Un cow-boy aussi,
ça peut douter.
Kevin Costner
dérange le mythe.
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lundi 5
t 21.05 France 3 Film
Open Range
| Film de Kevin Costner (USA, 2003) | 130 mn. VM
| Avec Robert Duvall, Kevin Costner, Annette
Bening, Michael Gambon, Diego Luna.
| GenRe : à L’oUeSt, DU noUVeAU.
Deux cow-boys traversent un fleuve à
cheval pour aller régler son compte à
Denton Baxter, un patron de ranch qui
interdit la libre pâture. Ça va barder au
saloon. Le réali sateur de Danse avec les
loups aime ce Far West de toujours. Mais,
au cœur des grands espaces du western,
t 20.50 Arte Film
Le Maître d’armes
| Film de Ronny Yu (Huo Yuan Jia, Chine/USA,
2006) | 100 mn. VM | Avec Jet Li, Shido
nakamura, Betty Sun, Dong Yong, Qu Yun.
| GenRe : BASton DAnS LeS RèGLeS De L’ARt.
Jet Li se glisse dans la peau de Huo Yuanjia,
qui donna aux arts martiaux chinois leurs
lettres de noblesse il y a près de cent ans. Ce
lutteur de foire alla au bout de la violence,
avant de découvrir la sagesse puis de conci-
lier combativité et respect de l’adversaire.
Cette histoire très morale nous est
contée ici avec la conviction de Jet Li, mais
aussi une certaine naïveté. Cela donne un
film au charme suranné, seulement brisé
par quelques combats façon jeu vidéo. —
Frédéric Strauss
Rediffusion : 13/8 à 13.35.
r 23.55 France 3 Documentaire
La Fille au scooter
| Documentaire de Dima el-Horr (France, 2019)
| 50 mn. Inédit.
« Un jour, dans la banlieue sud de Beyrouth,
j’ai vu passer une fille voilée sur un scooter. »
Cette apparition a donné envie à la réalisa-
trice de découvrir le quotidien de la jeune
femme aux pulpeuses lèvres roses et aux
lunettes noires. Joyeuse, boudeuse, colé-
rique, elle apparaît dans tous ses états et
dévoile son intimité. Elle s’appelle Zeinab,
vit avec sa mère, laisse libre cours à sa pos-
sessivité amoureuse, travaille pour une
association qui propose des microcrédits.
Dès son embauche, elle a acheté un scooter,
constatant que ses collègues masculins
avaient un meilleur rendement car se dé-
plaçaient plus aisément. « Avec ces embou-
teillages, impossible d’être plus rapide qu’en
scooter », explique-t-elle à la caméra em-
barquée derrière elle, tout en zigzaguant
entre les combis et en grillant un feu rouge.
Au fil des scènes de jalousie, de discus-
sions alambiquées sur la religion ou la
conception du mariage, La Fille au scooter
rend compte de la situation de la jeune
femme au sein de l’ambivalente société
libanaise. Mais ces fragments d’intimité
manquent de lien et ne parviennent pas à
nous raconter le pays, nous laissant mal-
heureusement sur le bord de la route.
— Marion Bellal
t 21.05 France 2 Série
Motive :
le mobile du crime
| Série créée par Daniel Cerone (saison 2, 1, 2 et 3/13, Canada, 2013)
| 3 × 40 mn. VM. Rediffusion | Avec Kristin Lehman (Angela Flynn),
Louis Ferrera (oscar Vega), Lauren Holly (Betty Rogers).
Un homme est retrouvé mort dans sa baignoire, les poignets la-
cérés. Un dénommé Ian Weaver l’a tué. Et le spectateur le sait
dès la première scène. Ce schéma narratif sauce Columbo, c ’e st
le parti pris osé de Motive : le mobile du crime. La question n’est
donc plus de savoir qui a commis le crime mais comment et
pourquoi celui-ci a été commis (motive signifie « mobile » en an-
glais). Dans cette deuxième saison, l’audacieuse détective Angie
Flynn et son binôme Oscar Vega, désormais chapeautés par un
pragmatique Mark Cross, s’attellent aux meurtres avec brio. Et
aucun ne sombre dans l’écueil de l’enquêteur ultraglamour et
ses fulgurances, après seulement trois minutes de fouilles.
En alternant flash-back efficaces et récit au présent, Motive
offre un niveau de lecture souvent négligé dans les programmes
de ce genre : la dimension éminemment humaine d’un meurtre,
ainsi que la complexité des liens entre les membres de la brigade.
Elle recycle aussi élégamment le thème du duo de policiers usé
jusqu’à la corde grâce à la figure d’Angie, célibataire et indépen-
dante. Créée par un des scénaristes de Dexter et de Mentalist, Mo-
tive ne captive pas autant que le meurtre d’une Laura Palmer dans
Twin Peaks, mais convainc par son honnêteté. — Julie Lassale
La question
n’est pas qui ?,
mais pourquoi?
Kevin Costner choisit ici de camper un
cow-boy barricadé en lui-même, miné
par le doute : mener le troupeau, tuer les
truands, c’est ça, être vivant?
S’il renoue avec un certain classi-
cisme, c’est pour mieux porter un regard
critique sur le mythe de l’Ouest. Le film
ne cesse de dire qu’un cow-boy ce n’est
pas cette figure majestueuse d’aventurier
qui fait rêver les gamins, petits ou grands.
C’est juste une gâchette. Selon Costner, à
la manière de Simone de Beauvoir, même
chez les cow-boys on ne naît pas homme,
on le devient.— Frédéric Strauss
Télérama 3629 31 / 07 / 19