5
JUIN 2013 SANTÉ & PSYCHOLOGIE5
O
n dirait une histoire de vampires mais
ces travaux sont menés dans un vrai
laboratoire, à l’université Stanford, en
Californie : en infusant du sang de souriceaux
à des souris âgées, l’équipe de Saul Villeda
les a fait rajeunir. De nouvelles cellules se
sont développées dans leur vieux cerveau,
inversant ainsi certains effets du déclin co-
gnitif lié à l’âge. Forts de ce succès, les cher-
cheurs ont relié les systèmes circulatoires
de souris jeunes et âgées afin que leurs
sangs se mélangent. Puis ils ont analysé les
cerveaux murins, en particulier l’hippocampe,
région clé de la mémoire. Dans celui desAu labo,
comme
a u ci n é m a
vieilles souris, ils ont observé une modifica-
tion de l’expression de 200 à 300 gènes,
notamment impliqués dans la plasticité cé-
rébrale et la croissance nerveuse. Autre effet
du sang jeune : une augmentation du nom-
bre et de la force des connexions entre neu-
rones dans des régions où de nouvelles cel-
lules ne poussent pas. Coup de fouet grâce
auquel les animaux âgés ont amélioré leur
capacité d’apprentissage et de mémoire.
Les auteurs de ces travaux ne savent pas
quels sont les facteurs de jouvence appor-
tés par le sang jeune qui n’existent pas dans
celui d’un animal âgé. Mais ils affirment que
des mécanismes similaires pourraient opérer
chez les humains. Vous trouvez ça gore?
Alors que dire des projets d’une équipe de
l’université de Miami de réaliser une thérapie
cellulaire avec des cellules souches prove-
nant de la moelle osseuse de cadavres. Déjà
sur les paillasses de son labo, des cellules
souches prises sur des phalanges de sujets
morts depuis cinq jours et mises en culture,
se sont transformées en cartilage, cellules
osseuses et adipeuses. Si, pour l’instant, rien
ne prouve que l’ADN des cellules souches
a bien supporté le voisinage de tissus morts,
le concept de vie après la vie prend forme.
PHOTO : CALEC/ FOTOLIA.COMHCAM1352_on_En_PARLE.indd 5 29/04/13 15:57: