SUD OUESTVendredi 2 août 2019 Gironde
Élisa Artigue-Cazcarra
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T
out commence dans la nuit du
24 novembre dernier. Un étu-
diant qui habite cours Victor-Hu-
go, à Bordeaux, surprend un intrus
dans son appartement tandis qu’il
sort de sa douche. Pris sur le fait, le
cambrioleur s’empare de deux ordi-
nateurs portables, asperge de gaz lacry-
mogène la victime qui tente de l’arrê-
ter et s’échappe. Mais il a laissé des tra-
ces derrière lui : un bonnet noir avec
un pompon blanc que l’étudiant
trouve dans son logement. Remis aux
enquêteurs, le couvre-chef est envoyé
pour analyses dans un laboratoire de
police scientifique. Les résultats tom-
bent ces jours derniers : un ADN a été
retrouvé sur le vêtement.
« Tentative d’assassinat »
Son propriétaire est inscrit au fi-
chier national des empreintes gé-
nétiques. Il n’est pas trop difficile à
localiser : l’homme est incarcéré de-
puis février à la prison de Gradi-
gnan, où il est en détention provi-
soire dans une affaire en cours
d’instruction de « tentative d’assas-
sinat ». Extrait de sa cellule, il est pla-
cé en garde à vue en début de se-
maine au commissariat central de
Bordeaux. Placé devant les élé-
ments qui le désignent, il nie. Pas
de quoi convaincre le parquet qui le
renvoie en comparution immé-
diate devant le tribunal correction-
nel de Bordeaux, mercredi.
C’est ainsi que l’on découvre
« Monsieur X », comme le sur-
nomme la procureure Marie-
Noëlle Courtiau. « Aujourd’hui, il
nous dit s’appeler Ibrahim Charaf
Bendaha, être de nationalité algé-
rienne et avoir 33 ans. Mais son
identité est invérifiable puisqu’il n’a
aucun papier. Il est d’ailleurs en si-
tuation irrégulière sur le territoire.
Son ADN nous apprend qu’il est
connu sous d’autres alias », pointe
la magistrate. « Et puis, nous savons
très bien qu’il existe un marché pa-
rallèle pour le type de butin qu’il a
dérobé », ajoute-t-elle, en référence
aux deux portables.
« Je préfère les casquettes »
Crâne rasé sur les côtés, chevelu sur
le sommet, le prévenu ne bronche
pas. Il vivrait en France depuis deux
ans, aurait fui l’Algérie « à cause de
menaces » et serait arrivé à Bor-
deaux quelques mois avant le cam-
briolage du cours Victor-Hugo. Un
larcin qu’il conteste toujours. Son
principal argument? « Je ne porte ja-
mais de bonnet. Je préfère les cas-
quettes. » « On ne va pas y passer
107 ans, s’impatiente le président,
Jean-Luc Ybres. Comment expli-
quez-vous que l’on y trouve votre
ADN? » Un ange passe. L’avocate de
la défense plaide tout de même la
relaxe.
Il n’en sera rien : « Monsieur X » a
été condamné à six mois de prison
ferme avec un mandat de dépôt à
l’audience. Neuf mois ferme
avaient été requis.
Le propriétaire du bonnet était
inscrit au fichier national des
empreintes génétiques. AFP
BORDEAUX Le voleur s’était introduit dans un logement, en pleine
nuit, en présence du locataire. Il a été confondu grâce à un couvre-chef
« Monsieur X » et le
bonnet noir à pompon
Un scénario ressemblant à une
farce, des premiers et seconds rô-
les très bien interprétés à force de
répétitions, une distribution inha-
bituelle avec un agent immobilier
bordelais en guest star... Pas de
film à l’affiche mais un vrai dossier
de proxénétisme aggravé, jugé ré-
cemment par le tribunal correc-
tionnel de Bordeaux.
Tout est parti d’une dénoncia-
tion en novembre 2017. Les visites
quasi quotidiennes d’un homme
dans un salon de coiffure afro du
cours de l’Yser à Bordeaux ont fini
par intriguer. Tout comme les pas-
sages et sorties, sans achat, de filles
connues pour se prostituer.
