LeSoir - 2019-08-02

(Michael S) #1
8 société

ENTRETIEN
JOËLLE MESKENS
ENVOYÉE PERMANENTE À PARIS

E

t si ce n’était pas qu’une catas-
trophe pour le patrimoine? Plus
de trois mois après l’incendie de
Notre-Dame, l’association écologiste
« Robin des Bois » a déposé plainte. Les
poussières de plomb (des centaines de
tonnes) issues du toit en fusion pré-
sentent un vrai danger pour la santé,
alerte sa directrice, Charlotte Nithart.
Alors que le chantier est suspendu, elle
s’insurge contre les propos du préfet et
de l’architecte en chef qui relativisent le
risque.

Sur quoi se fonde votre plainte?
Les populations et les travailleurs n’ont
pas été assez protégés et informés face au
risque d’intoxication au plomb. Notre-
Dame, c’est à peu près 400 tonnes de
plomb qui sont parties en fumée. Les au-
torités connaissaient le risque mais n’ont
pas pris, ni dans les heures, ni dans les
jours, ni dans les semaines qui ont suivi
toutes les mesures de prévention néces-
saires.

Mi-juillet, Mediapart révélait des taux de
plomb très supérieurs aux normes dans
les environs de la cathédrale...
Mais qu’est-ce qui a été fait? Nous avons
joué un rôle de lanceur d’alerte
pendant trois mois en répondant
aux inquiétudes de la population.
Nous avons décidé de constituer
un dossier et de le présenter à la
justice pour qu’elle établisse les
responsabilités dans ce qu’on
peut qualifier de désastre sani-
taire.

Il y a un vrai danger?
Oui, il y a un vrai danger! Le
plomb a fait l’objet d’études, notamment
de la part de l’OMS, qui font l’unanimité.
C’est un toxique sans seuil. Dès les pre-
mières contaminations, il y a un risque.
En particulier pour les enfants et les
femmes enceintes. Le plomb s’accumule
dans les organismes et peut provoquer
diverses pathologies qui avancent mas-
quées. C’est sournois car on peut aussi
attribuer des symptômes (insomnies,
troubles de la concentration) à d’autres

causes. Le plomb peut provoquer des
problèmes neurologiques irréversibles,
des retards de croissance, des atteintes
aux fonctions cognitives. Le soir de l’in-
cendie, les populations ont regardé ce
spectacle dramatique sans aucune infor-
mation. Les Parisiens, les tou-
ristes, les journalistes sont restés
sous le panache. On n’a même
pas demandé aux riverains de
fermer les fenêtres et les bouches
d’aération comme quand il y a
des incendies dans des usines.

Après, les autorités n’ont pas
corrigé le tir?
Après, les précautions ont été dif-
fusées au compte-gouttes. Pen-
dant douze jours, les riverains ont touché
les poussières, ils ont marché dans la rue
sans savoir qu’ils auraient dû ensuite
laisser leurs chaussures à l’entrée, se la-
ver les mains et les cheveux. Pareil pour
les enfants qui en plus sont près du sol et
courent donc un risque plus important
de contact avec la poussière. Encore
maintenant, les informations ne sont
pas suffisantes. La semaine dernière,
deux écoles (qui servent de centres de

loisirs pendant l’été) ont été fermées.
Plus de trois mois après l’incendie! Et
rien n’est fait pour que le phénomène ne
s’incruste pas. Car le plomb est un
toxique persistant. Avec les orages, il
peut se répandre dans la Seine, ce qui po-
sera en plus un problème de contamina-
tion environnementale.

Que peut-on faire à présent?
On souhaite qu’à partir de maintenant,
l’information soit plus transparente, que
les protocoles d’analyses soient mieux
partagés. Qu’on profite des vacances
pour nettoyer les écoles à fond. Et qu’on
prévienne enfin les touristes! J’en vois
qui mangent leur sandwich par terre, qui
le posent sur la pierre face à la Seine et
puis le reprennent! Il y a un déni com-
plet du risque! C’est inadmissible!

