Marie Claire N°805 – Septembre 2019

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Sana (au centre)
vit avec deux de
ses filles,
Nour, l’aînée
(à droite),
et Samia, la
benjamine
(entre ses bras).
Raghat, la
deuxième de la
fratrie (à
gauche), est
venue rompre le
jeûne avec sa
famille pour le
premier jour du
ramadan.


morts récemment. L’une de ses sœurs a été blessée
lors d’un bombardement pendant l’offensive de
Mossoul et les soins devenaient trop coûteux. La
jeune femme de 16 ans a décidé de se marier, de venir
vivre ici à Salamiyah avec la famille de son mari et
ainsi assurer les dépenses de ses frères et sœurs.

23 % de mariées avant 18 ans
Dans le camp, elle raconte qu’elle s’ennuie. Jasmine
passe ses journées dans la tente à s’occuper du linge
et à ranger. « Quand je vois mes amis d’enfance aller à
l’université, je me dis que j’aurais pu être ingénieure ou doc-
teure. Aujourd’hui, j’aimerais avoir un travail, dans une
organisation humanitaire ou n’importe quoi pour sortir
d’ici », confie l’adolescente qui semble n’avoir connu
que la guerre et les camps. Elle poursuit : « Ici, les gens
se marient plutôt vers 22 ans. Si nous n’étions pas dans
cette situation avec ma famille, j’aurais attendu encore
un peu avant de me marier. » Le nombre de mariages
d’enfants a nettement augmenté ces dernières

années. Tandis que l’Irak sort de quatre ans de conflit
avec Daech et compte 1,6 million de déplacés, environ
23 % des femmes se marient aujourd’hui avant 18 ans
et 5 % avant 14 ans, selon Tom Peyre-Costa, porte-pa-
role du Norwegian Refugee Council en Irak, une orga-
nisation humanitaire en charge de nombreux camps.
Plus significatif, il ajoute : « 33 % des femmes ayant
quitté l’école à 14-15  ans se marient avant la majorité,
contre 13 % pour celles qui sont allées jusqu’au secon-
daire. » Dans certains cas, les enfants sont promis au
mariage dès 8 ou 9 ans. Nasrin, 15 ans, originaire de
Sinjar, vivait dans un camp avec ses parents près de
Bagdad. Elle a épousé son cousin Fahad. « Nous
sommes amis depuis longtemps. Nous traînions ensemble
quand nous étions petits. Un jour, le père de Fahad a appelé
le mien pour lui demander si je voulais épouser son fils. »

Des cartes d’identité falsifiées
Nasrin, le visage enfantin sous son voile coloré, a un
bébé de 5 mois et a dû accoucher par césarienne.
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