Investigations, filatures et sur-
veillances des policiers chargés de
l’enquête sont venues confirmer
cette fréquentation assidue des
lieux. « Je ne savais pas que
c’étaient des prostituées », assure
Beauty, la gérante du salon arrivée
en France grâce à un passeur payé
par sa mère et jugée pour compli-
cité de proxénétisme. La justice
pense que son commerce servait à
collecter les fonds provenant de la
prostitution avant qu’ils ne soient
blanchis et renvoyés au Nigéria.
Là « pour acheter des mèches »
Elle s’en défend à la barre à la-
quelle elle doit s’accrocher pour
ne pas s’enfoncer davantage.
L’homme, Chuwugozie Umeh, un
Nigérian de 42 ans, aurait presque
tous les jours fait le trajet en train
depuis Périgueux pour... « dire
bonjour » et... « acheter des mè-
ches »! « Je suis là pour vendre.
Chez moi, c’est pas un endroit
pour déposer de l’argent. » Les car-
nets retrouvés chez elle? « Mes
comptes. » Les enveloppes avec le
nom des filles? « Celles qui
n’avaient pas fini de payer les mè-
ches. »
Beauty et les autres filles avaient
le même bailleur, un agent immo-
bilier qui jure aujourd’hui qu’il ne
savait pas qu’il louait les apparte-
ments insalubres de son père à
des prostituées payant comptant.
Malgré des réquisitions de prison
avec sursis, le Bordelais a été sau-
vé et relaxé par la jurisprudence.
Les prostituées travaillaient dans
la rue, pas dans les logements four-
nis par le prévenu.
Interpellé avec près de 6 000 eu-
ros dans son caleçon en sortant du
salon de Beauty, Chuwugozie
Umeh a assuré que, n’habitant pas
un endroit précis, il avait trouvé
cette solution pour placer son
épargne. Il est soupçonné d’avoir
servi de facteur pour Bruce Ibea-
buchi, lui aussi Nigérian, qui n’a eu
de cesse de répéter qu’il voulait
juste acheter... des camions.
Le moins que l’on puisse dire,
c’est que les juges n’ont pas cru ces
explications farfelues. Les deux
hommes ont été condamnés à
quatre ans de prison ferme et ont
commencé à purger leur peine.
Florence Moreau
BORDEAUX Le tribunal correctionnel a prononcé
jusqu’à 4 ans de prison ferme contre des proxénètes
Beauty, le facteur et
l’acheteur de camions
Le dossier de proxénétisme aggravé était jugé au tribunal
correctionnel de Bordeaux. ARCHIVES S. L.
BORDEAUX
Un homme grièvement
blessé par des coups
de couteau
Les faits se sont déroulés vers 17 heures,
hier, en pleine rue, à l’arrêt de tramway
de l’hôpital Pellegrin, à Bordeaux :
un homme a été poignardé à plusieurs
reprises, notamment au niveau du
thorax. Il a été grièvement blessé.
La victime a été prise en charge par
les secours et hospitalisée. Rapidement
arrivée sur les lieux, la police a interpellé
deux suspects, deux hommes, majeurs,
qui se trouvaient jeudi soir en garde
à vue au commissariat central de
Bordeaux. Connaissaient-ils la vic-
time? Pourquoi a-t-elle été agressée?
Autant de questions auxquelles
l’enquête, tout juste ouverte, doit
répondre.
SAINT-MICHEL-DE-FRONSAC
Coincé sous son tracteur, il
a succombé à ses blessures
L’homme de 40 ans qui s’était retrouvé
coincé sous son tracteur alors qu’il pro-
cédait à des travaux dans des vignes du
Château Mazeris-Bellevue, à Saint-Mi-
chel-de-Fronsac, mercredi (notre édi-
tion d’hier), a succombé à ses blessures,
a-t-on appris hier. Une enquête de gen-
darmerie a été ouverte pour faire la lu-
mière sur cet accident du travail mortel.
Cinq vaches tuées par un train. Six
vaches qui se promenaient sur la voie ferrée
ont été percutées par un TER, hier, vers
9 heures, à Saint-Sulpice-et-Cameyrac. Cinq
sont mortes sur le coup, la sixième a été
grièvement blessée. Aucun passager du TER
n’a été blessé. La circulation des trains a été
perturbée pendant près d’une heure.
FAITS DIVERS
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