LeSoir - 2019-08-02

(Michael S) #1
2 à la une

KROLL


PAULINE MARTIAL

C

haque année, c’est la même ren-
gaine, le premier week-end du
mois d’août coïncide avec le tra-
ditionnel chassé-croisé des juillettistes
et des aoûtiens, synonyme d’un trafic
routier souvent chaotique. Parmi les au-
tomobilistes qui sillonneront les routes
des vacances ce week-end, nombreux
sont ceux qui ont été séduits par le co-
voiturage. Et les Belges n’échappent pas
à cette tendance, ils sont d’ailleurs de
plus en plus nombreux à utiliser des
plateformes de covoiturage telle que
BlaBlaCar. « Depuis le début de l’année
2019, le nombre d’inscrits sur BlaBla-
Car en Belgique a augmenté de 30 %
par rapport à 2018 et on constate des
pics importants d’utilisation de l’appli-
cation lors des périodes de vacances, en
particulier l’été », affirme Audrey Wol-
fovski, directrice France et Benelux de
BlaBlaCar. Comment expliquer ce suc-
cès croissant? Par plusieurs éléments, à
en croire Audrey Wolfovski : « C’est un
mode de transport de plus en plus plé-
biscité pour sa facilité, ses prix
constants ainsi que la possibilité de ré-
server un trajet en dernière minute. »
Et ce n’est pas Camille, 28 ans, origi-
naire de Tournai, qui dira le contraire.
Elle est une fervente adepte du
concept : « Ça fait un moment que je
suis inscrite sur l’application Blablacar.
J’avais déjà expérimenté des petits tra-
jets en Belgique, alors que je me suis
dit : pourquoi pas l’utiliser pour partir
en vacances? C’est vraiment pratique. »
Le principe de l’application est on ne
peut plus simple : vous encodez un lieu
de départ ainsi qu’un lieu d’arrivée aux
dates souhaitées. L’application trouve
ensuite des propositions de covoitu-
rages qui correspondent à votre re-
cherche et vous met en relation avec un
conducteur.

Propice aux rencontres
Une pratique qui a tellement séduit Ca-
mille qu’elle est devenue à la fois

conductrice et passagère. « Je devais
partir rejoindre de la famille à Chamo-
nix, en Haute-Savoie, pour les vacances.
Je disposais de ma voiture pour l’aller,
donc j’ai proposé un covoiturage via
l’application. J’ai fait le trajet avec
quatre personnes en tout et je peux vous
dire que les neuf heures de route m’ont
semblé beaucoup moins longues que si
j’avais dû les faire seule », estime Ca-
mille. Car le covoiturage est un moyen
de se déplacer en toute convivialité et en
faisant des rencontres. « C’est quelque
chose qui est renforcé par le fait que nos
utilisateurs peuvent indiquer sur l’an-
nonce du covoiturage s’ils aiment discu-
ter, écouter de la musique ou au
contraire préfèrent la tranquillité. De
cette manière, ils savent déjà un peu à
quoi s’attendre avant de prendre la
route », explique Audrey Wolfovski.
Ce moyen de transport présente éga-
lement l’avantage de diminuer le trafic
et donc la pollution atmosphérique,
mais il permet surtout de faire de sé-
rieuses économies. « C’est vraiment in-
téressant ne serait-ce qu’au niveau du
partage des frais comme l’essence ou les
péages. Mon trajet aller a été totale-
ment rentabilisé par le fait que j’avais
des covoitureurs avec moi. Pour le trajet
du retour, j’étais passagère et mon
voyage m’est revenu à 60 euros, alors
que si j’avais dû prendre le TGV ou faire
la route seule j’en aurais eu pour 120 à
140 euros », confie Camille.
Plus économique, mais plus acces-
sible aussi. Julia est originaire de
Bruxelles et adhère, elle aussi, au prin-
cipe du covoiturage. « C’est un mode de
transport qui nous permet de rejoindre
plus facilement des destinations autres
que les grandes villes. Lorsqu’on prend
le train ou l’avion, on doit souvent com-
biner plusieurs moyens de transport
pour atteindre la destination de nos va-
cances. Avec le covoiturage, on peut
s’arranger pour arriver au plus près. Il y
a toujours un lieu de dépôt prédéfini sur
l’application, mais au fil du trajet, on
peut s’arranger si ça ne nécessite pas un

Pour partir en va

la tendance est a

MOBILITÉ

Le week-end s’annonce

à nouveau compliqué

pour les automobilistes

qui prendront la route

des vacances. Parmi

eux, de plus en plus de

Belges optent pour le

covoiturage.

Les utilisateurs de l’appli-
cation BlaBlaCar effec-
tuent des trajets dont la
distance moyenne est de
300 km. Même si les
destinations les plus
courues restent Paris,
Lille, Strasbourg ou
Luxembourg, des utilisa-
teurs n’hésitent plus à se
déplacer jusqu’au bassin
méditerranéen.

