Beaux Arts I 133
MARCHÉ & POLITIQUE CULTURELLE
N° 418 Avril 2019
A
vec cette touche impressionniste, ces couleurs et cette lumière, on jurerait au premier
abord voir un Pissarro. Exécuté en 1881 et intitulé le Jardin de Pissarro, quai du Pothuis
à Pontoise, ce tableau est pourtant l’œuvre de son élève, Paul Gauguin, rencontré
quelques années auparavant. Gauguin est alors agent de change, profession qu’il abandonnera
pour se consacrer entièrement à la peinture l’année suivante. Grâce à son mentor, il évoluera
dans le sillage du mouvement impressionniste avec brio, comme le prouve ce paysage d’une
modernité saisissante, avec son cadrage particulier et novateur, s’inspirant de certains procédés
photographiques, et ses branches d’arbre entrant de façon inattendue dans le champ pictural.
La toile sera mise en vente aux enchères, le 29 mars, à Paris chez Sotheby’s. Restée dans la même
famille depuis près d’un siècle, elle est inédite sur le marché. Mais pas inconnue : elle a notamment
été exposée à Pont-Aven en 1964 et au Cleveland Museum of Art en 2015. Elle est un formidable
témoignage de l’étroite relation entre Gauguin et son maître. La maison représentée est celle
de Pissarro et «il est quasiment certain que le personnage sous l’ombrelle soit Pissarro lui-même,
dont on sait qu’il avait l’habitude de peindre sous une ombrelle, ainsi qu’en attestent de nombreux
témoignages et images de l’artiste à Pontoise. Ce tableau est donc un véritable hommage
à son professeur, dont la présence est ici suggérée», rapporte Aurélie Vandevoorde, directrice
du département Art impressionniste et moderne de Sotheby’s France. Cerise sur le gâteau :
deux autoportraits de Gauguin sont peints au dos de la toile. Il y a fort à parier que ce double
tableau s’envole au-delà de son estimation fixée raisonnablement entre 600 000 et 900 000 €. A. M.
Pages coordonnées
par Armelle Malvoisin
ART MODERNE
Ceci n’est pas un Pissarro
Paul Gauguin
Le Jardin de Pissarro, quai du Pothuis à Pontoise
(deux esquisses d’autoportrait au verso)
1881, huile sur toile, 66 x 54,4 cm.
Estimation : de 600 000 à 900 000 €
Vente à Paris, le 29 mars chez Sotheby’s
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ILS FONT L’ACTU
Romane Sarfati
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LES ACTEURS DU MARCHÉ
La tribune de Pierre-Jean Galdin
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COTE DE L’ART
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CONSEILS D’ACHAT
Des pionnières à redécouvrir
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