L’effet Boris Johnson n’aura
pas suffi. Une semaine après
son arrivée à la tête du gou-
vernement, le nouveau Pre-
mier ministre a subi son pre-
mier revers électoral. Jeudi,
les électeurs de la circons-
cription galloise de Brecon
and Radnorshire ont élu dé-
putée la candidate libérale-
démocrate Jane Dodds. Cette
dernière a battu le conserva-
teur Chris Davies, le député
sortant, de 1 425 voix. L’élec-
tion avait été déclenchée
après la démission forcée de
Chris Davies, condamné
pour fraude dans ses dépen-
ses parlementaires. La majo-
rité de Boris Johnson à la
Chambre des communes est
désormais réduite à une
seule voix et encore, en
comptant les dix des députés
du parti unioniste nord-ir-
landais Democratic Unionist
Party (DUP).
Cette majorité minuscule ré-
duit encore un peu la marge
de manœuvre au Parlement
du Premier ministre, alors
que plusieurs de ses propres
députés conservateurs lui
sont farouchement hostiles.
Le parti libéral-démocrate ré-
cupère une circonscription
qui lui était traditionnelle-
ment acquise jusqu’en 2015,
où elle était passée au Parti
conservateur. Lors des der-
nières élections, en 2017,
Chris Davies avait gagné avec
une majorité de 8 038 voix.
Pour cette élection, le parti
gallois Plaid Cymru et les
Green n’avaient pas présenté
de candidat
pour maxi-
miser les
chances de la candidate du
parti libéral-démocrate. Pour
la simple raison que ces trois
partis sont farouchement en
faveur du maintien au sein
de l’Union européenne. Le
Pays de Galles, et particuliè-
rement la circonscription de
Brecon and Radnorshire,
avaient pourtant voté
«Leave» en juin 2016, à 53,7%.
Mais dans cette région très
rurale, la course au Brexit
sans accord que semble privi-
légier Boris Johnson inquiète
de plus en plus.
Le résultat est donc particu-
lièrement
important,
d ’ a u t a n t
que le taux de participation,
59,5 %, est le plus élevé enre-
gistré pour une élection par-
tielle depuis 1997. Depuis les
élections européennes, où il
avait enregistré la deuxième
place derrière le Brexit Party
de Nigel Farage, la stratégie
très pro-européenne du parti
libéral-démocrate, qui ré-
clame un second référendum
sur le Brexit, continue donc
de payer. Le Brexit Party s’est
placé en troisième position,
mais très très loin derrière les
conservateurs et les libéraux-
démocrates. Le Labour enre-
gistre une pitoyable qua-
trième place avec seulement
5 % des voix, contre 18 %
en 2017. Il paye une fois de
plus son manque de clarté
sur le Brexit.
Le résultat de cette élection
partielle pourrait renforcer
les probabilités d’une élec-
tion générale anticipée à très
court terme. La question est
de savoir quand. Un récent
sondage réalisé par ComRes
montre que le scénario qui
offrirait le plus de chances au
Parti conservateur d’obtenir
une majorité au Parlement
serait celui d’un scrutin pro-
voqué après une sortie de
l’UE sans accord le 31 octobre
prochain. Ce qui pourrait ex-
pliquer la stratégie actuelle
de Boris Johnson.
SONIA
ELESALLE-STOLPERD
Correspondante à Londres
10 MILLIARDS
C’est, en tonnes, l’estimation basse de la
massed’eauayantfonduauGroenlandlorsde
la seule journée du 31 juillet, elon le Polar Por-s
tal, un site danois de surveillance du climat et des
calottes glaciaires arctiques. Ce qui représente, en
volume d’eau pure, 10 cubes d’un kilomètre de
côté. Soit 2,666 millions de piscines olympiques
standards de trois mètres de profondeur. Soit la
consommation minimale journalière de 500 mil-
lions de personnes, selon les recommandations
de l’OMS (20 litres par personne et par jour pour
l’alimentation et l’hygiène). Les masses d’air chaud
ayant entraîné de fortes vagues de chaleur en Eu-
rope fin juillet ont graduellement migré vers le
Nord, atteignant finalement le Groenland où elles
ont provoqué des fortes fontes des glaces.
