XAVIER IMBERT
ELLE.FR 9
Aimer son corps? On est pour! On s’y applique pour être à l’aise
dans ses tongs en ces journées où l’on se promène avec quelques centi-
mètres carrés de tissu sur la peau comme si c’était normal. D’ailleurs, on fait
le plein d’idées pour pactiser avec ses complexes dans notre hors - série ELLE
Spécial Corps, une mine. Et aimer son cerveau? Le muscler comme ses
abdos, l’entretenir comme ses cuissots, le nourrir de bonnes choses pour sa
santé, ça vaut le coup aussi, non? Perso, si j’avais passé autant de temps à
étudier la Révolution française qu’à étudier des régimes pour me délester
de mes kilos, j’aurais une chaire d’histoire au Collège de France! Alors,
voilà le programme :
On détoxe nos méninges! On débranche les aler tes de son por table,
on arrête de polluer notre esprit avec des actualités périssables. Plutôt que
de s’énerver sur les tweets haineux de Donald Trump, on dévore « White »
(Éd. Robert Laffont), le dernier ouvrage de Bret Easton Ellis dans lequel il
passe les États-Unis à son rayon X, et son style unique.
On muscle nos neurones : on fait des haltères avec les feel good
books du moment. Curieuse idée qui voudrait qu’on doive lire des fadaises
sous le soleil. On redécouvre les classiques comme « Anna Karénine », de
Tolstoï, ou « Le Journal (I, II, III...) », de Charles Juliet, et on lévite.
On se met aux bios. Vous aimez les people, leurs frasques, leurs fesses,
leurs passions déraisonnables, plongez dans la biographie d’Edmonde
Charles- Roux « Edmonde », signée par Dominique de Saint Pern (Éd. Stock) :
amour, guerre et beauté!
On passe au vert : en se délectant de « Perdre la Terre », de Nathaniel
Rich (Éditions du Sous-Sol), le roman impitoyable du réchauffement
climatique et de ce que nous devons faire avant qu’il ne soit trop tard.
On change de régime. Ou on s’interdit les polars saignants et on se
nourrit de poésie. Offrez-vous « Comme un lundi » (éd. La Fosse aux ours).
Thomas Vinau y conte la beauté des pas de côté, la douceur magique des
bébés, les gestes et les gens qui font plier l’obscurité. « Ce n’est pas de la
lit térature. C ’est de l’amour. J ’ écris comme on ferme les yeux en embrassant
quelqu’un. » Ça fait aimer la vie et c’est pas mal non plus. nHÂLEZ
LES NEURONES
par OLIVIA DE LAMBERTERIE
ÉDITORIALISTESEMAINE DU 2 AU 8 AOÛT 2019
L’ÉDITO DE ELLE