Beaux Arts - 08.2019

(Chris Devlin) #1

110 I Beaux Arts


Dave Heath
Double solitude

Nourries par W. Eugene Smith et les représentants
de l’École de Chicago, les photographies de
Dave Heath traduisent avec une intensité troublante
le douloureux sentiment de se sentir étranger
au monde. Ce double portrait, issu du livre A Dialogue
with Solitude publié en 1965, joue de l’antagonisme
symbolique entre la proximité et l’éloignement des
deux jeunes femmes, leur présence physique et leur
absence psychique. Ce n’est pas tant les troubles
de son enfance orpheline qu’évoque ici l’artiste que
la mélancolie suscitée par les profondes mutations
économiques de la société moderne d’après-guerre,
dont la vie citadine et anonyme est l’incarnation.
Washington Square, New York City, 1960

Lars von Trier
This is the end

Déployant une esthétique visuelle ouvertement puisée dans la lignée de Dürer, du romantisme et des préraphaélites,
le film de Lars von Trier fait véritablement entrer la mélancolie dans le champ du cinéma. La planète Saturne


  • astre tutélaire du personnage de Justine – se dirige vers la Terre qu’elle menace de détruire. Cette mise en scène
    apocalyptique sert d’allégorie pour traduire la détresse de cette moderne Ophélie, causée par l’hypocrisie
    des conventions sociales, à commencer par le mariage. Sa mélancolie est une force qui détruit en créant. Elle est
    la promesse d’un nouveau monde à venir.
    Melancholia, 2011

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