72 MÉMOIRES D’UN COMBATTANT • OCTOBRE 2022
Chapitre 9 :
La maladie
MÉMOIRES D’UN COMBATTANT • OCTOBRE 2022 73
Des douleurs
Après mon passage en politique, je reprends mes
responsabilités dans le milieu sociocommunautaire, où je redouble
d’engagements et d’efforts. Directeur général de RePère,
président de la Confédération des Organismes familiaux du
Québec (COFAQ), membre du CA de L’Alliance des communautés
culturelles pour l’égalité dans la santé et les services sociaux
(ACCÉSSS), membre du comité ethnoculturel du Centre jeunesse
de Montréal, président de l’association Racines, animateur à la
radio Centre-ville... J’ai toujours été une personne travaillante,
très occupée. Ma relation boulimique au travail fut telle que j’ai
beaucoup négligé ma santé et minimisé les signes que mon corps
m’envoyait. Lorsque ça allait mal, pour une raison ou pour une
autre, je me disais toujours que c’était de la simple fatigue, ou
quelque chose que j’avais mangé, bref, souvent une interprétation
complaisante dans le but de me dédouaner de toute prise de soin
de ma personne. De fait, cela faisait longtemps que j’avais des
problèmes d’estomac. Je le savais, mais là encore, je rationalisais
- pour dire vrai, j’étouffais la vérité – prétextant une mauvaise
alimentation. Et pour compléter mon profil patient, ma relation
malsaine au travail et la négligence de mon propre bien-être
physique ont fait en sorte que j’ai toujours été très réticent à
l’idée d’aller voir un médecin. En effet, l’hôpital était pour moi
synonyme de lourdeur, voire de temps perdu. Je ne voulais pas y
rester prisonnier pour un petit bobo alors que j’étais si occupé. Par
conséquent, quand arrivait la visite chez mon médecin de famille - visite annuelle relevant de la pure formalité, afin de garder
mon dossier ouvert –, je mentais souvent. Je ne lui disais que le
strict minimum afin qu’il ne trouve rien qui puisse provoquer des
analyses approfondies, des traitements chronophages et des va-
et-vient fréquents dans un système de santé aux pieds d’argile.