Télérama Magazine N°3629 Du 3 Août 2019

(Joyce) #1
mercredi

78 t On aime un peu... y ... beaucoup u ... passionnément r ... pas du tout I Pas vu mais... faut voir


tnt


t 20.50 LCP-Assemblée nationale Documentaire

La Fiancée du Nil


| Documentaire d’Edouard Mills-Affif et Sherif El Ramly (France, 2015)
| 70 mn. Rediffusion.
Sherif vit en France. En visite en Egypte, il apprend que sa jeune
cousine Heba vient de se fiancer à un inconnu, et que le mariage
aura lieu dans deux mois. Auparavant, elle a été fiancée, trois ans
durant, à son cousin Ahmed, dont elle était très éprise.
Sherif, qui a dû autrefois renoncer à une fille qui ne plaisait
pas à son père, décide de jouer les justiciers. Le temps de son
séjour, il rêve, au nom de l’amour, d’annuler le mariage an-
noncé et de restaurer la relation entre Heba et Ahmed. Pas tou-
jours avec le plus grand tact. Or cette histoire n’est pas si
simple qu’il y paraît...
Il faut passer outre le doublage, très agaçant, pour se plonger
au cœur de cette famille égyptienne, dans laquelle les parents
doivent, quoi qu’il arrive, avoir le dernier mot. On doit notam-
ment cette immersion à l’implication de Sherif, qui a coécrit ce
film. Les échanges sont tellement vifs et naturels que l’on se croi-
rait dans un numéro du magazine Strip-tease. Avec, parfois, le
malaise de se sentir de trop, comme lorsque Ahmed déclare à son
oncle que Heba n’est plus vierge et qu’elle n’est donc « plus bonne
pour personne ». — Juliette Warlop

t 20.5 5 Arte Film

Coming Home


| Film de Zhang Yimou (Gui lai, Chine, 2014)
| Scénario : Zou Jingzhi, d’après Yan Geling
| 105 mn. VO | Avec Gong Li, Chen Daoming,
Zhang Huiwen, Guo Tao, Yan Ni, Chun Li.
| GENRE : uNE A uSSi LONGuE AbSENCE.
Une femme et un pays amnésiques :
Feng ne reconnaît pas son mari, une des
innombrables victimes de la Révolution
culturelle, lorsqu’il revient au bout de
dix ans... La Chine a longtemps refusé
d’admettre les désastres causés par Mao.

Bai Xia

OYan/LeVisiOn Pictures

Comme Jane Fonda, Isabelle Huppert, Gong Li a été honorée du titre de « Women in Motion ». En 2008, la Chinoise a pris la nationalité singapourienne.

y 22.4 0 Arte Documentaire

Chine, un million d’artistes


| Documentaire de Jean-Michel Carré (France, 2018) | 55 mn. Rediffusion.
Depuis quelques années, la Chine occupe la première place sur le
marché de l’art contemporain. Comment le pays est-il devenu un
tel vivier créatif? A travers ces mutations, Jean-Michel Carré aus-
culte celles d’une société qui, en quelques décennies, a connu « le
Moyen Age, le communisme et l’économie de marché ». Plasticiens,
peintres, performers se relaient pour évoquer, à travers leurs par-
cours personnels, l’essor de la création après la mort de Mao, puis
la répression post-Tian’anmen, avec des créateurs considérés
comme « des vagabonds, des facteurs d’instabilité ». Enfin, la rela-
tive réouverture du pays en 1995, puis l’adhésion de la Chine à
l’OMC, qui a contribué à l’explosion du marché de l’art chinois...
Aujourd’hui, le créneau est si porteur que cent cinquante mille étu-
diants se bousculent chaque année aux portes des Beaux-Arts.
A la découverte d’artistes installés (Ai Weiwei, He Yunchang,
Huang Zhiyang) ou de jeunes pousses (le collectif Wuguan Team),
ce doc est une excellente introduction aux enjeux d’un pays dont
le potentiel s’explique, d’après le critique Zhu Qi, par la « cohabi-
tation entre le totalitarisme et le capitalisme ». On regrette juste
qu’une seule femme — la sculptrice Xiang Jing — apparaisse dans
ce solide décryptage. — Hélène Marzolf

C’est probablement la première fois que
l’on voit une jeune fille avouer à son père
ses remords de l’avoir livré, jadis, aux
autorités...
Par pudeur — ou par peur —, Zhang Yi-
mou n’a pas voulu tourner un pamphlet
vengeur. La dénonciation politique im-
prègne son film, mais elle est masquée
sous le lyrisme d’un mélo à l’ancienne,
presque désuet. Le ciné aste y retrouve,
curieusement, l’humanisme d’un Vittorio

De Sica multipliant, en fin de carrière, les
odes au talent de sa star favorite, Sophia
Loren. Zhang Yimou filme Gong Li, sa
complice de toujours (de Sorgho rouge, en
1987, à La Cité interdite, en 2006), avec la
même tendresse. La même attention.
Lorsqu’il la montre dans une gare, atten-
dant pour toujours, et en vain, l’homme
qui se tient, en fait, à ses côtés, on ne sait
pas qui est le plus ému. Elle. Lui. Ou le
spectateur. — Pierre Murat

Télérama 3629 31 / 07 / 19
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