglementé de vente du gaz, appliqué par

Engie à 4,5 millions de foyers, va baisser de 0,5 %

au 1er  août. Cette réduction suit une première

baisse de 6,8 %, le 1er juillet.

Gaz

Le regard de Chaunu Le canot de la SNSM de l’île de Sein part aux Sables

La Société nationale de sauvetage

en mer (SNSM) va mettre le canot

de sauvetage de l’île de Sein à dis-

position de la station des Sables-

d’Olonne (Vendée). Le prêt ne de-

vrait pas aller au-delà du 15  sep-

tembre, selon la SNSM. Depuis le

chavirage du Patron Jack Morisseau,

le 7  juin, lors de la tempête Miguel

et l’indisponibilité du second ca-

not pour des raisons techniques,

la station des Sables-d’Olonne se

trouve sans moyen hauturier. Les

stations d’Audierne et de Molène

veilleront sur la zone de l’île de

Sein.

Décès du cardinal cubain Jaime Ortega à 82 ans

Primat de l’Église catholique cubaine,
il avait subi les persécutions du ré-
gime communiste avant de jouer un
rôle de premier plan dans l’améliora-
tion des relations entre le clergé et le
gouvernement. Ce dignitaire catho-

lique était devenu une figure incon-

tournable de la vie politique cubaine,

surtout après la réforme de la Consti-

tution en 1992 qui a garanti la liberté

religieuse.

Migrants : le fichier des mineurs validé par les Sages

Le Conseil constitutionnel a validé,
hier, le fichier controversé des mi-
neurs isolés étrangers, accusé par
des associations de servir la lutte
contre l’immigration irrégulière au dé-
triment de la protection de l’enfance.
Ce fichier biométrique, créé par la loi
asile et immigration de 2018, vise à
rassembler les empreintes digitales
et les données de tous les jeunes

étrangers estimés mineurs à leur

arrivée en France, pour rationaliser

leur prise en charge par les dépar-

tements, selon les pouvoirs publics.

Une vingtaine d’associations, dont

l’Unicef et Médecins du monde,

avaient déposé une question prio-

ritaire de constitutionnalité (QPC)

contre ce fichier.

Libye : soixante-deux corps de migrants repêchés

Les secours libyens ont annoncé,
hier, avoir repêché les corps de
soixante-deux migrants. Leur embar-
cation avait chaviré, hier, au large de
Khoms, à 120 km à l’ouest de Tripoli.

Au moins 150 migrants étaient por-

tés disparus, alors que 145 autres

avaient été secourus par des gardes-

côtes libyens et des bateaux de

pêche.

Mort de Pierre Péan, écrivain et journaliste

Le spécialiste de l’enquête est décédé, jeudi, à 81 ans. Né à

Sablé-sur-Sarthe, il avait de nombreuses attaches dans l’Ouest.

«  Les journalistes d’investigation

d’aujourd’hui travaillent à toute vi-

tesse. » Pour Pierre Péan, le choix

des mots était important. Celui qui

se définissait comme un « journaliste

d’initiative », c’est-à-dire qu’il choisis-

sait son sujet, s’est éteint jeudi soir, à

l’hôpital d’Argenteuil (Val-d’Oise).

Né en 1938 à Sablé-sur-Sarthe

(Sarthe), il avait commencé sa car-

rière en 1968 à l’Agence France

Presse (AFP). Il avait rejoint ensuite

L’Express et Le Nouvel Économiste.

Afrique, médias

et personnalités politiques

Il s’est fait connaître avec ses en-

quêtes fouillées, qu’il publiait à rai-

son d’un livre tous les un ou deux

ans. C’est en 1979, dans Le Canard

Enchaîné, qu’est sortie sa première

grande affaire  : les diamants que

l’empereur Bokassa de Centrafrique

aurait offerts au président français

Valéry Giscard d’Estaing. L’Afrique

était l’une de ses préoccupations,

tout comme les médias et la face ca-

chée des personnalités politiques.

