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ELLE MAG / REPORTAGE
Et si le luxe c’était de prendre son temps ? Par-delà
la formule aux accents publicitaires, il s’agit d’une vraie obses-
sion contemporaine. Débrancher, décrocher, rééquilibrer : les
lamentations sur le trop-plein de nos vies quotidiennes ont
envahi les conversations. Attendre qu’une page se charge sur
son Smartphone, attendre que le feu passe au vert, attendre
dans la file du supermarché... intolérable! « C’est comment
qu’on freine? » demandait Bashung. On a tenté quelque chose.
En cette période de transhumances estivales, on a remisé la
voiture au garage, l’avion à l’aérogare et le TGV au hangar.
Pour expérimenter un autre rythme. À l’heure où certains ont décidé d’arrêter de
voyager par les airs pour réduire leur empreinte carbone et qu’un livre vient de
sortir sur le sujet*, nous avons entrepris de traverser la France par les rails, de TER
en train Corail. Un périple « slow train », de la baie de Somme à la frontière espa-
gnole. De quoi se met tre en harmonie avec son tempo intérieur? Ça reste à voir...JOUR 1
SAINT-VALÉRY-SUR-SOMME / NOYELLES-SUR-MER.
10 KM, 35 MINUTES.
Le petit port de Saint-Valéry-sur-Somme ne vit pas au rythme des marées mais de
son train à vapeur qui sillonne chaque jour la baie pour balader les visiteurs dans
ce Far West picard. Attraction touristique plus que moyen de transport, les locos
vintage de la baie de Somme et leurs wagons en bois peuvent se révéler fort utiles
quand les autres trains ont déserté, remplacés par des autocars circulant au
compte-gouttes. Pas sûr que le moteur carburant au charbon soit un modèle de
vertu écologique, mais quel plaisir régressif de se laisser bercer par le rythme
mécanique des machines et des sifflets à vapeur pour commencer l’aventure.NOYELLES-SUR-MER / PARIS-GARE DU NORD.
189 KM, 2 H 01.
À Noyelles, les trains s’arrêtent mais la gare est fermée. Les herbes folles ont
envahi les quais. Il n’y a pas de banc pour s’asseoir. Voyager lentement, c’est
aussi voyager modestement. On embarque à l’heure dite dans l’Intercités fatigué
qui arrive de Boulogne-sur-Mer. Les compartiments sont déserts. Des ados en
vacances, des touristes sur le retour. « Amiens, 14 minutes d’attente. » On avait
laissé ce refrain au X Xe siècle. Le TGV ne s’embarrasse plus de donner des duréesJ ’AI TESTÉ...
LE SLOW
TRAIN
PENDANT L’ÉTÉ, NOS
VAILL AN TS R EP O RTERS
VONT AU BOUT DE CES
NOUVELLES PRATIQUES
QUI NOUS FASCINENT.
CETTE SEMAINE,
CATHERINE ROBIN FAIT
UN TOUR DE FRANCE EN
TER ET AU RALENTI SOUS
UN SOLEIL DE PLOMB.
ATTENTION AU DÉPART.
TEXTE ET PHOTOS CATHERINE ROBINLES TICS DE L’ÉPOQUE