Marie Claire N°805 – Septembre 2019

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—Pourquoi faut-il encourager les femmes à entreprendre?
Notre économie a besoin d’entrepreneurs, pour créer de la valeur
et des emplois partout en France, mais aussi pour continuer à
innover et rester compétitive. Face à de tels enjeux, on ne peut
pas se passer des compétences, des idées et de l’énergie de la
moitié de la population. Pourtant, aujourd’hui, on ne compte
encore que 36 % de femmes* parmi les créateurs d’entreprise.
Ce chiffre est trop faible, d’autant plus que l’on sait par ailleurs
qu’elles ont une forte appétence pour l’entrepreneuriat. Il faut
que nous arrivions à aider celles qui le souhaitent à se lancer :
c’est un enjeu économique, bien sûr, mais c’est également un
vrai enjeu de société.


—Comment s’explique cet écart entre l’envie d’entreprendre
des femmes et leur représentation effective dans
l’entrepreneuriat?
Nous avons étudié de près les freins à l’entrepreneuriat des
femmes au travers de nos échanges avec nos clientes et d’une
série de baromètres. Les résultats indiquent que l’audace des
femmes est retenue par deux facteurs principaux : la peur
d’échouer et la crainte de mettre en péril la situation du foyer en
cas de difficultés. Les études ont également révélé qu’elles ont
tendance à limiter leurs ambitions : elles créent principalement
des microentreprises et se lancent avec un budget limité.
Ces résultats doivent nous encourager à faire plus pour lever
ces freins. Je veux dire aux femmes qui nous lisent : ne craignez
pas de voir grand. Quels que soient son origine ou son parcours
de vie, une personne qui a un bon projet peut entreprendre et
réussir dans cette voie.


—Comment agir concrètement pour faire évoluer
les choses?
Nous ne pourrons pas faire croître l’entrepreneuriat féminin en
France sans dispositif volontariste. Sur le plan culturel, nous
devons collectivement continuer à combattre les stéréotypes sur
les femmes et sur l’entrepreneuriat pour faire bouger rapidement
les lignes. Cela passe d’abord par une plus grande visibilité des
femmes entrepreneures et la valorisation de modèles diversifiés
de réussite, afin que les femmes puissent se projeter, se dire
« si elle l’a fait, je peux le faire aussi! ».


Sur le plan politique, des actions peuvent inciter à prendre des
engagements concrets. C’est ce que nous avons fait, par exemple,
en signant un accord-cadre avec l’État pour contribuer à porter à
40 % au moins la part des femmes parmi les entrepreneurs d’ici
2020.

Sur le plan de l’accompagnement, enfin, c’est par une
collaboration étroite entre tous les acteurs de l’écosystème que
nous réussirons : réseaux d’accompagnement, acteurs socio-
économiques et établissements bancaires.

L’audace n’a pas de sexe! Je pense que nous avons tous notre
rôle à jouer pour le prouver. C’est un engagement pour moi au
quotidien.

* INSEE, 2019

Fabrice Gourgeonnet

Fortement engagée en faveur de l’entrepreneuriat des femmes, la Caisse d’Epargne


était partenaire du Forum Marie Claire 2019. Rencontre avec Fabrice Gourgeonnet,


directeur du développement Caisse d’Epargne.


L’audace n’a pas de sexe

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