L’homme en rose - MÉMOIRES D’UN COMBATTANT

(mbarhone) #1

78 MÉMOIRES D’UN COMBATTANT • OCTOBRE 2022


Chapitre 10 :


Chapitre 10 : Retour aux sources


MÉMOIRES D’UN COMBATTANT • OCTOBRE 2022 79

Défi d’un voyage au Maroc,
peut-être le dernier!

Ma mère a toujours vécu à Rabat, et c’est là où elle est
durant toute cette histoire. Je refuse de lui annoncer mon
cancer au téléphone ni par vidéo ; elle est âgée et diabétique,
un tel choc pourrait lui être fatal. Pourtant, les médecins – tous


  • m’interdisent rigoureusement de prendre l’avion. Ils me disent
    que si je tiens absolument à y aller, et c’est le cas, il faudra passer
    un examen au préalable indiquant que mon corps répond bien
    à la chimiothérapie ; ce que je fais. De plus, ils m’imposent un
    délai strict : six jours au Maroc, pas un de plus. Je fais donc mes
    préparatifs. Je ferai l’annonce le quatrième jour.


Ma mère s’effondre


Mes plans seront quelque peu contrecarrés durant mon
séjour. Dès mon arrivée, ma sœur me demande pourquoi je porte
soudainement un béret que je n’enlève jamais. Rien ne transpire
de mon état. Je mens, je dis que je l’aime, c’est tout. Les deux
premiers jours sont radieuÝ à ,abat t Nous profitons bien du
temps ensemble. Au troisième jour, nous allons à Marrakech. Là,
dans notre hôtel, ma mère me prend à l’écart et me dit : « Écoute,
mon fils, je vois bien que ta peau est p@le. e sais que tu étais à
l’hôpital récemment et que tu ne nous répondais pas lorsqu’on
t’appelait. Que se passe-t-il? » Devant cette remontrance des plus
maternelles, je me mets, sans dire un mot, sans préavis, à pleurer,
à pleurer à grosses larmes, à pleurer à très grosses larmes. Je ne
contrôle plus mes émotions, et je n’essaye plus d’ailleurs ; je me
laisse complètement aller. Je lui dis que j’ai un cancer du pancréas.
Jamais auparavant je n’ai vu ma mère pleurer de la sorte, comme
une enfant. Elle me dit : « Pourquoi toi, pourquoi toi? Tu es mon
père, mon vrère, mon fils ‚. Nous pleurons beaucoup. Puis, je
l½aide à se ressaisir, comme je l½avais vait avec mes filles. e lui
explique, avec autant de calme et de rassurance que possible,
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