Le préfet a indiqué que sauf à « lécher le
sol » du parvis, il n’y avait pas de dan-
ger...
C’est inexact. Le plomb n’est pas fixé au
sol. Ce sont des poussières qui peuvent
voler. La pollution n’est pas confinée
dans un centre de stockage technique.
C’est dramatique d’entendre de telles as-

sertions de la part d’un préfet dont le rôle
est de protéger les populations.

Philippe Villeneuve, l’architecte en chef,
dédramatise aussi en disant que « ce
n’est pas Tchernobyl »...
Je ne pensais pas encore entendre ce type
d’argument. Certes, ce n’est pas la fin du
monde et il y a toujours plus grave
ailleurs. Mais est-ce une raison pour ne
pas agir face à un risque avéré? Philippe
Villeneuve a reconnu dans une interview
au Soirqu’une partie de la cathédrale
menaçait encore de s’effondrer. Nous
avons joint l’article à notre plainte. Car si
tel devait être le cas, cela représenterait
un nouveau risque très important pour
la pollution au plomb!

Pour vous, il faut interrompre le chantier
plus longtemps qu’une semaine?
Oui, car la culture du risque industriel ne
s’apprend pas en quelques jours. Les ou-
vriers présents sur le chantier (cordistes,
échafaudeurs, tailleurs de pierre, cou-
vreurs, etc.) sont issus de professions qui
n’ont pas cette culture du plomb. Pour les
métaux toxiques, il y a des gestes contrai-
gnants à apprendre.

« Il faut prévenir les

touristes du danger

à Notre-Dame »

FRANCE

L’association écologiste

« Robin des Bois » a

porté plainte contre X,

notamment pour « mise

en danger de la vie

d’autrui ». En cause :

la pollution au plomb.

Quelque 400 tonnes
de plomb sont parties
en fumée lors
de l’incendie de
la cathédrale parisienne.
© REUTERS.

ANGLEUR

Le corps de l’adolescent retrouvé

Le corps de l’adolescent tombé acciden-
tellement mercredi après-midi dans
l’Ourthe à Angleur, en province de Liège,
a été retrouvé, a confirmé jeudi vers 13h
le parquet de Liège. Il a été retrouvé à
une centaine de mètres du lieu de l’acci-
dent. Il a été envoyé à l’institut médico-
légal pour autopsie.
« Le corps du garçon a été retrouvé vers
12h30 à une centaine de mètres du lieu
de l’accident. L’eau est un élément com-
pliqué : le corps n’était peut-être pas à
cet endroit mercredi quand les pompiers
l’ont cherché », a indiqué David Rimaux,
commissaire à la cellule des personnes

disparues. « N’étant alors pas équipés
d’un sonar, les pompiers avaient plongé
à l’aveugle » lors de la première phase de
recherches, interrompue mercredi vers
20h30 pour la nuit. Jeudi, celles-ci ont
repris vers 10h avec un sonar.
« Selon les pompiers, il est possible de
survivre 45 minutes » une fois tombé à
l’eau et sans prise à laquelle se raccro-
cher, a ajouté le commissaire. Le corps
de l’adolescent a été envoyé à l’institut
médico-légal pour autopsie.
Le jeune d’une quinzaine d’années jouait
avec ses amis lorsqu’il a glissé et est
tombé dans l’eau. BELGA

La protection civile a mené les recherches. © BELGA.

Aucune date n’est encore
fixée pour la reprise du
chantier à Notre-Dame.
Les travaux sont inter-
rompus depuis vendredi
dernier. Un collectif de
syndicats et d’associa-
tions demande le confi-
nement total du site.
Après l’incendie, plu-
sieurs analyses avaient
été faites sur la présence
de plomb sur les sols, à
l’intérieur et aux environs
de la cathédrale. Début
juillet, Mediapart avait
affirmé que des taux de
10 à 740 fois supérieurs
au seuil décrit comme le
maximum autorisé (1.
μg/m2) avaient été mesu-
rés à l’intérieur de la
cathédrale, jusqu’à 500
fois sur le parvis et de 2 à
800 fois dans le quartier.
L’Agence régionale de
santé avait reconnu la
présence de valeurs
élevées mais avait indi-
qué que les concentra-
tions pouvaient être
« très hétérogènes à
quelques dizaines de
mètres ». L’ARS avait
indiqué par ailleurs
qu’aucune norme sani-
taire n’existe pour les
poussières extérieures.
Selon Philippe Ville-
neuve, l’architecte en
chef, des mesures sani-
taires sont régulièrement
réalisées sur les ouvriers
et rien d’inquiétant n’a
été constaté. JO. M.

