Télérama Magazine N°3629 Du 3 Août 2019

(Joyce) #1
mardi

70 t On aime un peu... y ... beaucoup u ... passionnément r ... pas du tout I Pas vu mais... faut voir


tnt


y 23.35 Arte Documentaire

Les Démons de Ludivine


y 21.00 Canal+ Film

Volontaire


| Film d’Hélène Fillières (France, 2018) | Scénario : H. Fillières et Mathias
Gavarry | 100 mn | Avec Diane Rouxel (Laure), Lambert Wilson (Rivière),
Corentin Fila (Loïc), Alex Descas (Albertini), Josiane Balasko (la mère).
| GenRe : LA FiLLe De LA MARine.
Elle est blonde, douce, apparemment fragile. Mais non. Laure
(Diane Rouxel) se révèle décidée, voire obstinée... Ce qui est
beau dans le film d’Hélène Fillières, c’est l’apprentissage que
son héroïne accomplit, regard clair et dents serrées, dans la voie
qu’elle a choisie (à la stupéfaction de sa mère, une actrice cé-
lèbre) : la marine. Sans doute est-ce cette contradiction qui l’a,
au départ, attirée : l’ordre après une adolescence bohème. La
force du rituel, aussi : c’est fou la liberté qu’il offre lorsqu’on sait
s’en servir intelligemment.
On suit une à une les épreuves que Laure affronte, et les obs-
tacles qu’elle vainc. L’un d’eux, totalement inattendu, se révèle
amoureux : l’attirance qu’elle éprouve, ou plutôt qu’elle exerce,
vis-à-vis d’un commandant quinquagénaire (Lambert Wilson).
Au demeurant, c’est lui le plus troublé des deux. La réalisatrice
suit avec sensibilité — et un brin d’amusement — la progression
d’un désir qui ne s’exprimera jamais vraiment. Si le comman-
dant n’en mène pas large, Laure, elle, ne dévie jamais du but
qu’elle s’est fixé. Ce n’est pas de l’égoïsme, mais de la survie. Vo-
lontaire est le récit d’un épanouissement, que la mise en scène
d’Hélène Fillières rend ardu et complexe : reflet parfait du
monde d’aujourd’hui. — Pierre Murat
Rediffusions sur Canal+ Décalé : 7/8 à 9.55 et 20.55.

t 21.05 W9 Film

Astérix et Cléopâtre


| Film d’animation de René Goscinny, Albert Uderzo et Lee Payant
(France/Belgique, 1968) | 70 mn | Avec les voix de Roger Carel (Astérix),
Jacques Morel (Obélix), Micheline Dax (Cléopâtre), Lucien Raimbourg
(Panoramix), Pierre Tornade (Abraracourcix/numérobis),
Jacques Jouanneau (Assurancetourix), Jean Parédès (Jules César).
| GenRe : TRAvOPUBLix.
D’abord, une petite devinette : de qui Goscinny s’inspira-t-il pour
ses allusions au nez de Cléopâtre? De Blaise Pascal! C’est dans ses
Pensées, en effet, que l’on trouve la célèbre phrase : « Si le nez de
Cléopâtre eût été plus court, toute la face de la Terre aurait changé. »
Chez Goscinny, Cléopâtre veut surtout se payer la face de Cé-
sar en prouvant à ce macho romain que le peuple égyptien est su-
périeur au sien. Elle embauche Numérobis, architecte aux édifix
pas fixes, pour construire un somptueux palais en un temps re-
cord. On sait qu’un chantier terminé à l’heure dite, cela n’existe
pas. A moins de faire appel à du renfort gaulois...
C’est un vrai plaisir nostalgix de revoir ce dessin animé de
1968, réalisé par Goscinny et Uderzo à partir de leur album nu-
mérosix, avec un petit coup de pouce scénaristique de l’ami
Pierre Tchernia.
Bien sûr, l’animation pépère accuse son âgecanonix, mais
on aime retrouver certaines bonnes planches (pourquoi le
sphinx a le nez cassé, comment doper des ouvriers du BTP...)
dans leur intégralité. Créées spécialement pour le film, les
scènes musicales ont le swing intact — surtout la recette du
pudding à l’arsenic. — Guillemette Odicino

En France, la justice,
face aux mineurs,
est de plus
en plus répressive.
Pourtant il existe
des alternatives
éducatives.

| Documentaire d’Axelle vinassac (France, 2018)
| 60 mn. inédit.
Fugues à répétition, violences envers une
camarade, exclusion du collège... Ludi-
vine, 15 ans, fait « trop de bêtises », et ses pa-
rents sont dépassés. Alors la juge lui a lais-
sé le choix entre un placement d’un an en
famille d’accueil ou trois mois de marche
éducative en tête à tête avec une accompa-
gnante. L’ado opte sans conviction pour
les 1 700 kilomètres de rando à travers l’Es-
pagne, avec accès limité au téléphone, à
Internet, à ses proches...

Axelle Vinassac a filmé au plus près ce long
périple et a gagné la confiance de Ludi-
vine, qui a accepté de se livrer dans toute
sa fragilité. En voix off, elle lit ses propres
textes, écrits sur la route à la manière d’un
journal intime. Sous le masque de la jeune
femme assoiffée de liberté, on découvre,
émus, une enfant en quête désespérée
d’attention, qui s’enfuit pour tester
l’amour de sa mère et de son père.
Sur la route, la caméra saisit peu à
peu de belles éclaircies. A distance,
l’adolescente et ses parents commu-

niquent mieux. Elle noue une complici-
té avec son accompagnante, éprouve la
beauté des paysages, se dit fière d’elle-
même. Sa description du dernier mois
de marche est une explosion inattendue
de sensations et d’images poétiques. Si la
fin du film nous apprend que, deux mois
après son retour, ses démons sont reve-
nus, ce récit touchant de sa petite ouver-
ture au monde aura su capter de jolis mo-
ments de grâce et l’éclosion d’un espoir.
— Marie-Hélène Soenen
Lire page 42.

Télérama 3629 31 / 07 / 19
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