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a COLLECTIOn | DEnhOLM
hEwLETT
| 1h50
| Mise en scène,
scénographie
et dramaturgie
Kirill Serebrennikov.
cette semaine, nous sommes...
troublés intrigués
revigorés
rafraîchis impressionnés
admiratifs
La vraie vie de Diego MaraDona,
dieu du football, qui a survécu à
l’adoration folle dont il fut l’objet.
les faussaires De Manhattan,
fascinant polar littéraire, autour de
la personnalité trouble de Lee Israel.
egoli, album de Damon albarn,
réunit trente musiciens africains et
européens à Johannesburg. Pépite.
L’écrivaine astriD linDgren avait le
caractère aussi bien trempé que son
héroïne Pippi, dite Fifi brindacier.
Sète expose albert Marquet, qui
fixa sur la toile sa fascination pour
les ports et la mer, qu’il aimait calme.
Jours De travail, journal des Raisins
de la colère tenu par John Steinbeck,
ou les affres de la création.
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(2016), d’après Gogol, deux spectacles
phares d’Avignon ces années-là. Il aime
en effet à se nourrir de scénarios de
cinéma comme des pièces contem-
poraines ou classiques. Pour dire le
monde d’aujourd’hui, tout lui appar-
tient... Le gouvernement russe lui
ayant interdit de quitter le territoire na-
tional, le « prisonnier » a dû travailler
sur place avec sa troupe et n’a pu assis-
ter au triomphe d’Outside — intitulé
ainsi par provocation? On y voit le dia-
logue fantasmé de deux artistes insou-
mis. Serebrennikov lui-même et le
photographe chinois Ren Hang (1987-
2017), très dérangeant lui aussi, avec le-
quel le Russe rêvait de travailler. Hélas,
deux jours avant leur rencontre, Ren
Hang s’est jeté d’un quatorzième étage.
Du regret de cette collaboration man-
quée, Serebrennikov a tiré une rêverie-
hommage à la création. Ren Hang pho-
tographiait les gens nus. Amis ou
inconnus. A longueur de clichés, il leur
demandait de se déshabiller devant les
murs tristes de la ville, ou dans des
scènes pornos gay... La nudité pour dé-
fier le mensonge omniprésent dans la
société chinoise? Souvent inquiété par
la censure, Ren Hang a continué de
photographier ce qu’il aimait. Le Russe
a-t-il trouvé un double chez ce rebelle
qu’il n’aura jamais connu? Il reconsti-
tue en chair et en os — en théâtre donc —
l’étonnant univers du plasticien. Les
scènes très chorégraphiées de corps
nus y sont à la fois insouciantes et vio-
lentes, tragiques et joyeuses, aux sons
des poèmes très doux qu’écrivait aussi
le Chinois et d’un rock plus tapageur...
Il règne une étrange mélancolie dans
ce spectacle lumineux et sombre où
échangent dans un curieux au-delà
deux victimes d’Etats autoritaires.
Si la mort est omniprésente dans
Outside où l’on danse beaucoup, où les
corps s’embrasent, où les arts se
conjuguent, cet énergique méli-mélo
dégage une force de résistance in-
sensée. Et communicative. Malgré le
suicide, malgré l’assignation à rési-
dence, malgré tous les enfermements,
Serebrennikov et Ren Hang nous ont
bel et bien conduits « outside ». Hors
de toute servitude. La liberté n’est pas
quelque chose qu’on peut museler.
Elle est en nous. Qu’on se le dise. Et on
se l’est bien dit à Avignon cet été.
— Fabienne Pascaud
1 La liste des dates de tournée en France
de tous les spectacles du festival est à
retrouver sur Télérama.fr
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