Premier test électoral et premier
échec pour Boris Johnson
Billet : le bébé rhino, l’insémina-
tion artificielle et la conservation
Peut-on remettre le sort des espèces au
bord de l’extinction dans les seules mains des spécialistes de
la technologie reproductrice? cette question, beaucoupA
d’acteurs, scientifiques comme environnementalistes, répon-
dent que ces efforts sont vains et devraient être déployés dans
les politiques de conservation qui manquent, elles, cruelle-
ment de moyens et d’ambition.PHOTO AFP
LIBÉ.FR
ANDREY
ALLAKHVERDOV
de Greenpeace
A court de solutions, Vladimir Poutine a décidé mercredi
d’envoyer l’armée aux côtés des 1 200 pompiers luttant
contre les feux de forêt qui ravagent la Sibérie depuis plu-
sieurs semaines. Vendredi, près de 3 millions d’hectares
étaient encore en proie aux flammes tandis que 12 millions
d’hectares – l’équivalent de la superficie de la Corée
du Nord – auraient déjà brûlé d’après Greenpeace Russie.
Le Kremlin pourrait également accepter la proposition
de soutien faite par Donald Trump mercredi. Andrey
Allakhverdov, coordinateur des médias pour le programme
de prévention des incendies de Greenpeace, estime que
cette situation catastrophique aurait pu être évitée avec
une action rapide.
Lire son interview sur Libération.fr.
AFP
«En Sibérie,
les pompiers
ne peuvent
pas éteindre
3 millions
d’hectares
d’incendie.»
Il s’appelait Dany et avait
23 ans. Originaire de la répu-
blique démocratique du
Congo, il s’est pendu après
avoir appris que sa demande
d’asile avait été refusée à
Mayotte. A la suite de ce
drame, de nombreux ressor-
tissants africains ont mani-
festé mardi à Mamoudzou
pour exprimer leur tristesse
et dénoncer leurs conditions
de vie dans cet archipel de
l’océan Indien, devenu
en 2011 le 101e épartementd
français.«On attend pendant
des mois d’avoir une réponse
de la préfecture pour pouvoir
faire les papiers. On les re-
lance sans cesse mais il n’y a
pas de réponse. En attendant,
on est tous des morts-vivants
ici», aconte l’un des mani-r
festants à la chaîne Mayotte
la Première.
Mayotte est devenue ces der-
nières années un nouveau
point d’entrée vers l’Europe.
Comme Dany, les migrants
originaires d’Afrique sont de
plus en plus nombreux à re-
noncer à la redoutable traver-
sée de la Libye et aux risques
de noyades en Méditerranée.
Selon les chiffres de l’Office
français de protection des ré-
fugiés et apatrides (Ofpra), le
nombre des demandes de
protection déposées sur l’île
a plus que doublé entre 2016
(387 demandes) et 2018 (809).
Parmi celles-ci, près de 60 %
proviennent de personnes
originaires de la région des
Grands Lacs (république
démocratique du Congo,
Rwanda et Burundi). Un chif-
fre en«constante évolution
depuis 2014, en particulier
avec l’augmentation des filiè-
res clandestines d’êtres hu-
mains», constate Romain
Reille, directeur général de
Solidarité Mayotte, une asso-
ciation qui accompagne les
demandeurs d’asile.
Arrivés à Mayotte avec l’es-
poir d’une vie meilleure,
les migrants africains dé-
chantent vite. L’archipel est
aujourd’hui le département
le plus pauvre de France,
avec un taux de chômage
proche de 26 % et des condi-
tions de vie précaires.
Pourtant, chaque année, des
milliers de clandestins ral-
lient ses côtes après avoir
transité par les Comores. Ils
entament alors une traversée
de 70 kilomètres dans un bras
de mer dangereux sur des
kwassa-kwassa, de frêles em-
barcations, parfois au péril de
leur vie. En 2012, un rapport
sénatorial estimait que ces
traversées avaient causé
«entre 7 000 et 10 000 morts
depuis 1995». ésormais, prèsD
d’un habitant de Mayotte sur
deux est de nationalité étran-
gère, dont la plupart d’origine
comorienne.
LÉA MASSEGUIN
L’espoir perdu des migrants africains
bloqués à Mayotte
Jane Dodds après sa victoire, vendredi.PHOTO REUTERS
VU DE LONDRES
Libération Samedi3 e t Dimanche4 Août 2019 http://www.liberation.fr f acebook.com/liberation f t @libe u 11