En haut à gauche :
Manon
les prénoms sont modifiés)(
va voir son conjoint détenu
à Rennes-Vezin.
Au milieu, en haut :
lodie, avec son fils Max, vientE
à Rennes trois fois par semaine
pour voir son compagnon.
Dessous : Franck, sortant
de prison, passe dix jours à la
maison Arc-en-ciel en
attendant un appartement. Ce
soir-là, il dîne avec ses proches.
Ci-dessus : le jardin
e la maison.d
«Ici, il n’y a pas de religion, pas de politique,
pas de jugement. Nous sommes d’humain à
humain.» arie Crétenot, juriste à l’Observa-M
toire international des prisons, en profite
pour rappeler à quel point«l’opprobre qui
s’abat parfois dans la sphère sociale» eutp
avoir un effet destructeur sur les proches de
détenus, et souligner combien«ce genre d’ini-
tiative est essentiel», ien qu’encoreb «très in-
suffisamment répandue».
«BELLE SOLIDARITÉ»
Parmi ces victimes collatérales passées sous
l’objectif de Marianne Barthélémy, on trouve
des visiteurs étrangers au département, par-
fois de la région, mais aussi souvent de la mé-
tropole, voiredu pays.«Beaucoup de proches
font le trajet des DOM-TOM jusqu’à Rennes,
c’est incroyable !» aconte la jeune photogra-r
phe, qui se souvient de l’histoire de Christelle,
rencontrée avec ses filles peu avant leur pre-
mier parloir.«Depuis, elle a quitté la Martini-
que avec ses enfants pour venir s’installer à
Rennes, se rapprocher de son mari.»Des
femmes, Marianne Barthélémy en a rencon-
tré beaucoup sur la vingtaine de proches qui
lui ont dévoilé cette facette de leur vie. Des
compagnes, des mères, des sœurs.«Dans les
maisons d’accueil, il peut d’ailleurs y avoir
une très belle solidarité entre femmes de déte-
nus : pour s’occuper des enfants, donner du
linge au parloir, s’organiser pour les trajets»,
a constaté la photographe. Elle espère pou-
voir terme exposer ses clichés en les accom-à
pagnant de témoignages audio,«douloureu-
sement plus lourds et plus riches en détails».
Et alors que le nombre de détenus augmente
de façon constante dans les prisons fran-
çaises, la photographe espère bien interroger
les consciences.«En France, on ne parle
aujourd’hui des prisons que pour aborder le
problème de la surpopulation. Nous n’avons
plus de véritable débat qui porte sur la viabi-
lité du modèle, du moins pas avec la même
force que dans les années 80, où c’était bien
plus courant.»•
(1) Les prénoms ont été changés.
Libération Samedi3 e t Dimanche4 Août 2019 http://www.liberation.fr f acebook.com/liberation f t @libe u 17