Dans son enquête sur le géno-

cide rwandais, il prenait la défense

du gouvernement français, accusé

d’avoir participé au génocide contre

les Tutsis, déclenchant ainsi une po-

lémique. C’est aussi lui qui a révélé le

passé trouble de François Mitterrand

sous le régime de Vichy. Lui, reven-

diquait d’enquêter librement, malgré

plusieurs procédures judiciaires.

Ses attaches avec l’Ouest étaient

nombreuses. Ses parents tenaient un

salon de coiffure à Sablé-sur-Sarthe,

où il a vécu jusqu’à ses 21  ans. Il

avait étudié le droit à Angers (Maine-

et-Loire). En 2014, il a été élu en tant

que candidat libre, à Maumusson,

près d’Ancenis (Loire-Atlantique). En

2017, il a fait revivre sa ville natale, Sa-

blé, sous l’Occupation dans son livre

Ma petite France.

Cléa PECULIER.

Pierre Péan s’est particulièrement

intéressé à l’Afrique.

Archives Daniel Fouray, Ouest-France

Interpellation de lycéens : l’enquête de l’IGPN classée

L’image des jeunes à genoux inter-

pellés à Mantes-la-Jolie avait indigné.

Le parquet de Nanterre a classé sans

suite une enquête confiée à l’IGPN

(la police des polices) sur l’interpella-

tion fin 2018 de 151 jeunes en marge

d’une mobilisation lycéenne. Cette

enquête préliminaire concernant

douze plaintes avait été ouverte le

12 février. Le dossier doit être bientôt

confié à un juge.

Les cigarettes électroniques nocives selon l’OMS

L’Organisation mondiale de la

santé a déclaré, dans un rapport

rendu hier, que les cigarettes élec-

troniques étaient «  incontestable-

ment nocives  ». L’OMS préconise

de réguler ces dispositifs et les dé-

conseille aux personnes souhai-

tant arrêter de fumer. Ces cigarettes

dites électroniques permettent de

«  vapoter  », c’est-à-dire d’inhaler

des vapeurs émanant de liquides.

La plupart d’entre eux contenant de

la nicotine, les autorités de santé

s’inquiétaient de voir le nombre

de jeunes à consommer du tabac

augmenter.

Ronen Zvulun, Reuters

Pourquoi les trains n’aiment pas la chaleur

En cas de forte chaleur, les installations ferroviaires peuvent être

endommagées. Plusieurs incidents récents l’ont démontré.

Une panne d’alimentation électrique

a perturbé, hier matin, l’ensemble

du trafic en gare du Nord, des RER

jusqu’aux Thalys et Eurostar. À l’ori-

gine de l’incident  : «  un câble élec-

trique souterrain ayant pris feu  »,

indique la SNCF.

Malgré le renforcement de son

plan «  fortes chaleurs  », la SNCF ne

maîtrise pas tout. Depuis un mois,

retards et annulations se multiplient.

Alors, pourquoi tant d’ennuis ? Tout

d’abord, les rails, constitués à 95  %

d’acier, peuvent se dilater et la voie

se déformer. Le train doit donc ralen-

tir.

Voyages déconseillés

Autre victime potentielle du soleil  :

la caténaire. Ce câble d’alimentation

électrique peut s’allonger, alors qu’il

doit impérativement être rectiligne

pour bien fonctionner. Là aussi, il faut

lever le pied.

Les hautes températures peuvent

également entraîner une surchauffe

des moteurs, notamment sur les

Ouigo, qui circulent treize heures par

jour, bien plus que les autres.

Jeudi, au plus fort de la canicule,

la SNCF a appelé les voyageurs à

reporter ou à annuler leurs voyages

au départ ou à destination des vingt

départements placés en vigilance

rouge.

Élisabeth Borne, ministre des

Transports et de la Transition écolo-

gique, a également invité les usagers

à « éviter les déplacements non es-

sentiels » pendant la canicule. « Les

conditions de transport sont ren-

dues plus difficiles tant pour les

voyageurs, qu’au niveau des instal-

lations. » Déconseiller de prendre le

train en période de vacances, joli pa-

radoxe...

