Télérama Magazine N°3629 Du 3 Août 2019

(Joyce) #1

96 t On aime un peu... y ... beaucoup u ... passionnément r ... pas du tout I Pas vu mais... faut voir


câble | satellite


y 20.40 Histoire Documentaire

Atget et Abbott, deux photographes dans la ville


u 20.40 OCS Max Film

Les Enfants loups, Ame et Yuki


y 22.20 Ciné+ Emotion Film


Les Etoiles restantes


| Film de Loïc Paillard (France, 2018) | 75 mn. Inédit | Avec Benoît Chauvin


(Alexandre), Camille Claris (Manon), Jean Fornerod (Patrick), Sylvain


Mossot (Loris), Zack Zublena (M. Beydon), Marica Soyer (Mathilde).


| Genre : PetIt CAdeAu du CIeL.


Alexandre, trentenaire un peu paumé, décide d’entrer dans l’âge


adulte. Mais on ne peut pas dire que ses proches lui facilitent la


tâche. Son père, cancéreux en phase terminale, laisse tomber sa


chimiothéraphie. Et son colocataire, frappadingue, passe son


temps à mettre au point une méthode pour réussir sa vie, alors


qu’il est incapable de sortir de l’appartement. Heureusement,


Alexandre rencontre Manon...


Certains sujets (l’adulescence, le saut dans la vraie vie amou-

reuse, la disparition de ceux qu’on aime) sont loin d’être neufs,


mais il suffit de les traiter avec un regain de sensibilité, une sincère


candeur pour leur rendre le pouvoir d’émotion. C’est le cas de ce


premier long métrage autoproduit, où tout charme et surprend,


dans la lumière d’un talentueux chef opérateur. Loïc Paillard em-


brasse drôlerie et romantisme de la plus belle eau, et ses dialogues


sont d’une poésie désarmante dans la bouche de son casting épa-


tant. Mention spéciale à Jean Fornerod (vu chez Téchiné), dans le


rôle du père, et à Camille Claris, délicieuse version française de


Penélope Cruz. — Guillemette Odicino


rediffusion : 12/8 à 13.30. Mad HOuse-


studiO

CHizu

La nature, source
de notre équilibre,


mais aussi de notre
sauvagerie originelle.
Made in Japan.


| Film d’animation de Mamoru Hosoda (Ookami kodomo no Ame to Yuki,
Japon, 2012) | Scénario : Satoko Okudera, sur une idée de M. Hosoda
| 120 mn. VM.
| Genre : CHACun SA nAture.
Figure de l’animation japonaise, Mamoru Hosoda (La Traversée
du temps, Le Garçon et la Bête) a souvent été comparé à Miyaza-
ki. A tort. Mais avec cette œuvre de maturité apparaît une cer-
taine filiation ; pour lui aussi, la nature est à la fois une source
d’équilibre pour l’homme et un rappel de sa sauvagerie origi-
nelle. Le film commence toutefois en ville : une jeune femme,
Yuki, raconte en voix off comment sa mère, Hana, tomba amou-
reuse de son père. Détail important : le jeune homme était le der-
nier représentant des hommes loups. Ce prologue devient bou-
leversant dès lors que Hana se retrouve seule pour élever ses

deux enfants loups. Comment faire quand on est une simple hu-
maine? Direction la campagne, où les deux enfants peuvent se
changer en louveteaux. S’ensuivent dix années qui vont faire dé-
couvrir à Yuki la turbulente et à son petit frère, Ame le craintif,
leurs natures respectives...
Mamoru Hosoda est un grand conteur, maître des ellipses et
du temps. Chacun retrouvera une sensation, sucrée ou amère,
de son enfance, dans cette chronique familiale d’une infinie dé-
licatesse. D’Ozu à Miyazaki, la famille et l’éducation inspirent le
cinéma japonais, qui a toujours fait des mères de grandes hé-
roïnes. Hana en fait partie, avec son prénom si juste (« fleur », en
japonais), son dévouement et son sourire incomparables.
— Guillemette Odicino
rediffusion : 14/8 à 17.10.

| documentaire de Michael House (GB, 2008)
| 55 mn. rediffusion.
Sur un cliché, l’œil d’Atget embrasse, amu-
sé, l’élégance en froufrou : le jeu des reflets
dans la vitre d’une boutique de corsets
exalte la blancheur immaculée des den-
telles exposées (Boulevard de Strasbourg,
1912). Tout aussi inspirée, sa consœur Be-
renice Abbott capture l’ombre des ram-
bardes et des poutrelles d’acier du pont de
Manhattan, qui dessine des lignes de fuite
sous les pas des passants pressés (Manhat-
tan Bridge, 1936). Comme Atget a consigné
les transformations de la Ville lumière de
1888 à 1927, l’Américaine se fait le témoin
attentif des élans architecturaux à New
York. A la suite de celui qu’elle a portraitu-
ré, peu avant sa mort, en 1927, elle guette
la modernité. Prolongeant la quête
d’Atget, l’ancienne assistante de Man Ray
immortalise les mutations urbaines.
Commentées par une poignée d’ar-
tistes, les correspondances entre les

œuvres d’Atget et d’Abbott transparaissent
dans ce film soigné. Dépassant l’interpré-
tation qui tend à faire d’Eugène Atget un
créateur nostalgique, amoureux du vieux
Paris, le réalisateur révèle un flâneur pa-
tient, voué à documenter les mœurs et les
modes. Paradoxalement, ce pionnier du
réalisme a été loué par les surréalistes et
par l’avant-garde de Montparnasse, non
pour son apport documentaire, mais pour
ses compositions à l’atmosphère bru-
meuse, troublante et mélancolique. Enga-
gée dans la promotion des archives d’Atget,
l’Américaine Abbott magnifiera elle aussi
la rumeur muette et l’intensité d’une mé-
galopole en mouvement. Des extraits
d’une précieuse interview filmée de Bere-
nice Abbott, alors nonagénaire, nous resti-
tuent l’énergie et le bagout d’une des pre-
mières femmes photographes, en qui Man
Ray avait vu une dangereuse concurrente.
— Hélène Rochette
rediffusions : 10/8 à 22.10, 11/8 à 10.35.

Télérama 3629 31 / 07 / 19
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