SUD OUESTVendredi 2 août 2019
Actu Monde France
Jean-Denis Renard
[email protected]
L
es nouvelles règles qui débou-
lent en catimini au cœur de
l’été sont rarement douces au
porte-monnaie. Publiée sous forme
d’un décret le 17 juillet au Journal of-
ficiel et entrée en vigueur hier, la ré-
vision de la prime à la conversion ne
fait pas mentir cette tradition répu-
blicaine. Elle rabote les avantages du
dispositif et en exclut des ménages
considérés comme trop fortunés
pour être aidés.
Ce coup de frein vise à éteindre
un début d’incendie. Trop popu-
laire, la prime à la conversion
creuse la dépense publique. Le
gouvernement a débloqué
600 000 euros au titre de l’exer-
cice 2019. Or à la cadence actuelle,
on se dirige allègrement vers les
900 000 euros en fin d’année.
« 250 000 demandes d’aides
ont d’ores et déjà été déposées au
14 juillet 2019 pour accompagner
les Français dans leur change-
ment de véhicule, contre 100 000
au cours du premier semestre de
l’an dernier. Si un tel rythme de dé-
pôt de près de 10 000 demandes
par semaine était maintenu, plus
de 450 000 dossiers seraient dé-
posés sur l’année », précisait le mi-
nistère de la Transition écologique
à la mi-juillet.
Cette allure est bien supérieure
à l’objectif du gouvernement. Ini-
tialement limité au remplace-
ment de 500 000 véhicules pol-
luants sur le quinquennat 2017-
2022, il a été rehaussé à un million.
Sus aux effets d’aubaine
Pour faire passer la pilule, l’État
met l’accent sur la suppression
des aubaines autorisées par l’an-
cien dispositif. En 2018, la prime à
la conversion a abondé l’achat de
65 voitures d’une valeur supé-
rieure à 60 000 €. Un nombre
marginal mais difficilement ad-
missible pour ceux (nombreux)
qui n’ont d’autre choix que le vo-
lant d’un vieux diesel.
Élisabeth Borne, la nouvelle mi-
nistre de la Transition écologique,
entend cibler la prime vers les mé-
nages les plus modestes et les véhi-
cules les plus propres. Auparavant,
il suffisait de ne pas être imposa-
ble pour recevoir un coup de
pouce à l’achat d’un modèle es-
sence ou diesel plus vertueux. De-
puis hier, il ne faut pas dépasser
un « revenu fiscal de référence » (il
figure sur l’avis d’imposition) en-
core plus restrictif. Les critères ont
également été durcis pour les voi-
tures éligibles, qui doivent émet-
tre un maximum de 116 grammes
de CO2 par kilomètre contre 122
grammes jusqu’alors.
Un grand coup de gouvernail
Délibérée ou pas, la complexité du
nouveau dispositif dissuadera à
coup sûr des ménages d’y avoir re-
cours – et on ne parle pas des con-
cessionnaires qui risquent de s’y
perdre. Sur ce plan, la prime à la
conversion ressemble de plus en
plus aux aides à la rénovation du lo-
gement, incompréhensibles pour
qui ne dispose pas d’une semaine
à temps plein pour tenter de s’y
retrouver. La similarité est d’autant
plus frappante que, dans un cas
comme dans l’autre, les change-
ments incessants de la règle du
jeu contribuent à la confusion.
Élisabeth Borne entend cibler la prime vers les ménages les plus modestes et les véhicules
les plus propres. PHOTO ARCHIVES JEAN CHRISTOPHE SOUNALET/« SUD OUEST »
AUTOMOBILE L’aide au remplacement des véhicules les plus polluants obéit
à des conditions plus restrictives depuis hier. Objectif avoué : faire refluer le nombre de candidats
Un coup de frein sur
la prime à la conversion
La prime à la conversion a pour ob-
jet d’envoyer à la casse les véhicules
polluants : voitures essence d’avant
1997 et voitures diesel d’avant 2001
(ou 2006 suivant les cas). Elle s’ap-
plique à leur remplacement par des
véhicules plus récents et moins pol-
luants, neufs ou d’occasion.
Le niveau de la prime est de
2500 € pour les véhicules électri-
ques et hybrides rechargeables à
autonomie suffisante, quel que soit
le niveau de revenu. Il est de 1500 €
pour les véhicules Crit’Air 1 ou les vé-
hicules Crit’Air 2 immatriculés après
le 1er septembre 2019 pour la moi-
tié des Français les moins aisés.
Tous les renseignements sur
http://www.jechangemavoiture.gouv.fr
QUI EST CONCERNÉ?
HÉRAULT
Un homme a été tué par balles, hier, à
Béziers, a priori pour une place de
stationnement. La victime, âgée d’une
trentaine d’années, était décédée avant
l’arrivée des secours sur place. Le tireur qui
a pris la fuite est activement recherché.
