Marie Claire N°805 – Septembre 2019

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Grand reportage 40


divorcer. Les autorités doivent alors vérifier si le
mari  est mort, arrêté ou disparu. Cela peut prendre
des années.


« Je voulais poursuivre mes études »
Amel, originaire de Mossoul s’est mariée, en 2014, à
14 ans. « Ma tante me disait que je ne pouvais pas trou-
ver mieux comme situation, que je vivrai dans une belle
maison. Je n’étais pas consentante. Je voulais poursuivre
mes études. Puis j’ai accepté », dit-elle. Amel a demandé
le divorce deux ans plus tard. Son mari a rejoint les
rangs de l’État islamique peu après. Il a ensuite été
arrêté par les forces irakiennes et placé dans la prison
de Faysalia, près de Mossoul. La jeune fille âgée de
18  ans a un enfant de 2 ans qui vit avec sa belle-fa-
mille. Et elle peine à obtenir les papiers prouvant


qu’elle a divorcé. Elle vit seule avec sa mère dans une
tente dont elle ne sort presque jamais. « Lorsqu’il y a
des disputes à cause de l’eau aux fontaines, confie sa
mère, les autres femmes lui lancent des phrases comme
“Elle n’a même pas de mari” ».
Sana raconte qu’avant la guerre, elle vivait une vie
simple avec son mari. Aujourd’hui, elle n’espère pas
retourner un jour à Mossoul : « Ici, ils nous fournissent
de l’eau, du riz et de la farine. » Elle aimerait que sa
troisième fille, Samia, 7 ans, puisse faire des études. À
la tombée de la nuit, Sana, Nour et Samia allument un
poste de télévision poussiéreux coincé entre des piles
de linge. Assises dans leur tente, elles lancent : « On
aime se retrouver le soir pour visionner Vaidehi. » Une
série indienne de prince et de princesse des années


  1. Un moment à elles, sans contrainte.


La guerre
contre Daech,
qui a duré
quatre ans, est
terminée.
Mais l’Irak
compte toujours
1,6 million
de déplacés,
répartis dans
différents
camps du pays,
comme ici
dans celui
de Salamiyah.
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