Beaux Arts - 04.2019

(Grace) #1

Beaux Arts I 65


«Toutankhamon – Le trésor
du pharaon» jusqu’au 15 septembre
Grande Halle de la Villette
211, avenue Jean Jaurès
75019 Paris • 01 40 03 75 75
http://www.expo-toutankhamon.fr
Catalogue sous la dir. de Zahi
Hawass • coéd. IMG / Melcher Media
320 p. • 50 €
✶ Hors-série
Beaux Arts Éditions
108 p. • 7,90 €

Une occasion en or
C’est une chance unique qui s’offre à vous! Cet extraordinaire trésor ne devrait ensuite
plus jamais sortir d’Égypte. L’exposition de la Grande Halle de la Villette, proposée
en partenariat avec le musée du Louvre, profite du transfert d’une partie des collections
du musée du Caire de la place Tahrir vers le Grand Musée Égyptien de Gizeh, qui devrait
ouvrir ses portes dans quatre ans. Les 150 objets réunis (pas le masque funéraire ni le trône
en or, hélas, mais l’exceptionnel naos en bois doré, un cercueil miniature à l’effigie du roi,
et des dizaines de bijoux tout de même) promettent de déplacer les foules... Record
à battre? Celui de «l’exposition du siècle» en 1967, où la venue du jeune roi avait attiré plus
de 1,2 million de visiteurs au Petit Palais, à Paris.

C’est la mort de lord Carnarvon, mécène de l’expédition
d’Howard Carter dans la vallée des rois, qui allume les pre-
miers feux d’une soi-disant malédiction : «Le pharaon s’est-
il vengé ?» s’interrogent, au lendemain du 6 avril 1923, les
journaux du monde entier. Quelques semaines plus tôt, le
comte britannique à la santé fragile s’était fait piquer par
un moustique. La plaie s’est infectée, une pneumonie s’en
est mêlée. Presque trop banal! Les rédactions s’emballent.
Précision importante : la presse avait été écartée de la
découverte du tombeau – lord Carnarvon ayant vendu
l’exclusivité du reportage au quotidien britannique Times.
Or l’époque raffole des histoires de momies maudites.
L’Angleterre a frissonné en
lisant The Mummy! A Tale of
the Twenty-Second Century
de la romancière Jane Webb
Loudon. Résultat : un cata-
logue de «faits» étranges
vient noircir les unes. Au
hasard : lorsque Lord Car-
narvon rend son ultime
souffle, les lumières du Caire
auraient clignoté ; il aurait
parlé subitement dans une
langue incompréhensible ;
sa chienne serait tombée
raide morte en même temps
que lui... Après ce premier
épisode, et pendant des
années, tout décès d’une
personne ayant approché de
près ou de loin le trésor est
associé à la malédiction :
c’est le cas – parmi une

5 / D’où vient cette
histoire de malédiction?

La découverte en 1922 du
tombeau de Toutankhamon est
suivie de plusieurs morts
mystérieuses : la presse y trouve
un filon romanesque.

dizaine d’autres – du frère de Carnarvon, de l’assistant
de Carter, du magnat américain George Jay Gould, ou
encore du prince égyptien Ali Kamel Fahmy, mort dans sa
chambre d’hôtel... d’un coup de fusil tiré par sa femme.
La réalité a beau être beaucoup moins romanesque (sur
les vingt-six personnes présentes à l’ouverture de la tombe,
six sont mortes au cours des dix années suivantes), la presse
s’accroche. Notamment à une brique «magique», décou-
verte par Howard Carter dans la salle du trésor et recouverte
d’une inscription : «C’est moi qui empêche le sable d’enva-
hir la chambre secrète. Je suis celui qui protège le défunt
et je tuerai quiconque osera franchir ce seuil pour entrer
dans la tombe sacrée du roi éternel qui vit à jamais.» Sauf
que, là aussi, la transcription était fantaisiste... n

Howard Carter ouvrant les portes de la chapelle dorée
et contemplant le sarcophage de Toutankhamon, en 1923.

Erich Schilling
Toutankhamon
chasse les
Anglais
d’Égypte
Après l’ouverture
du tombeau de
Toutankhamon,
les rumeurs font
les choux gras
de la presse.
Simplicissimus
du 10 mars 1924.


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