Télérama Magazine N°3629 Du 3 Août 2019

(Joyce) #1
79

mercredi 7


y 23.35 Arte Film

Insiang


| Film de Lino Brocka (Philippines, 1976) | Scénario : Mario O’Hara et Lamberto E. Antonio | 90 mn.
VO | Avec Hilda Koronel (Insiang), Mona Lisa (Tonya), Ruel Vernal (Dado).
| GEnRE : GRAnD MéLO SOcIAL.
Brillante Mendoza est célébré à juste titre pour son réalisme social, son amour des dés-
hérités, ses audaces plastiques. Ces qualités, on les trouvait quarante ans plus tôt chez
Lino Brocka (1939-1991). Le pionnier du cinéma indépendant à Manille, opposant redou-
té à Marcos, fut découvert en Occident grâce à ce mélodrame dans un bidonville.
Le film s’ouvre sur une séquence documentaire dans un abattoir, qui annonce la vio-
lence à venir : le sang des bêtes sera bientôt celui des hommes. Le cinéaste mêle comé-
diens et anonymes dans des scènes saisies sur le vif. Les bruits agressifs, la tension per-
manente transforment ces ruelles sombres, ces baraques au milieu des ordures en un
décor étouffant que tous les personnages cherchent à fuir. Un univers qui corrompt
jusqu’aux êtres les plus purs... Exploitée par sa mère, violée par son parâtre, humiliée
par son petit ami, la belle Insiang se métamorphose en une redoutable manipulatrice
pour assouvir sa vengeance.
Lino Brocka filme cette tragédie avec une efficacité digne des grandes séries B holly-
woodiennes : le montage est tranchant comme une lame. Mais la sécheresse de la mise
en scène n’empêche ni le lyrisme ni la sensualité des comédiens, qu’ils incarnent de pe-
tites gouapes pasoliniennes ou une héroïne au visage de madone. — Samuel Douhaire

t 21.05 France 2 Série

Cherif


| Série créée par Lionel Olenga, Laurent Scalese
et Stéphane Drouet (saison 4, 1 et 2/10, France,
2016) | Réalisation : Vincent Giovanni | 2 × 55 mn.
Rediffusion | Avec Abdelhafid Metalsi (Kader
cherif), carole Bianic (Adeline Briard), Mélèze
Bouzid (Sarah chérif), Sara Martins (Isabelle
Vannier), Elsa Lunghini (Justine).
Sept mois après son départ précipité pour
Paris (à la fin de la saison 3), la capitaine
Adeline Briard fait un retour tout aussi
inattendu dans la brigade de la Croix-
Rousse. Longs silences et sourires de fa-
çade : Cherif présente sa nouvelle petite
amie et joue l’indifférent. Mais ce petit
cœur sensible n’a rien oublié du baiser
échangé avec son insaisissable équipière.
L’instinctif limier comprend vite que la
réapparition d’Adeline ne doit rien au ha-
sard : c’est l’enquête sur la mort de son
frère policier, opportunément classée en
suicide, qui l’a ramenée à Lyon.
Jusqu’où les auteurs parviendront-
ils à étirer le suspense romantique tissé
autour du duo d’enquêteurs? La ques-
tion n’a rien d’anodin puisqu’il s’agit
désormais du principal moteur de la sé-
rie, saupoudré dans cette quatrième
saison d’un soupçon de danger... Sur le
front des enquêtes policières plus quo-
tidiennes, en revanche, rien de neuf à
signaler : manque de rythme, dialogues
poussifs et clichés poursuivent Cherif,
aussi fidèles que le chien de l’inspecteur
Columbo. Le charmant flic a beau dégai-
ner généreusement son second degré,
ses références bienvenues aux séries té-
lévisées (dont un chouette hommage à
Sherlock dans le deuxième épisode), la
série fait l’effet d’une voiture à la carros-
serie pimpante mais dotée d’une méca-
nique de 2CV. — Isabelle Poitte
Suivi de la rediffusion de deux épisodes
de la saison 2.

t 21.00 Canal+ Film

Roulez jeunesse


| Film de Julien Guetta (Fr, 2018) | 85 mn. Inédit
| Avec Eric Judor, Laure calamy, Brigitte Roüan.
| GEnRE : un HOMME ET TROIS cOuFFInS.
Que fait un gentil dépanneur automobile
quand sa rencontre d’une nuit le laisse,
au petit matin, avec trois enfants sur les
bras? Il dépanne... et s’attache à cette fra-
trie turbulente. Le premier long métrage
de Julien Guetta débute comme une co-
médie « adulescente », avec un célibataire,
employé dans le garage de maman, qui vi-
vrait un remake inversé de Trois Hommes
et un couffin, de Coline Serreau — à savoir
« un mec et trois bambins ».
Le film vire, peu à peu, à la chronique
sociale gracieuse et chaleureuse. Sans
être totalement à contre-emploi, Eric Ju-
dor prend en douceur ce virage vers la
sensibilité. — Guillemette Odicino
Rediffusions : 9/8 à 14.45.

The Film Foundacanal+ Décalé : 8/8 à 9.55 :


Tion/The Film developmenT


CouCil oF


The


philippines/Cinemanila


Dans les années
1970, le réalisateur
Lino Brocka fut
pour les Philippines
ce qu’un Pasolini
ou un Fassbinder
furent pour l’Italie
et l’Allemagne. Ses
films ont été restaurés
par la Film Foundation
de Martin Scorsese.

Télérama 3629 31 / 07 / 19
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