AFFAIRE STEVE
Le préfet de Loire-Atlantique a interdit
tout rassemblement, demain, pour
rendre hommage à Steve Maia Caniço,
disparu lors d’une intervention
controversée des forces de l’ordre le soir
de la Fête de la musique, au centre-ville
de Nantes « afin de garantir l’ordre
public ».
INCENDIES
Ne pas jeter de mégots, ni faire de
barbecue : les pompiers ont appelé, hier,
la population à redoubler de vigilance
alors que les risques de départs de feu se
multiplient, notamment dans le Sud.
« GILETS JAUNES »
Un manifestant a été condamné, hier, à
huit mois de prison par le tribunal
correctionnel de Vesoul pour avoir
divulgué l’adresse personnelle du
procureur de la République de Besançon
sur Facebook.
BLANCHIMENT
L’ex-ministre Brice Hortefeux, convoqué
hier par les juges d’instruction chargés de
l’enquête sur les accusations de
financement par l’ex-régime libyen de
Kadhafi de la campagne présidentielle
de Nicolas Sarkozy, n’a pas été mis en
examen.
EN BREF
Attentat déjoué :
ils avaient fait allégeance
à Daesh
DJIHADISME Une lettre d’allégeance
à Daesh et des armes ont été trouvées
dans l’enquête sur les trois hommes,
dont deux détenus, mis en examen
pour un projet d’attentat. La lettre
trouvée était en possession de
l’homme qui n’était pas en prison, elle
aurait été rédigée par l’un des deux
détenus. Les hommes n’avaient pas
déterminé de cible précise mais
avaient évoqué notamment la
possibilité de s’en prendre à un
surveillant pénitentiaire. L’un des deux
détenus est Zakaria Chedili, 31 ans,
condamné en janvier 2016 à six ans de
prison pour avoir passé six mois en
Syrie début 2014.
La piste criminelle
privilégiée dans
l’incendie de Générac
GARD L’origine de l’incendie qui a parcouru
près de 500 hectares est a priori criminelle.
Dans le secteur, une surveillance active est
maintenue depuis hier, tant les risques de
reprise sont importants avec le vent.
70 pompiers et 15 véhicules sont encore
mobilisés pour lutter contre ce sinistre qui a
mobilisé jusqu’à 465 personnes au plus
fort des flammes. Cet incendie n’a fait
aucune victime, même si 190 personnes
ont dû être évacuées.
Amiante :
SUD-Rail dénonce « une
crise sanitaire »
SNCF La fédération des syndicats
SUD-Rail a dénoncé jeudi « une crise
sanitaire et sociale » liée à l’amiante à
la SNCF, en raison de la persistance
éventuelle de pièces de friction
amiantées situées sur des wagons à
bogies.
Ce sont des centaines de cheminotes
et cheminots – travaillant dans une di-
zaine d’ateliers maintenance fret – qui
font face à une crise sanitaire et so-
ciale », affirme l’organisation syndicale
dans un communiqué. La fédération
demande que des plans nationaux
soient pris.
Amazon va faire payer
les Français
GAFA Moins de trois semaines après
l’adoption définitive par la France d’une
taxe dite « Gafa » sur les grands
groupes technologiques, le géant
américain du commerce en ligne
Amazon a décidé de la répercuter sur
les tarifs appliqués aux vendeurs de sa
plate-forme dans ce pays, devenant la
première des entreprises visées à faire
ce choix.
Amazon détaille son nouveau ba-
rème de tarifs, qui entrera en vigueur le
1 er^ octobre : il explique leur appliquer à
tous une hausse de 3 %, correspondant
au montant de la taxe sur son chiffre
d’affaires prévue par la nouvelle loi.
Étudiants infirmiers
dénoncent des frais de
formation illégitimes
ÉDUCATION Les fédérations
d’étudiants en soins infirmiers (Fnesi)
et en kinésithérapie (Fnek) ont
dénoncé tour à tour cette semaine les
« frais illégitimes » imposés selon elles
par certains instituts de formation
publics, pointant une inégalité de
traitement avec les étudiants des
universités. Selon la Fnesi, 124 instituts
de formation en soins infirmiers (IFSI)
publics, soit près de la moitié, facturent
des frais supplémentaires « allant
jusqu’à 335 euros » par an par
étudiant, « parfois réclamés sans
justification ».
24 HEURES EN FRANCE
sud ouest.fr
Le mois d’août connaîtra-t-il
de nouvelles canicules?
LE CHIFFRE
DU JOUR
C’est, en million
d’euros, le montant
de l’amende infligée
au groupe EDF pour des retards
de paiement vis-à-vis de ses
fournisseurs. Cette sanction
porte sur une période allant de
mars 2017
à août 2017. Elle est la plus
élevée décidée à ce jour en
France pour non respect
des délais de paiement.
1,
5