Beaux Arts - 05.2019

(Steven Felgate) #1

48 I Beaux Arts


EN COUVERTURE l MONUMENTAL


en plan concentrique et disposés selon une organisation
sophistiquée, continue de défier les spécialistes qui s’ar-
rachent les cheveux pour tenter d’en comprendre l’organi-
sation précise. Après avoir découvert un alignement des
pierres sur le lever et le coucher du soleil, les chercheurs
lient le site à de savants calculs mathématiques ou astro-
nomiques destinés à servir d’observatoire, calculer les
éclipses et dompter les forces cosmiques!
À la même époque, en Égypte, au IIIe millénaire avant
notre ère, les hommes clamaient haut et fort l’importance
des grands règnes et les richesses époustouflantes de leur
civilisation à travers des œuvres non moins spectaculaires.
Sculpté dans la roche calcaire d’un promontoire, le sphinx
de Gizeh, corps de lion long de 73 mètres, haut de 20 mètres
et doté d’une tête de pharaon – celle de Khéops, le père de
Djédefrê qui la fit ériger –, se dresse devant les grandes
pyramides, à la fois sage et autoritaire, jouant les gardiens
protecteurs de lieux sacrés. Son édification, tout comme
celle de Stonehenge, implique d’avoir sacrifié un temps, un
nombre d’hommes et une énergie colossale.
Ces questions techniques ont longtemps accaparé les
recherches menées autour des statues moai de l’île de
Pâques, Rapa Nui, sorties de la terre volcanique polyné-
sienne et hissées sur ses collines entre le début du XIIe et le
XVIIe siècle. Ces immenses silhouettes humaines dotées

d’yeux en corail pouvaient peser jusqu’à 80  tonnes et
seraient d’ailleurs responsables de la disparition des arbres
sur l’île, puisqu'elles étaient transportées grâce à un sys-
tème de traîneaux de bois sur des rails à pirogues. Plus le
temps avançait, plus leurs dimensions furent grandes, c’est
désormais avéré. En revanche, leur raison d’être demeure
mystérieuse. Peut-être ont-elles vu le jour dans le cadre
d’une compétition entre clans, ou de rites sacrés destinés
à vénérer les ancêtres et les dieux dont il fallait s’attirer à
tout prix les bonnes grâces...

Puissance érotique et divine
L’art monumental joue souvent ce rôle de figure tutélaire
capable de prévenir ou protéger des catastrophes. Connue
pour les scènes érotiques de ses décors, l’imagerie des
temples indiens de Khajuraho, loin de se vouloir sulfu-
reuse, illustre la fusion de forces divines. Son idéal de
beauté est empli d’une puissante énergie positive, associée
aux notions de fertilité et d’abondance. Les dernières sta-
tues de Khajuraho, tout comme les premiers moai de l’île
de Pâques, sont contemporaines d’un temple qui défie plus
encore les lois humaines du temps et l’espace : le Bayon,
construit à Angkor à la fin du XIIe siècle. Magnifiés par le
soleil couchant, les gigantesques visages sculptés de son
architecture célèbrent l’Empire khmer et la puissance de

CI-CONTRE
Diego Rivera
L’Épopée
du peuple
mexicain
(panneau
de gauche :
le Mexique
d’aujourd’hui
et de demain)
Entre 1929
et 1935, Diego
Rivera peint
sur les murs
de l’escalier
central du Palais
national de
Mexico ce mural
de 276 m de long
à la gloire du
marxisme et du
peuple mexicain.
1935, fresque,
7,49 x 8,85 m.


PAGE DE DROITE
Michel-Ange
Plafond de la
chapelle Sixtine
Michel-Ange
mit tout son génie
à l’œuvre pour
réaliser la fresque
la plus célèbre
au monde.
1508-1512,
Vatican, fresque,
40,5 x 14 x 20 m.


QQQ

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