LeSoir - 2019-08-02

TOURNAI

Le pont

des Trous,

fin d’une

époque

P. 6

RÉGIONS 14 NÉCROLOGIE 20 LOTERIE 21 MOTS CROISÉS 21 SUDOKU 21 MÉTÉO 21 BON À DÉCOUPER 21 MARCHÉS 26 TÉLÉVISION 27

PETITE GAZETTE 28 MON ASSIETTE 28

T

rop, c’est trop. Les populations de
l’est du Congo sont recrues de vio-
lences, de mensonges et l’épidémie
d’Ebola, qui a débuté voici un an, conti-
nue à ronger un tissu social déjà dévasté
par les exodes, les tueries, les accapare-
ments de terres et de ressources mi-
nières, l’insécurité généralisée...
Alors qu’il essayait de faire face au fléau
de manière coordonnée, le ministre de
la Santé a été obligé de jeter l’éponge
car il s’était opposé à de puissants inté-
rêts. Aujourd’hui, les populations n’en
peuvent plus, elles n’ont plus foi en
personne et dans leurs cerveaux fati-
gués, leurs âmes blessées, les pires
hypothèses, les plus invraisemblables

nouent et dénouent les alliances, se font

construire des hôtels de luxe, appuient

des projets pétroliers qui ruineront

l’environnement et appauvriront les

cultivateurs locaux... Tous parlent de

justice, mais cultivent l’impunité... Dans

cette région si belle qu’elle a des allures

de paradis, les gens vivent l’enfer au

quotidien et l’épidémie Ebola n’est

qu’une autre de leurs infinies souf-

frances...

Si au moins ceux qui assurent vouloir

soutenir les victimes du fléau pouvaient

ne pas ajouter à la confusion sinon au

mensonge! On se serait bien passé du

changement d’attelage à la tête du

ministère de la Santé comme de la ré-

orientation de la riposte à Ebola, passée

entre d’autres mains : est-il bien raison-

nable de bifurquer au milieu du gué et

d’alimenter une nouvelle vague de

soupçons? De même, la polémique à

propos des deux vaccins rivaux, qui

mine davantage encore la confiance,

paraît obscène : de toute façon, ils sont

expérimentaux et en nombre insuffi-

sant! Comment les gens de Beni ou de

Goma pourraient-ils croire que la rivalité

entre deux sociétés américaines soit

inspirée par le seul intérêt des popula-

tions ou le souci désintéressé de proté-

ger le genre humain d’une éventuelle

guerre biologique? Si tel était le cas, on

se battrait aussi pour découvrir et impo-

ser de nouveaux traitements afin de

guérir ceux qui sont déjà atteints, au lieu

de les laisser se vider de leur sang...

Cobayes malgré eux, victimes d’intérêts

masqués, si souvent trahis par leurs

propres élites, les Congolais du Kivu

sont aux avant-postes d’un monde qui

semble s’avancer vers la guerre et le

désordre. De tristes précurseurs...

théories du complot trouvent un terreau

fertile. Comment croire en la solidarité

internationale alors que tant de fois,

face aux massacres, bien plus meurtriers

que l’épidémie Ebola, les Casques bleus

sont arrivés trop tard? Comment croire

en la bienveillance des pays de la région

qui offrent l’asile à des groupes de pré-

dateurs ou de psychopathes comme les

combattants ADF Nalu qui massacrent à

l’arme blanche au nom de l’islam? Com-

ment les gens de Beni, de Goma et

d’ailleurs peuvent-ils faire confiance à

leurs propres politiciens, aux généraux

de leur armée issus de tant de brassages

et d’amnisties? Tous mènent leur poli-

tique en fonction de leurs intérêts,

ÉDITO

COLETTE BRAECKMAN

Ebola n’est qu’un malheur, une trahison de plus

Les Congolais du Kivu sont

aux avant-postes d’un monde

qui semble s’avancer

vers la guerre et le désordre

ÉGALITÉ

Le marché

de l’emploi

belge

se féminise

P. 2

Tous les

programmes TV

de la semaine

NOTRE

SUPPLÉMENT

L

e covoiturage a le vent en poupe.

Particulièrement en cette période

de vacances. Depuis le début de

l’été, 110.000 Belges ont déjà fait appel à

BlaBlaCar pour partir en vacances. La

plateforme française et le mode de dé-

placement qu’elle promeut plaisent : en

Belgique, on compte déjà un demi-mil-

lion d’inscrits!

Comment expliquer ce succès crois-

sant? Par plusieurs éléments, à en croire

Audrey Wolfovski, la directrice France et

Benelux de BlaBlaCar : « C’est un mode

de transport de plus en plus plébiscité

pour sa facilité, ses prix constants ainsi

que la possibilité de réserver un trajet en

dernière minute. » Il présente aussi

l’avantage de diminuer le trafic et donc la

pollution atmosphérique.

Les covoitureurs effectuent des trajets

dont la distance moyenne est de 300 km.

Au départ de la Belgique, les destina-

tions les plus courues sont Paris, Lille,

Strasbourg ou Luxembourg. Mais de

plus en plus d’utilisateurs n’hésitent plus

à se déplacer jusqu’au bassin méditerra-

néen.

Contrairement à ce que l’on pourrait

penser, ce mode de transport ne séduit

pas uniquement les jeunes et les céliba-

taires. De plus en plus de covoitureurs se

situent dans la quarantaine. On trouve

aussi des familles et des personnes plus

âgées. P. 2 & 3

Le covoiturage

cartonne :

+30%

en un an

Quelque 110.000 Belges ont déjà utilisé

la plateforme BlaBlaCar depuis le début

de cet été. Un record.

© BELGA.

E

bola continue de progresser en

République démocratique du

Congo. Une quatrième per-

sonne a été testée positive au virus,

jeudi, à Goma. Il s’agit d’une femme

dont le mari est décédé mercredi

après avoir été contaminé par l’épi-

démie qui a déjà causé plus de 1.

décès dans l’est du pays, ces douze

derniers mois.

Alors que le pays entier est en

guerre contre cette maladie, une

deuxième guerre, celle des vaccins,

continue de faire rage. Depuis un an,

seul le vaccin produit par la société

américano-canadienne Merck était

utilisé contre Ebola, avec succès, mais

en quantités insuffisantes. Or la firme

américaine Johnson&Johnson (J&J)

s’est également positionnée sur le

marché, désireuse de mettre en circu-

lation son propre vaccin, à plus large

spectre et qui doit être administré en

deux prises, avec 56 jours d’intervalle.

Un vaccin dont l’efficacité n’a en-

core été démontrée que sur les pri-

mates et qui a besoin, pour être vali-

dé, d’opérer sur des cohortes hu-

maines. Or, outre ses difficultés d’uti-

lisation, plusieurs scientifiques

remettent en cause son vecteur, l’adé-

novirus, qui pourrait favoriser

d’autres contaminations, dont le VIH.

P. 4 & 5

RDC : la guerre

des vaccins

freine la lutte

contre Ebola

5 413635 080579

31

VENDREDI2 août 2019 / Edition Wallonie/ Quotidien / No179 / 1,90 € (GDL : 2,10 €) / 02 225 55 55

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