36 MÉMOIRES D’UN COMBATTANT • OCTOBRE 2022
Mon foyer avec ses hauts et ses bas
Ma femme et moi emménageons dans Ahuntsic, au nord
de Montréal, où nous achetons notre premier condo. Notre fille
aînée a vu le jour le 19 février. Exactement le même jour que
celui de mon arrivée au Canada. Je découvre la paternité pour
la première fois et, comme le veut la tradition ici, je coupe le
cordon ombilical à la naissance. Physiquement, notre fille aînée
me ressemble beaucoup, ma copie presque. Mais sa personnalité,
elle, est exactement comme celle de sa mère. Elle est sensible,
qu’elle soit triste ou heureuse, ou pas contente. Elle est très
sentimentale et en même temps très analytique, réfléchie et
patiente dans ses actions et interactions.
Notre petite est née la veille de notre anniversaire de
mariage. Elle est tout l’inverse de sa sœur. Physiquement, elle a
surtout hérité du côté italien de la famille, tandis que son caractère
est exactement comme le mien à son âge : indépendante,
spontanée et sociale. Elle est proche de sa mère tout en gardant
un lien d’attachement fort et spécial avec moi.
Mes enfants, je les élève comme ma mère nous a élevés,
avec beaucoup d’amour et d’affection. Je ne manque jamais
de le leur signifier par les mots et par les actes. Mais la vie de
famille, aussi aimante soit-elle, n’est pas toujours parfaite. Mes
nombreux engagements sociaux, et plus tard politiques prennent
parfois le pas sur mon implication auprès de ma famille. Un vide,
un froid s’insinuent dans notre vie de famille en raison de mon
absence, à un tel point qu’un beau jour, ma femme me lance tout
bonnement : « je me considère comme une mère monoparentale ».
Ce fut très dur à entendre! À l’évidence, j’ai créé une situation
diamétralement opposée à ma vision sur l’équilibre travail-
famille. Le sens de mon engagement sociocommunautaire avait
toujours été de construire une vie meilleure pour nos filles, leur
offrant les opportunités dont elles auraient besoin plus tard
pour réussir dans la vie. En même temps, j’ai toujours œuvré,
par le biais de Repère, à promouvoir l’engagement des hommes
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