Ça M’intéresse Hors Série Santé et Psycho N°9 – Remise en Forme

(coco) #1

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SANTÉ & PSYCHOLOGIE JUIN 2013

de base (lire page précédente) pour
équilibrer l’intérieur et l’extérieur, le lourd
et le léger, le plein et le vide.

L’ÉNERGIE VENANT DU SOL CIRCULE
JUQU’AU BOUT DES DOIGTS
Difficile à comprendre sans s’essayer à la
pratique qui permet de découvrir une puis-
sance interne inutilisée pour nos sports
athlétiques. Dans le tai-chi, le buste et les
membres forment un tout dans lequel l’éner-
gie venant du sol circule jusqu’au bout des
doigts (ou de l’épée car le tai-chi se pratique
aussi avec une épée ou un sabre), sans sta-
gner ni être bloquée par les pliures des arti-
culations ou les coudes collés au torse. Le
corps entier est détendu et sans cesse en
mouvement (mouvements en spirale, spon-
tanés, souples) comme une algue fixée au
fond de la mer soumise aux courants. Mais
la vitalité des jambes est essentielle et le tai-
chi, qui exige une force que l’on n’utilise pas,
développe d’ailleurs les quadriceps. Dans la
pratique observée dans les squares, il consiste
en un enchaînement de mouvements, une
« forme » en 24 ou 108 mouvements, que tous
les participants exécutent simultanément.
Un résultat esthétique mais ce n’est qu’une
façon de faire du tai-chi qui compte cinq
grands styles (yang, chen, wu, sun et hao)
ayant chacun de nombreu x courants et éco-
les. L’important reste la puissance de l’inten-
tion et l’acuité de l’esprit. Ainsi, le tai-chi peut
se travailler à deux, bras contre bras au tui
shou ou mains collantes, pour apprendre à
écouter l’énergie de l’autre, l’esquiver, la dé-

vier, la contrôler sans force. Ou en groupe,
réalisant une forme avec une épée, un sabre
ou un bâton pour canaliser l’énergie au-delà
du corps et développer l’habilité et la maî-
trise du geste. Ou encore seul, en laissant li-
bre cours à son corps pour exécuter dans
n’importe quel ordre les mouvements aux
noms poétiques : la grue blanche déploie ses
ailes, repousser le singe, l’aiguille au fond de
la mer, etc. Ne vous y trompez pas, il s’agit
d ’autant de moyens d ’ év iter ou de repousser
un adversaire en retournant contre lui la force
qu’il a eu la mauvaise idée d’employer.
Malgré la lenteur des gestes, le tai-chi de-
mande que l’esprit soit alerte. « Au début, il
avait pour finalité de faire face à une agres-
sion physique, explique Hugues Deriaz, pré-
sident de la fédération française de wushu et
médecin anesthésiste. Cet objectif est peu à
peu passé au second plan, d’autant que l’ef-
f icacité de cette discipline dans le combat au
corps à corps ne peut s’acquérir qu’après des
années et des années de pratique. » Au-
jourd’hui, c’est avant tout par son travail sur
la respiration, la méditation et la conscience
du corps, un rempart contre le stress. « Il
améliore le sommeil, l’humeur, le fonction-
nement psychologique et la qualité des rela-
tions aux autres, et permet de retrouver le
calme et la sérénité », résume le spécialiste.

SE LIBÉRER DE MAUVAISES HABITUDES
Un autre bienfait majeur du tai-chi est le lâ-
cher prise. En désapprenant à se servir de la
force, de l’attaque et de la volonté au profit
de l’intention et de l’évitement, la pratique
du tai-chi provoque un bouleversement men-
tal profond qui se traduit notamment par la
facilité avec laquelle on parvient à se libérer

Du TAO


à la neuro
Contrairement au karaté ou au judo, le tai-chi
trouve son origine et sa raison d’être dans sa
composante philosophique inspirée par
le courant de pensée taoïste : « D’après les
idéogrammes, on peut traduire tai-chi-chuan par
gymnastique de l’équilibre ou boxe de
longévité », explique Benjamin Delisle,
enseignant de la discipline et formateur auprès
des entreprises dans le cadre de la gestion du
stress. « Le terme serait apparu aux alentours
du XVe siècle, mais les principes de cette
discipline datent de plus de 5000 ans. La plus
connue des légendes relatant ces principes est
celle d’un moine observant le combat d’une grue
et d’un serpent. Les mouvements circulaires et
fluides du serpent ayant eu raison des attaques
rectilignes de l’oiseau, le moine en déduisit
l’efficacité de la souplesse par rapport à la
raideur. » La légende symbolise le fondement de
la pensée taoïste, à savoir la complémentarité
des forces opposées, du yin, énergie du repos, et
du yang, énergie de l’action. Les deux sont
nécessaires pour vivre en bonne santé, à
condition d’être équilibrées. D’un point de vue
physiologique, on compare le yin et le yang aux
systèmes orthosympathique et parasym-
pathique qui forment le système nerveux
autonome gérant les fonctions inconscientes de
l’organisme : battements du cœur, digestion...
Le système orthosympathique correspond à
l’accélérateur de l’organisme et s’emballe en cas
de stress. Le parasympathique correspond au
frein et s’active lors des phases de récupération.
« Un organisme ne peut pas rester longtemps en
bonne santé si un déséquilibre entre les deux
s’installe dans la durée », résume le formateur.

À LIRE


kLe Tai-Chi pour les nuls, de Thérèse
Iknoian, éditions First. Plein d’infos même
si aucun livre ne remplace un vrai cours.
kLa Bible des thérapies psycho-corpo-
relles, de Jean-Marc Harel-Ramond,
éditions Bussière. Pour devenir zen, il
existe des centaines de techniques.

Le maître Enzo Simeoni de l’association italienne Elicoides exécute les 108 mouvements de la forme longue du tai-chi.

SANTÉ


kLa Voie du calme, de Ke
Wen et Zhang Ming Liang,
éditions Le Courrier du
Livre. Un guide sur la voie
de la méditation et une
belle initation aux quatre
sagesses chinoises.

MAÎTRE ENZO SIME

ONI/ASSOCIATION ELIC

OIDES ; D.R.

HCAM1352_THAI CHI.indd 82 13/05/13 14:42:51

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