Télérama Magazine N°3629 Du 3 Août 2019

(Joyce) #1
vendredi

94 t On aime un peu... y ... beaucoup u ... passionnément r ... pas du tout I Pas vu mais... faut voir


tnt


y 21.00 Canal+ Séries Série

The Little Drummer Girl


| Série réalisée par Park Chan-wook | Scénario : Claire Wilson et Michael
Lesslie, d’après John le Carré (saison 1, 1 et 2/6, USA/GB, 2018) | 2 × 55 mn.
VM. Rediffusion | Avec Florence Pugh (Charlie Ross), Alexander Skarsgård
(Becker), Michael Shannon (Martin Kurtz), Michael Moshonov (Litvak).
En 1979, une jeune comédienne britannique est manipulée par
les services secrets israéliens pour infiltrer une cellule terroriste
palestinienne... Pari risqué d’adapter La Petite Fille au tambour,
roman un peu oublié de John le Carré, l’un de ses plus datés, aus-
si — le conflit au Proche-Orient, au cœur de l’intrigue, a connu de
multiples rebondissements depuis la parution du livre, en 1983.
Si la reconstitution des années 1970 est d’une précision presque
fétichiste dans les décors et les costumes, la série s’intéresse

t 20.55 France Ô Téléfilm

Deux Flics sur les docks


Longue distance
| Série de téléfilms. Réalisation : Edwin Baily
(saison 5, 1/4, France, 2016) | 95 mn.
Rediffusion | Avec Jean-Marc Barr, Bruno Solo.
Il y a indéniablement quelque chose de sé-
duisant dans les enquêtes du duo compo-
sé par l’inspecteur Faraday et son col-
lègue Winckler : une façon d’assumer la
mélancolie ambiante et l’âpreté du
monde, d’empoigner une réalité sociale
aussi sombre que le ciel du Havre...
Belle approche, empruntée aux ro-
mans de Graham Hurley, qui se heurte hé-
las à un cruel manque de tension narrative.
L’intrigue, tissée autour d’un mystérieux
sniper qui sème la terreur dans le port,
avance à la vitesse d’un cargo pris dans le
brouillard. Dialogues plombés et interro-
gatoires interminables ne font que souli-
gner l’évidence d’un format mal adapté
(quatre-vingt-quinze minutes, ce peut être
très long...) et nous donnent des envies de
prendre le large. — Isabelle Poitte
Suivi de Visa pour l’enfer (saison 5, 2/4).

t 23.50 Arte Concert

Tina Turner


Live in Holland
| Enregistré en mai 2009 | 60 mn. Inédit.
L’histoire raconte que Tina Turner assistait à un défilé Armani,
début 2008 à Milan, quand Sophia Loren l’a sermonnée : « Pour-
quoi vous ne travaillez plus? Vous avez eu suffisamment de temps
libre. Vous le devez au public. Retournez au boulot! » Quelques
mois plus tard, et après huit ans d’absence, la chanteuse embar-
quait pour une tournée marquant son demi-siècle de carrière de-
puis qu’elle avait débuté comme choriste dans le groupe de son
futur mari, Ike Turner. Une superproduction promenée pendant
sept mois aux Etats-Unis et en Europe, dont le succès se mesure
au nombre de concerts (90), de spectateurs (1,2 million), pour
des recettes élevées à 132 millions de dollars.
Tina est au top de sa forme — on se pince pour y croire — à
quelques mois de ses 70 ans, flanquée d’un groupe ultra rodé et
de danseuses en surchauffe. Même si le clinquant du light show
ne s’embarrasse d’aucun bon goût, on en prend plein les yeux.
Pour les oreilles, c’est une autre affaire. Lissé en post-production
(l’album Tina Live est extrait du même concert), le son brille
comme un culturiste huilé et le rhythm’n’blues étouffe sous ce
vernis. Le meilleur moment est une accalmie : au mitan du show,
la diva s’assied avec ses musiciens pour enchaîner en acoustique
Let’s Stay Together et I Can’t Stand the Rain d’une voix impeccable.
Sa sensibilité pointe enfin. — Eric Delhaye

The LiTTLe Drummer GirL

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Le Coréen Park Chan-wook revisite John le Carré, s’intéressant moins au contexte historique qu’à l’analogie entre le jeu d’acteur et celui d’espion.

moins au contexte historique qu’à l’analogie fascinante entre le
jeu d’acteur et les jeux d’espions. A chaque fois, il s’agit de créer
un « spectacle » et des « personnages » le plus crédibles possible
à base de masques, de faux-semblants et de mensonges.
Le récit, qui mêle les temporalités et les lieux dans une suc-
cession d’entrelacs complexes (voire retors), et la mise en scène
virtuose de Park Chan-wook (plus proche de l’élégance de son
dernier film, Mademoiselle, que de la violence graphique d’Old
Boy) entretiennent la confusion entre fiction et réalité jusqu’au
vertige. The Little Drummer Girl doit aussi beaucoup à son inter-
prète principale, Florence Pugh, mélange étonnant de naïveté,
d’arrogance et de sensualité. — Samuel Douhaire

Télérama 3629 31 / 07 / 19
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