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mardi 6
y 20.50 Arte Documentaire
Vietnam
| Présenté par Emilie Aubry | Documentaire de Ken Burns et Lynn Novick
(1 à 3/9, USA/France, 2017) | 3 × 55 mn. Rediffusion.
Ken Burns et Lynn Novick n’hésitent pas à le répéter : la guerre du
Vietnam est l’événement le plus important de l’histoire améri-
caine de la seconde moitié du xxe siècle. Forts de ce constat, les
deux réalisateurs, déjà auteurs d’un doc remarqué sur la Seconde
Guerre mondiale (The War, en 2007), ont entrepris de faire le récit
d’un conflit qui a fait naître des tensions encore vivaces au-
jourd’hui. Fruit de dix années de travail, Vietnam explore en détail
la chronologie des combats, des prises de décisions et autres ma-
nœuvres politiques, depuis la guerre de décolonisation française
(« L’expérience française reflète ce qui allait se passer pour les Améri-
cains », juge Ken Burns), jusqu’à la chute de Saigon face aux troupes
du Nord, le 30 avril 1975. Les conséquences sur les sociétés améri-
caine et vietnamienne sont aussi largement abordées.
y 23.30 LCP-Assemblée nationale Documentaire
Yémen : les enfants et la guerre
| Documentaire de Khadija Al-Salami (France, 2017) | 55 mn. Rediffusion.
C’est un témoignage rare que livre la réalisatrice yéménite Kha-
dija Al-Salami. D’abord parce que les caméras ne s’aventurent
plus, ou si peu, aux confins de cette Arabie autrefois « heureuse »,
que ravage depuis 2014 une guerre à huis clos entre le gouverne-
ment, soutenu par la communauté internationale et une coali-
tion de pays arabes menée par le puissant voisin saoudien, et les
rebelles houthis. Ensuite parce que c’est à travers les yeux et les
mots d’enfants qu’elle choisit de documenter le conflit. Dans les
rues de la capitale en ruine, Sanaa, Khadija Al-Salami met ses pas
dans ceux d’Ahmed, 11 ans, et de son neveu Youssef, 8 ans. Elle
confie à ces derniers le soin d’aller recueillir, à l’aide d’un télé-
phone portable, les confidences de gamins bien souvent plus
jeunes qu’eux et la parole d’adultes qui tentent d’alerter le
monde sur le sort tragique de leur pays.
Souvent extrêmement poignant, le film rencontre deux prin-
cipaux écueils. D’une part, le traitement uniquement testimo-
nial, qui interdit toute possibilité de contextualisation. D’autre
part, les appels récurrents à la solidarité effective de l’Union eu-
ropéenne (qui continue de vendre des armes à l’Arabie saoudite),
fortement suggérés par la réalisatrice à des enfants qui n’y en-
tendent manifestement rien... — Emilie Gavoille
y 20.50 LCP-Assemblée nationale Documentaire
Le Grand Mariage
Les fiLms d’ici
| AssociA
ted Press
De 1858 à nos jours,
parfaitement
documenté
et construit,
LE doc de référence
sur la tragédie
qui façonna la fin
du XXe siècle.
Outre les archives, les coréalisateurs font la part belle aux té-
moins directs (soldats, journalistes, fonctionnaires, simples
citoyens...), dont les paroles sont souvent bouleversantes.
S’étalant sur neuf épisodes de cinquante-deux minutes (la ver-
sion américaine dure quant à elle dix-huit heures !), Vietnam
est sans conteste un documentaire ambitieux, déployant une
narration complexe qui raconte la guerre en prenant donc en
compte différents points de vue, tant au niveau du sommet de
l’Etat qu’à celui de militaire du rang. Portée par une bande-
son qui reprend les morceaux emblématiques des années 1960
et 1970 (Bob Dylan, The Beatles, Jefferson Airplane, Miles Da-
vis...), cette somme documentaire devrait vite figurer parmi
les œuvres de référence incontournables, du moins pour les
amateurs d’histoire. — Xavier Thomann
Suite mardi prochain.
à faire, coûte que coûte, quoi que ça coûte »,
pour que le père de Badrou puisse revêtir
la tenue sultanesque.
Ecrit à la première personne dans un
style ciselé et anaphorique, le doc dévoile
l’intimité d’une famille tout en gardant
une distance avec les « héros », tout en dis-
crétion et sagesse pudique. Sur l’île, les
images communiquent d’abord l’énergie
de cette fête exceptionnelle (40 000 euros
engagés au bas mot). On offre des sacs de
riz et on régale les convives, on rit et on
danse. Au fur et à mesure des confidences,
le propos se fait plus grave, interrogeant
les valeurs d’une société qui s’est structu-
rée autour de ce code d’honneur. Est-ce
une fête ou une dette? Badrou, « médusé »
par ce rapport aux traditions, pose des
questions sans détour sur ce devoir moral.
Une spirale infinie que les jeunes généra-
tions perpétueront. Ou dont ils s’affran-
chiront... — Emmanuelle Skyvington
| Documentaire de Badroudine Saïd Abdallah
(France, 2015) | 55 mn. Rediffusion.
Extraordinaire, ostentatoire et onéreux :
dans l’archipel des Comores, le « grand
mariage » (ou « anda ») sacralise une union
déjà scellée. La foule, constituée de
proches, amis et voisins, célèbre les ma-
riés durant dix jours de réjouissances et
de cérémonies, croisement de rites ban-
tous et musulmans. A l’été 2014, Badrou,
auteur et journaliste au Bondy Blog, a as-
sisté, caméra à la main, au « grand ma-
riage » de ses parents, unis depuis vingt-
trois ans. Du stress des préparatifs à La
Courneuve (Seine-Saint-Denis), où vit
cette famille de huit enfants depuis une
vingtaine d’années, aux discussions avec
le cousin Omar, jeune Comorien idéali-
sant la France, ou avec les anciens atta-
chés à cette coutume ancestrale, le film
élargit le cadre sur cet événement unique.
Le but d’une vie pour certains. « Un devoir
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