Maëlle BENISTY.

Hier, le trafic en gare du Nord a été

perturbé.

Julien De Rosa, EPA

Ruralité : 200 propositions pour aller de l’avant

Selon un sondage Ifop, 81 % des Français voient la campagne comme un endroit de vie idéal.

Cinq élus veulent faire de la ruralité une priorité. Ils ont déposé leur rapport au gouvernement.

Entretien

Commandé par l’exécutif (2),
avant la crise des Gilets jaunes,
votre rapport, remis hier, est-il
alarmiste sur la situation
du monde rural ?
Oui, l’urgence rurale est réelle. Pour
que la vie dans nos villages s’amé-
liore et que le sentiment d’abandon
disparaisse, il faut que beaucoup
de nos 200 propositions soient rete-
nues. Cette mobilisation aura eu le
mérite d’ouvrir les yeux aux différents
responsables gouvernementaux qui
ne faisaient pas de la ruralité une
priorité.

Comment changer l’image
de la ruralité ?
En s’en occupant ! Nos habi-
tants doivent sentir que les choses
changent. Il faut lutter contre les
déserts médicaux, proposer une al-
ternative à la voiture, faire de l’école
rurale une priorité, accompagner
la transition pour nos agriculteurs,
créer des zones franches pour que
les entreprises viennent et relancent

l’emploi, réinstaurer du service pu-

blic. Comme on a pu connaître

une politique de la Ville, il faut que

quelque chose soit mis en place en

milieu rural.

Quelles sont les grandes

propositions ?

Tout d’abord que les internes en

médecine effectuent un stage obli-

gatoire dans les zones sous-dotées.

Cela fera, à l’instant T, 3  000  méde-

cins de plus en capacité de prescrire.

Au niveau du numérique, l’arrivée du

très haut débit est importante. Mais

cela ne suffira pas. Treize millions

de Français sont en difficulté avec la

dématérialisation. Ces gens-là, il faut

leur répondre car ils étaient très nom-

breux sur les ronds-points.

En ce qui concerne la mobilité, le

milieu rural finance 30  % de la poli-

tique du transport. Or, ce milieu n’uti-

lise jamais les transports en com-

mun. On propose de rétablir un équi-

libre. Ce pourcentage doit être rendu

au milieu rural pour qu’il s’oriente

vers une autre solution que la voiture.

Que pensez-vous des maisons

France services censées pallier

la disparition du service public ?

Ce sera une bonne chose seule-

ment si les mairies des communes

alentour sont dans la boucle. Par

exemple, beaucoup de gens roulent

sans carte grise car ils n’arrivent pas

à faire leur démarche sur le site de

l’ANTS. Si en mairie on pouvait les

accueillir et faire les démarches avec

eux, ce serait efficace.

Qui est responsable

de cette situation ?

Tout le monde  : le citoyen car il ré-

clame des services de proximité,

mais ne fait jamais ses courses à

l’épicerie ; les élus qui ont contribué

à cet éloignement du service public ;

et bien sûr l’État qui continue à n’uti-

liser la ruralité que comme variable

d’ajustement pour faire des écono-

mies. Malheureusement, les techno-

crates qui sont dans les ministères

risquent de freiner l’initiative et de re-

fuser un grand nombre de nos pro-

positions.

Recueilli par

Fabien ALBERT.

(1) Aussi maire de Fercé-sur-Sarthe

(Sarthe).

(2) Jacqueline Gourault, la ministre

de la Cohésion des territoires, doit

dévoiler un plan d’action au « second

semestre ».

Un commerce multiservices, dans les Côtes-d’Armor, proposant un bar, une

épicerie, des retransmissions de matchs de football, des concerts et expositions.

David Adémas, Ouest-France

Dominique

Dhumeaux,

vice-président

de l’Association

des maires

ruraux de

France (1).

Archives Ouest-France

27-28 juillet 2019
France 3