64 MÉMOIRES D’UN COMBATTANT • OCTOBRE 2022
Une Association au service de l’inclusion
On se souvient des débats organisés dans le cadre des travaux
de la Commission Bouchard-Taylor et de ce qu’ils ont révélé. Entre
autres, la lutte sans merci entre les tenants de l’interculturalisme
et ceux du multiculturalisme, ceux de l’intégration et de l’exercice
de la citoyenneté et ceux de l’inclusion sociale! Le titre « Fonder
l’avenir, le temps de la conciliation » que les deux auteurs principaux
de la Commission ont donné à leur rapport avait frappé certains
esprits. La dynamique qui s’en est suivie a pris un autre chemin :
celui de la poursuite de la confrontation politique qui place les
acteurs sociaux et communautaires devant des choix difficiles
dans la mise en œuvre des diverses stratégies et pratiques
d’intervention portées par l’une ou l’autre des orientations
politiques sur le terrain de l’intégration et de l’inclusion.
Ce qui pose problème, c’est moins le choix libre d’adhérer
à une politique ou à une autre que le manque de résilience dans
la recherche et la mise en œuvre de projets dynamiques qui
permettent un travail idéologique durable. Ce travail doit s’inscrire
dans suffisamment de temps pour se nourrir de la croyance à des
valeurs communes auxquelles les différentes communautés et
individus se reconnaissent sans aucune exclusion. Et dans tout ça,
peut-on compter sur la société civile pour se donner de nouveaux
mécanismes, suffisamment solides, pour offrir des alternatives aux
opportunismes politiques autour de la question de l’intégration
et jeter les bases idéologiques et scientifiques de l’inclusion
systémique dont le Québec a besoin?
Racines se veut une des réponses
Chaque année depuis 2017, l’association Racines
rassemble des académiciens, des chercheurs, des intervenants
sociocommunautaires ainsi que des professionnels pour fouiller
des sujets sur différentes thématiques autour des enjeux
relatifs aux pratiques d’intervention dans le domaine social
MÉMOIRES D’UN COMBATTANT • OCTOBRE 2022 65et communautaire auprès des communautés immigrantes à
Montréal. Ces thématiques ont porté sur l’adaptation des
pratiques d’intervention auprès des familles maghrébines, la
construction identitaire des jeunes issus de l’immigration, la
santé mentale et la migration, et le pouvoir d’agir des jeunes
issus de la diversité.Racines fait ainsi appel à diverses compétences gagnées sur
le terrain communautaire et institutionnel et des compétences
nourries par la recherche en sciences sociales pour apporter sa
contribution à la recherche des pratiques efficaces d’intervention
sociale dans le contexte de la diversité culturelle au Québec. Les
participants prennent ainsi connaissance des récentes recherches
universitaires et des expériences qui portent sur le pouvoir d’agir
comme pratique d’intervention sociale, notamment celles qui
font face au défi de la conciliation entre, d’une part, l’impératif
d’adapter la méthodologie du travail social aux nouvelles réalités
imposées par des cultures héritées de l’immigration, et d’autre
part, la nécessité pour le travail social de poursuivre sa mission
avec le haut degré de qualité auquel il est parvenu au Québec.Soutien indéfectible aux femmes
Depuis sa fondation, je me suis appliqué à ce que Racines
apporte du soutien à l’épanouissement des femmes maghrébines,
un des objectifs importants de sa mission. Ce choix s’est imposé
à moi et à mes collègues à partir du constat que de nombreuses
femmes maghrébines vivent une inégalité multidimensionnelle à
laquelle elles cherchent des solutions. C’est la raison pour laquelle
nous œuvrons constamment à bâtir des réseaux d’échanges avec
des partenaires de divers horizons pour aménager des espaces
de dialogue et de soutien leur permettant de développer des
habiletés à travailler sur l’avancement de leur statut et à gagner
progressivement des acquis en matière d’égalité.