complète des jeunes aux vieux (...), ensuite les garçons sont conduits en
brousse où le Tumuki leur fait des incisions sur le ventre et la poitrine^1.
Ainsi, les Babira, appelés alors Bakumu, donnèrent à leurs frères le
nom de Mambira pour avoir refusé de pratiquer la réelle circoncision,
lequel nom sera déformé et transformé par les colonisateurs belges en
Babira. Pour distinguer les Bakumu de Lubutu, de Kisangani et leurs frères
qui s’étaient installés à Mambasa après leur migration, les colonisateurs
avaient préféré leur étendre aussi ce même nom des Babira. De même, pour
différencier ces derniers de leurs frères de la plaine, ils les ont nommés
"Babira" de la forêt. C’est ainsi qu’on eut les Bakumu qui constituèrent le
groupe initial vivant à Lubutu, les Babira de la forêt installés à Mambasa, et
enfin les Babira de la plaine dans le territoire d’Irumu.
Séparé des Babira de la forêt, le dernier groupe vit dans la plaine de
la Shari, dans l’actuel territoire d’Irumu. La transformation de nom
"Babira" de la forêt en "Babila" est due à une influence linguistique, car
ceux de la forêt prononcent "L" au lieu de "R" ; ils disent Bila au lieu de
Bira. Bref, en kibila, la lettre "R" n’existe pas.
La non pratique de la circoncision par les Babira de la savane a été
confirmée par Van Geluwe en disant : "les Babira de la plaine ne pratiquent
pas la circoncision que les Bira de la forêt et les Kongo ont adopté après
leur pénétration dans la forêt. Pour les Bakumu, le nom Babira est un nom
de mépris, car selon leur coutume, il était obligatoire que les hommes
subissent la circoncision ; dans le cas contraire, on était dédaigné"^2.
1.3.2. L’origine et les mouvements migratoires
Les Babila habitent la région située entre les rivières Lenda à
l’Ouest, Epulu au Nord, le 29o19’ longitude Est et le 0o15’ longitude Nord
au Sud. D’après Van Geluwe^3 , les tribus limitrophes des Babila sont au
Nord et à l’Est, les Balese ; au Sud les Père ; et à l’Ouest, les Mbo et les
Ndaka.
Selon la tradition orale, les trois frères : Kumu, Bali et Boa vivaient
ensemble. Chacun d’eux était chef de son clan et ils vivaient tous à Yaitiko,
près de la source de la rivière Huma, affluent de la Tshopo. Boa se serait
séparé de son frère Bali suite à une querelle qui éclata entre eux à cause du
partage d’un fruit sauvage appelé "pusyo". Ce dernier se trouvant au milieu
du village, chacun d’eux se contentait de déclarer : "Quand ce gros pusyo
(^1) Ibidem, p. 42.
(^2) Ibidem, p. 82.
(^3) Idem.