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vendredi 9
t 13.35 Arte Film
Coup de foudre
| Film de Diane Kurys (France, 1983) | Scénario :
D. Kurys, Alain Le Henry. Image : Bernard Lutic.
Musique : Luis Bacalov | 110 mn | Avec Isabelle
Huppert (Lena), Miou-Miou (Madeleine),
Guy Marchand (Michel), Jean-Pierre Bacri
(Costa), Robin Renucci (Raymond), Patrick
Bauchau (Carlier), Jacques Alric (M. Vernier).
| GenRe : FéMInISMe DeS AnnéeS 1950.
Lena et Madeleine ont chacune fait un ma-
riage de raison. Juive ukrainienne, la pre-
mière a épousé Michel pour échapper aux
camps de concentration. La seconde s’est
mariée avec un comédien raté, Costa,
pour oublier la mort accidentelle de son
premier époux, abattu par la Milice. Les
deux femmes se rencontrent dans une
fête d’école. C’est le coup de foudre.
y 22.45 Arte Documentaire
Eric Burdon, rock’n’roll animal
| Documentaire de Hannes Rossacher (Allemagne, 2019) | 65 mn. Inédit.
Gamin à Newcastle, Eric Burdon (né en 1941) avait honte de son père, objecteur de
conscience, alors que ceux de ses copains d’école avaient fait la guerre. Vingt ans après,
l’héroïsme a changé de camp et quand, en 1969, le chanteur relocalisé à Los Angeles
baptise son nouveau groupe War, en hommage révolté aux jeunes Américains envoyés
au casse-pipe dans le conflit vietnamien, on loue son pacifisme. Aujourd’hui, Burdon,
cheveu blanchi, bonne gueule goguenarde et burinée par le soleil du désert californien,
ressemble à un ancien combattant.
Dans ce documentaire à la fois dense et elliptique (sur ses années creuses), il recon-
sidère son passé sans rien édulcorer. Voir la manière saignante dont il vitupère la cupi-
dité d’Alan Price, coupable, s’étant approprié les droits du fameux The House of the Ri-
sing Sun, d’avoir miné les Animals alors que le groupe, si moins séduisant que ses rivaux
Beatles ou Rolling Stones, n’était pas loin de tout casser. Ou son regard, admiratif mais
froidement réaliste, sur le séjour londonien de Jimi Hendrix et sa déchéance. Burdon
n’avait pas l’étoffe des stars. Il reste le témoin d’une époque et un chanteur d’exception,
la voix trop mûre d’un puncheur prolo au milieu de l’effervescence juvénile de la Bri-
tish Invasion de 1965-1966. Le baryton furieux à qui Bruce Springsteen dit devoir la qua-
si-totalité de son répertoire. — François Gorin
t 20.50 France 5 Documentaire
Les Routes
de l’impossible
Namibie, le chaudron du diable
| Documentaire de nicolas Cotto et Julien Boluen
(saison 12, no 1, France, 2019) | 50 mn. Inédit.
« Même Dieu ne peut plus rien pour nous.
Seule la pluie peut nous sauver. » Cette
phrase d’un conducteur de taxi-brousse
traduit le drame que vit la Namibie.
Dans ce pays du sud-ouest de l’Afrique,
voisin de l’Angola et du Botswana, il n’a
pas plu... depuis sept ans. A tel point
que les autorités viennent de déclarer
l’état de catastrophe naturelle et de dé-
cider la vente aux enchères d’un millier
d’animaux sauvages provenant de ses
parcs nationaux, afin de pouvoir faire
face à la sécheresse. Plus de 500 000 per-
sonnes sur 2,5 millions d’habitants sont
confrontées à l’insécurité alimentaire.
Parmi elles, Himba et Herero, deux tri-
bus vivant dans des plaines aussi inhospi-
talières que pittoresques. Le chauffeur,
qui s’exprime face caméra, doit braver
des routes impraticables avec une guim-
barde, traversant parfois le désert du Na-
mib, le plus vieux du monde, afin de
conduire ces populations vers les villes à
la recherche de quelque pitance. Des
voyages qui ont tout d’un chemin de
croix : entre huit à dix heures pour par-
courir 90 kilomètres!
Ce documentaire captivant, comme
c’est souvent le cas avec Les Routes de
l’impossible, donne à voir la splendeur
des paysages de la Namibie. Mais plus
qu’un road-movie, le film permet de
rappeler un passé tragique : les peuples
Herero et Himba ont déjà failli dispa-
raître en 1904, massacrés par les colons
allemands lors de ce qui est considéré
comme « le premier génocide du
xxe siècle ». Aujourd’hui, ces tribus sont
menacées d’exode du fait des consé-
quences du dérèglement climatique.
— Raoul Mbog
Suivi de Népal, les voies de la sagesse
(saion 10, 2017).
Les succès dont
il est le plus fier,
ses passages à vide,
ses engagements
politiques...
L’ex-chanteur
des Animals,
figure de proue
du rock british,
sans baratin.
L’amitié, une arme redoutable pour se libérer. Pudique, resplendissant.
Diane Kurys interroge le passé, sans rage
vindicative ni mièvre compassion. Elle
raconte l’histoire de sa mère (Lena),
avec honnêteté et tendresse. L’époque
des 4 CV, de la méthode Ogino, de Modes
& travaux et des boîtes de jazz est ici re-
constituée sans application excessive-
ment démonstrative. Couleurs et re-
gards... plastiquement, le film est
resplendissant. A l’écoute de leurs
moindres frémissements intérieurs, Ma-
deleine et Lena comparent leurs évolu-
tions respectives avant de découvrir
qu’elles ne peuvent que fusionner pour
atteindre la liberté. L’amitié devient
alors une arme invincible que le film en-
cense pudiquement. Neuf ans après Les
Valseuses, Miou-Miou et Isabelle Huppert
se retrouvent, fières de leur maturité en-
fin atteinte. — Marine Landrot
Télérama 3629 31 / 07 / 19