300

Quelque 110.000 Belges
ont utilisé BlaBlaCar cet
été. De manière plus
générale, en Belgique,
500.000 personnes se
sont inscrites sur la plate-
forme. Le nombre d’ins-
crits a augmenté de 30 %
par rapport à 2018.

110

PAULINE MARTIAL

L

e marché de l’emploi belge serait-il
en train de se féminiser? C’est en
tout cas ce que semble démontrer une
étude menée par Acerta, l’entreprise de
services RH, auprès de 40.000 entre-
prises entre 2015-2018. Cette étude fait
avant tout état d’une augmentation de
l’occupation au sein des entreprises exis-
tantes de notre pays. « En trois ans, l’oc-
cupation au sein de nos entreprises en
nombre de personnes a connu une crois-
sance de 5,84 %. C’est plutôt une bonne
nouvelle car cela signifie que ce n’est pas
seulement les nouvelles entreprises qui
génèrent de l’emploi en Belgique. Les
entreprises ont donc réussi à s’adapter à
notre marché de l’emploi en perpétuelle
évolution », constate Benoît Caufriez,
directeur d’Acerta Consult.
Mais ce qui ressort surtout de cette en-
quête, c’est une tendance à la féminisa-
tion de notre marché de l’emploi.
« L’augmentation de l’occupation dans
les entreprises est en règle générale plus
importante pour les femmes que pour les
hommes », fait remarquer Benoît Cau-
friez. Ainsi, c’est le secteur du commerce
qui enregistre la plus grosse progression
d’occupation des femmes avec 9,3 %
contre 7,6 % pour les hommes. L’indus-
trie connaît une augmentation de l’occu-
pation féminine de 5,9 % contre 1,5 % de
l’occupation masculine et enfin le non-
marchand, 4,2 % contre 3,3 % pour les
hommes.
Ce phénomène de féminisation du
marché, la société de gardiennage Secu-
ritas le constate quotidiennement. « En
cinq ans, la part des femmes au sein de
notre entreprise a pratiquement doublé.
Si bien qu’aujourd’hui, 17 % de nos
agents de gardiennage sont des
femmes », confie Carolle Van Dijck,
porte-parole de Securitas. Une augmen-
tation que la société explique par diffé-
rents facteurs. « Les mentalités ont
beaucoup évolué. Aujourd’hui, on éti-
quette moins les métiers à un genre. Les

femmes prennent conscience qu’elles
peuvent tout à fait occuper un poste dans
le secteur du gardiennage, que l’empa-
thie et le côté très social dont elles font
souvent preuve sont même un atout dans
le métier. Et heureusement pour nous,
parce que nous avons cruellement be-
soin d’elles, notamment pour l’événe-
mentiel où les femmes ne peuvent désor-
mais être fouillées que par des femmes »,
développe Carolle Van Dijck.

L’exception des services
Selon l’étude d’Acerta, le secteur des ser-
vices fait cependant figure d’exception
puisque la progression de l’occupation
des hommes (13,8 %) y est plus impor-
tante que celle des femmes (6,2 %).
« C’est pourtant le secteur où les femmes
sont plus représentées que les hommes
puisque les services emploient 53,5 % de
femmes contre 46,5 % d’hommes. Cela
signifie que si cette progression de l’oc-
cupation perdure, nous arriverons pro-
gressivement à l’équilibre hommes-
femmes dans ce secteur », commente
Benoît Caufriez.
Il n’y a cependant pas qu’en matière de
croissance d’occupation que les femmes
gagneraient du terrain. Le rapport
hommes-femmes dans certains secteurs
penche également en leur faveur. « Les
femmes sont par exemple surreprésen-
tées dans le secteur non marchand où
près de 84 % des travailleurs sont des
femmes, contre 16 % d’hommes. C’est
un secteur qui attire encore énormément
la gent féminine, je pense notamment
aux infirmières ou aux assistantes so-
ciales », explique Benoît Caufriez. Le
secteur de l’industrie manufacturière
reste, lui, cependant encore majoritaire-
ment masculin, même si ici aussi les
femmes gagnent du terrain, en raison
d’une technologie grandissante de mé-
tiers historiquement lourds.

Le marché de l’emploi

belge se féminise

ÉGALITÉ HOMMES-FEMMES

Les femmes gagnent en

représentation sur le

marché de l’emploi en

Belgique, c’est ce qui

ressort d’une étude menée

par Acerta. En tête de

classement figure le

secteur du non-marchand

où elles représentent huit

travailleurs sur dix.

Moins de temps partiels
Si la croissance en nombre de tra-
vailleurs entre 2015 et 2018 est de
5,84 % dans notre pays, la croissance
en équivalents temps plein des entre-
prises belges est encore plus élevée, à
en croire l’étude d’Acerta. En unités
temps plein, l’occupation dans les
entreprises et organisations existantes
a, en effet, augmenté de pas moins de
6,5 % au cours de la période concernée.
« C’est également une bonne nouvelle
puisque cela signifie que les contrats à
temps partiel diminuent au profit de
temps pleins », commente Benoît Cau-
friez. PA.ML.

6,5 %
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