Télérama Magazine N°3629 Du 3 Août 2019

Axelle VinA

ss

Ac | D AViD

BukA

ch/unifieD

Pictures/AssemBle meDiA/

cinest

Ate

Planques, grosses

mandales et appât

du gain. Mel Gibson

et Vince Vaughn,

exceptionnels.

Ne cherchez pas

des Noises aux ripoux

Deux flics en disgrâce donnent dans le braquage de gangsters. Un polar

testostéroné, privé de sortie en salles... comme tous les films du cinéaste.

y

Traîné sur

le bitume

de s. craig Zahler

Traîné sur le bitume est un grand polar.

pourquoi, alors, sort-il directement en

Vod et dVd? pas de mystère, mais une

invariante, puisque aucun des films de

s. craig zahler n’a jamais accédé au

grand écran. ce cinéaste en marge, éga-

lement romancier et musicien de heavy

metal, ayant trouvé le moyen impla-

cable de revitaliser un cinéma de genre

souvent trop codifié ou mollasson : la

violence. Non édulcorée. en 2015, il

s’attaquait au western avec l’étonnant

Bone Tomahawk, qui s’ouvrait sur un

homme qui rêvassait avant de se faire...

trancher la gorge. son ouest (re)deve-

nait vraiment sauvage, tendance canni-

bale, et il en profitait pour rendre à Kurt

russell toute sa majesté. Même brutali-

té et même glorification de la puissance

Brett ridgeman (Mel

Gibson) et anthony

Lurasetti (Vince

Vaughn) travaillent

en équipe depuis un bon bout de

temps. Mais voilà ces deux officiers de

police suspendus à la suite de la diffu-

sion sur les réseaux sociaux d’une vi-

déo de leur méthode d’arrestation un

brin musclée. privé de salaire, Brett

voit s’écrouler son rêve de déménager

de son quartier où sa fille se fait régu-

lièrement agresser. anthony, lui, vient

de s’endetter dans l’achat d’une bague

de fiançailles pour la femme qu’il aime.

ils décident de mettre à profit leur ex-

périence pour suivre des braqueurs et

leur piquer leur butin. Mais rien ne se

passe comme prévu...

Cinéma

dramatique d’un acteur (Vince Vaughn,

estampillé comique ailleurs) deux ans

plus tard, dans le cadre, cette fois, du

film de prison, avec Section 99. Quartier

de haute sécurité : une plongée en enfer

franchement traumatisante, sous-ten-

due par une réflexion sur l’amérique et

ses dérives carcérales (Guantánamo...).

zahler persiste donc en signant ce

Dragged Across Concrete à la mise en

scène somptueusement maîtrisée, où

il enrichit d’une nouvelle épaisseur ro-

manesque chaque passage obligé du

polar : peinture de l’intimité et du

contexte social des protagonistes, ten-

sion d’un braquage, fatale confronta-

tion finale, en passant par des planques

dans la vieille bagnole de ridgeman

— où une hilarante discussion sur un

sandwich ringardise la scène du royal

cheese de Pulp Fiction. deux séquen-

ces expliquent, sans doute, la non-

sortie en salles : une parenthèse vrai-

ment cruelle sur une jeune mère qui

n’aurait pas dû mettre fin, ce jour-là,

à son congé maternité, et la quête d’un

objet essentiel à l’action dans les

entrailles d’un cadavre...

ce film, à mi-chemin entre le sar-

casme d’un Tarantino et la lucidité hu-

maniste d’un sidney Lumet, pose aussi

la question du racisme, en ignorant le

politiquement correct pour redistri-

buer intelligemment les cartes entre

Noirs et Blancs dans un monde où ne

compte plus que la couleur de l’argent.

Face à Vince Vaughn, remarquable en

flic rital flegmatique mais romantique,

Mel Gibson est royal, minéral, gilet

pare-balles pour corseter ses émotions,

mais le regard bleu acier traversé de

lueurs d’anxiété car ce type ne com-

prend plus l’époque dans laquelle il vit.

deux heures trente-neuf de cinéma

brutal. — Guillemette Odicino

En VOD sur YouTube et Dailymotion,

DVD et Blu-ray à partir du 3 août.

L’esprit

d’ouver-

ture.

Walt Disney

Par Mathilde Wagmann

Du 5 au 9 Août

9H06 - 11H

Rediffusion 22H10

Crédits

: Walt Disne

y Hometo

wn Museum

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