Télérama Magazine N°3629 Du 3 Août 2019

(Joyce) #1
samedi

46 t On aime un peu... y ... beaucoup u ... passionnément r ... pas du tout I Pas vu mais... faut voir


tnt


t 20.00 Arte Documentaire

Matera


La perle cachée
| Documentaire d’Alessandro Soetje (All, 2019)
| 55 mn. Inédit.
La même sensation irritante qu’une pro-
menade, dans un paysage idyllique, pol-
luée par les propos clichés d’un très mau-
vais prof de yoga. Comme un moustique
collé à notre oreille, on aimerait faire taire
cette voix off qui aligne poncif sur poncif
et frise la philosophie de comptoir. Dans
ce documentaire, Matera, cité italienne
aux habitats troglodytes, se mue ainsi en

r 23.45 France 5 Documentaire

Gene Kelly : vivre et danser


| Documentaire de Bertrand Tessier (France, 2016) | 55 mn. Rediffusion.
« Qu’y a-t-il de plus important pour un boxeur? » demande Gene
Kelly à Sugar Ray Robinson, au cours d’une émission de télévi-
sion de 1958 exposant les similarités de la danse et du sport. « Le
rythme », lui répond le champion du monde des poids moyens.
Du rythme, est-on tenté de dire, il en fallait aussi pour insuffler
de la vie à cette biographie... Si l’auteur de ce portrait retrace par
le menu le parcours professionnel et privé de l’artiste, c’est sur
un mode platement linéaire qui a tôt fait de provoquer l’ennui.
L’alternance de propos sans relief et d’extraits de films à ce
point brefs qu’ils semblent tous empruntés à des bandes-
annonces ne permet pas de hisser le documentaire au-dessus des
productions standards qui abondent sur le marché international.
Quant aux sommets de la filmographie de Gene Kelly, des
séquences anthologiques d’Un Américain à Paris à la scène titre
de Chantons sous la pluie, ils ne donnent pas lieu à des dévelop-
pements substantiels. A quoi bon consacrer un documentaire à
ce merveilleux artiste en y mettant si peu de cœur et de sens ar-
tistique? — François Ekchajzer

r 21.00 LCP-Public Sénat Documentaire

Schizophrénie, l’envers de la raison


| Documentaire de Mélodie Proust (France, 2018) | 55 mn. Inédit.
Les maladies de l’esprit font suffisamment peur pour qu’on évite
de s’y intéresser tant qu’on n’y est pas confronté. Aussi saluera-
t-on l’initiative de Public Sénat, qui expose en première partie
de soirée la problématique de la schizophrénie, pathologie tou-
chant 1 % de la population mondiale et quelque six cent mille
personnes en France. Si l’initiative est louable, le documentaire
l’est beaucoup moins, manquant de hauteur dans l’appréhen-
sion de son sujet, de maîtrise dans la conduite de son propos
comme de savoir-faire dans sa réalisation, d’une platitude rébar-
bative. Avec son prégénérique montant des bribes de paroles
qu’on retrouvera plus tard, ses liaisons à deux sous (plans de
coupe sur des mains qui se tordent), ses pénibles effets sonores
(musiques compassionnelles) et visuels (passage du flou au net,
images dédoublées), son commentaire surarticulé, énoncé sur
un ton sentencieux... Schizophrénie, l’envers de la raison cumule
les artifices les plus rebattus du reportage télévisé. S’il éveille ici
ou là notre intérêt, il ne tire pas grand-chose du témoignage des
malades. — François Ekchajzer

Capitale européenne
de la culture 2019,
l’italienne Matera
abrite des hommes
depuis plus de neuf
millénaires. Grottes,
fresques byzantines,
cathédrale romane,
palais baroques...
Faites votre choix.

« une ville utérine qui accueille et regarde en
elle-même », dotée, en prime, d’« une éner-
gie qui transcende l’homme et le dépasse ».
Et c’est bien dommage, tant la Capitale eu-
ropéenne de la culture 2019, l’une des
plus vieilles villes au monde, recèle un pa-
trimoine historique inestimable, malheu-
reusement trop survolé ici. L’épisode de
l’évacuation des habitants en 1952 de leurs
« sassi » — logements si particuliers mais
tellement insalubres — mériterait plus que
trois plans et deux images d’archives. En

lots de consolation : l’intervention du
maire bougon de Matera, une vraie gueule
italienne attachante et abîmée par les an-
nées, qui parle de sa cité comme d’une
histoire d’amour, ou encore cette anec-
dote surréaliste sur la chasse aux pilleurs
de fresques dans les rues de la ville... Mais
le bourdonnement de la voix off subsiste
et agace. — Constance Vilanova
Suivi de l’opéra Cavalleria rusticana,
de Pietro Mascagni, dirigé par Juraj Valcuha,
filmé en direct dans les rues de la ville.

Télérama 3629 31 / 07 / 19
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