Télérama Magazine N°3629 Du 3 Août 2019

(Joyce) #1
dimanche

54 t On aime un peu... y ... beaucoup u ... passionnément r ... pas du tout I Pas vu mais... faut voir


tnt


t 21.05 TF1 Film

L’Odyssée


| Film de Jérôme Salle (France, 2016) | 140 mn
| Avec Lambert Wilson, Pierre Niney, Audrey
Tautou, Laurent Lucas, Benjamin Lavernhe.
| GeNre : CouSTeAu eNTre deux eAux.
On est loin de l’évocation fantasque du
commandant Cousteau, tout en chimères
cruelles, que l’Américain Wes Anderson
avait bricolée dans La Vie aquatique. Avec
ce biopic français à gros budget, retour au
réalisme basique, à la reconstitution poin-
tilleuse, au défilement des années et des
décennies. Pour voir vieillir à vue d’œil, de
manière crédible, Lambert Wilson
( Jacques-Yves Cousteau) et Audrey Tautou
(Simone, l’épouse qui régentait La Calypso),
on peut compter sur L’Odyssée. Si on es-
père davantage que des conventions, pru-
dence... Il y a, pourtant, au milieu du film,
une torsion inattendue. Jérôme Salle fait de
la haine entre le fils Philippe (Pierre Niney)
et le père un thème majeur. Parmi les griefs
adressés au « grand homme » : égocen-
trisme carabiné et narcissisme forcené.
Tout devient alors plus intéressant, d’au-
tant que ces défauts sont largement illus-
trés. Et que Wilson et Niney excellent dans
ce moment où ils ont vraiment quelque
chose à jouer. Le mépris de « JYC » pour
l’environnement (on vous parle d’un
temps antérieur à Nicolas Hulot) est aussi
traité, mais édulcoré. Il suffit de regarder
Le Monde du silence du vrai Cousteau,
Palme d’or à Cannes en 1956, pour se faire
une idée des tortures infligées alors aux
animaux par l’équipage de La Calypso.
Après quoi le film retrouve, hélas, la
route de l’hagiographie, avec réconcilia-
tion père-fils et rédemption tardive, mais
appuyée, par l’écologie... Loin de la tem-
pête shakespearienne, et toute velléité de
subversion jetée par-dessus bord.
— Louis Guichard

y 21.00 RMC Story Film

Du vent dans mes mollets


| Film de Carine Tardieu (France, 2012) | Scénario : C. Tardieu et raphaële Moussafir | 95 mn
| Avec Agnès Jaoui (Colette Gladstein), denis Podalydès (Michel Gladstein),
Isabelle Carré (Catherine), Juliette Gombert (rachel), Anna Lemarchand (Valérie).
| GeNre : PAPA, MAMAN, LA VIe eT MoI.
Dans le gentil décor de la France de 1981, Rachel, 9 ans, a de petites angoisses. Elle a une
maman gâteau (Agnès Jaoui), empêtrée dans ses habitudes. Et un papa (Denis Podaly-
dès) un peu ailleurs, perdu dans ses cuisines Mobalpa. Une qualité qu’apprécie Cathe-
rine (Isabelle Carré), charmante mère (divorcée) d’une chipie qui devient la meilleure
amie de Rachel. Cette amitié va relancer le manège de la vie.
Avec une mise en scène alerte, inventive, et des comédiens parfaitement choisis, Ca-
rine Tardieu mélange les couleurs enfantines d’un univers de maison de poupée et une
description pas du tout naïve des liens familiaux ou amoureux. La jeune cinéaste
aborde même un sujet difficile : la mort. Elle parvient à en parler à travers le regard de
sa jeune héroïne, avec une délicatesse qui lui permet d’être à la fois généreuse et vraie.
— Frédéric Strauss

r 22.45 Arte Documentaire

Robert Redford


L’ange blond
| documentaire de Pierre-Henry Salfati
(France, 2019) | 55 mn. Inédit.
Seule bonne idée de construction de ce
doc décousu consacré à Robert Redford :
avoir convoqué deux solides spécialistes
(le biographe Michael Feeney Callan, le
critique Serge Kaganski) et les faire inter-
venir en fil rouge. Pour le reste, le portrait
aborde, en vrac, ses sept films tournés
avec Sydney Pollack, ses engagements
pour l’environnement, sa carrière de réa-
lisateur entamée en 1980 avec Des gens
comme les autres. Les quelques extraits de
longs métrages (surtout des bandes-
annonces) sont écrasés par un commen-
taire inutilement lyrique (« L’impeccable
citoyen, l’irréprochable gentleman, hypno-
tisé lui-même par son pouvoir hypnotique »).
Une trouvaille : le documentariste a dé-
niché l’un des rares rôles de méchants
joués par Redford, un sous-officier nazi

Avec un film (parfait)
et un portrait (raté),
le blondinet engagé
se voit dûment affilié
au cycle d’Arte
« Eté de la liberté ».

La petite Rachel voudrait bien adhérer au club Barbie. Mais la vie n’est pas une maison de poupée.

dans un épisode de l’anthologie Playhouse
90 (1956-1960). Le comédien a ensuite bâ-
ti sa carrière sur des héros positifs, jusqu’à
The Old Man and the Gun (2018, prétendu-
ment son dernier film), toujours en adé-
quation avec ses opinions politiques :
le révolté dans Butch Cassidy et le Kid
(1969), le cow-boy panthéiste dans Jere-
miah Johnson 1 (1972), le journaliste d’in-
vestigation dans Les Hommes du président
(1976). S’il a créé le festival de cinéma in-
dépendant de Sundance en 1985, l’acteur
a eu l’intelligence de ne jamais se brouiller
avec Hollywood, pour sans cesse bénéfi-
cier d’une tribune. — Nicolas Didier
1 Jeremiah Johnson est diffusé avant
ce portrait, à 20h55 (lire page de droite).
rediffusion : 11/8 à 10.40.

Télérama 3629 31 / 07 / 19
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