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A d. : les
habitants du camp
de Salamiyah
dorment dans de
nouvelles tentes
fournies par les
Nations Unies et
utilisent les
anciennes (photo)
comme espaces
privés.
- Jasmine s’est
mariée à 16 ans.
Elle dit que
si ses parents
étaient encore
en vie, elle se
serait sûrement
mariée plus tard. - et 2. Oussama
et Salah, 18
et 17 ans, se
sont mariés il
y a huit mois
dans le camp.
Dans leur tente
vide et terne,
ils ont accroché
une photo
de lits luxueux. - Les clôtures
grillagées du
camp ont été
transformées en
étendoirs par
les femmes.
Selon la loi irakienne sur le statut personnel, un texte
de 1959, l’âge légal pour se marier est 18 ans. Elle
interdit les mariages forcés, restreint la polygamie,
garantit de réels droits pour les femmes et les mères
en cas de divorce. Une loi censée protéger les droits
des femmes. Pourtant, « il est encore très facile de
marier un enfant de 14 ans », assure Basman, militante
pour le droit des femmes à Mossoul et membre de
l’ONG Iraq Health Access Organization délivrant un
accès aux soins. « Les familles falsifient les cartes d’iden-
tité ou bénéficient de la complicité d’un imam et personne
ne dit rien », fustige la jeune femme dans son bureau
de Mossoul-ouest. Et elles peuvent obtenir une déro-
gation pour marier leur enfant à partir de 15 ans s’ils
obtiennent l’accord d’un juge.
Pour tenter d’endiguer ce problème, les membres de
l’organisation vont voir les familles pour les con-
vaincre de renoncer aux mariages des jeunes filles.
« Nous les informons que les accouchements peuvent être
très dangereux. Nous leur expliquons que si la fille ne
consent pas pleinement à se marier, elle risque de divorcer
et de se retrouver seule avec des enfants, explique
Basman. La plupart viennent de la campagne. Elles
manquent d’information et d’éducation à ce sujet. » Le
gouvernement irakien s’est pourtant engagé à mettre
fin aux mariages d’enfants d’ici 2030 en réponse à la
cible 5.3 des objectifs de développement durable
énoncés par les Nations Unies. Autre problème
auquel fait face l’organisation : les filles mariées à des
combattants de l’État islamique. Elles n’ont jamais eu
de contrat légal de mariage et sont obligées de s’en
procurer un auprès du gouvernement si elles veulent