Beaux Arts - 08.2019

(Chris Devlin) #1

118 I Beaux Arts


L’ART DES ÉMOTIONS l RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR


Boulevard de la mort


Hans Memling
Âmes sensibles, s’abstenir

Anne-Louis Girodet
L’horreur en 4 mètres sur 3

La peur provoque des gestes de défense :
bras levés, paumes en avant, mains serrées
sur la tête, signes d’imploration, genoux
tremblants... Ce détail est tiré du panneau central
du Jugement dernier de Hans Memling,
où figurent également le Christ et saint Michel.
Sur les autres volets du triptyque, les élus
montent au ciel et les damnés chutent en enfer.
Reprenant le Jugement dernier de Rogier
Van der Weyden, réalisé quelques années plus tôt
pour les Hospices de Beaune, Memling organise
le bas de sa composition autour de l’archange.
Saint Michel pèse les âmes des défunts
sur une balance dont on aperçoit les chaînes.

Terreur qui tétanise (le corps du vieil homme), visage d’effroi (du père
de famille) et réflexes de survie (chez la femme et les enfants)...
Tous les ingrédients du mélodrame sont concentrés dans cette toile
de Girodet relatant un fait divers (une famille prise dans une catastrophe
naturelle) dans un très grand format (441 x 341 cm), jusqu’alors
réservé à la peinture d’histoire. Ce tableau a rencontré un vif succès
au Salon de 1806 et remporté en 1810 le concours des Prix décennaux,
face aux Sabines de David, avec ce commentaire du jury : «Cette scène
si touchante et si terrible, en offrant à nos regards ce que la crainte et le
danger extrême ont de plus effrayant, ne présente que des mouvements
nobles et ce que la nature a de plus pur.»
Le Jugement dernier [détail du panneau
central], vers 1467-1471 Scène de déluge, 1806


Au seuil du néant et des portes de l’Enfer, l’affolement généralisé


est l’occasion de dresser une belle galerie de portraits épouvantés.

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