Des associations
demandent
le confinement

Charlotte
Nithart.
©D.R.

FRAUDE À L’ADOPTION

Les parents de

cinq orphelins

congolais

pourraient

être vivants
L’enquête judiciaire sur la fraude à
l’adoption d’enfants provenant de la
République démocratique du Congo
(RDC) par une quinzaine de couples
belges est entrée dans une phase finale,
écrivent jeudi De Standaard, Het Nieuws-
blad, Gazet van Antwerpenet Belang van
Limburg. Cinq adoptions sont suspectées
d’être frauduleuses, selon le parquet, qui
espère conclure en août. Concrètement,
cela signifie que cinq enfants auraient
été enlevés et présentés en tant qu’or-
phelins à des parents belges. Au moins
trois de ces enfants (aujourd’hui âgés de
7 et 8 ans) ont reçu après leur kidnap-
ping un nouveau nom et une nouvelle
date de naissance. Des recherches ADN
menées en Belgique auprès de 15 autres
enfants enlevés n’ont jusqu’ici rien don-
né. « Cette histoire douloureuse a com-
plètement ruiné nos vies, celle des pa-
rents biologiques et celle des enfants »,
ont réagi trois couples de parents belges.
L’enquête a permis de dégager une
figure principale dans le dossier : Ju-
lienne Mpemba, une Belgo-Congolaise
de 41 ans provenant de Namur.

PARTI SOCIALISTE


L’élection


présidentielle


après les négos


Au PS, l’élection interne du prochain
président (Elio Di Rupo ne rempilera pas),
au suffrage universel des membres, pré-
vue pour l’automne prochain, aura lieu
après la conclusion des négociations
entamées aux différents niveaux de pou-
voir en vue de former les gouvernements
respectifs (Régions, Communautés, fédé-
ral), nous confirme-t-on. D.CI


ÉTATS-UNIS/CHINE


Trump relance


la guerre


commerciale


Donald Trump a relancé la guerre com-
merciale avec Pékin jeudi en annonçant
sur Twitter qu’il allait imposer 10% de
tarifs douaniers supplémentaires sur les
300 milliards de dollars d’importations
chinoises jusque-là épargnées. Ces nou-
velles taxes entreront en vigueur le 1er
septembre, a dit le président, précisant
que les négociations, qui ont repris cette
semaine pour tenter de mettre fin au
différend commercial entre les deux pays,
allaient se poursuivre comme prévu. AFP


SÉCURITÉ ROUTIÈRE

Près de 50 %

de récidivistes

parmi

les conducteurs

condamnés
Près de la moitié des conducteurs
condamnés par un tribunal pour des
délits de roulage se font à nouveau
condamner pour des faits similaires. Et
environ 30 % des récidivistes se font
prendre dans la même année, ressort-il
d’une étude de l’institut Vias publiée
jeudi. Ces constatations sont le fruit de la
plus vaste étude jamais menée sur le
sujet en Belgique. Au total, les données
de plus de 92.000 personnes et de près
d’un million de délits routiers ont été
passées au peigne fin. La récidive est
particulièrement fréquente (86 %) et
rapide (55 % au cours de la même an-
née) chez les personnes déchues du
droit de conduire. Les personnes
condamnées sont majoritairement des
hommes (84 %), et ceux-ci ont deux fois
plus de risques de récidiver que les
femmes. L’étude permet également à
Vias d’affirmer que parmi les contreve-
nants routiers, ceux ayant été condam-
nés à suivre des cours de sensibilisation
ont 50 % de risque de récidive en moins
que ceux ayant écopé d’une sanction
« ordinaire ». BELGA
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